La France produit beaucoup d’électricité, mais parfois pas assez en hiver, ce qui pousse le pays à importer de l’énergie. Mais si cette importation se faisait surtout en Allemagne, cela n’est désormais plus possible après la décision du pays de stopper plusieurs de ses réacteurs nucléaires.
L’électricité, les Français ont pris l’habitude de la consommer sans vraiment y penser et surtout en hiver alors qu’il faut allumer à nouveau les chauffages et les lampes en raison de la baisse des températures et de la luminosité.
Pourtant, depuis quelques jours, une question gronde doucement : la France manquera-t-elle d’électricité cet hiver ?
France : une discontinuité possible à cause de l’Allemagne
Des coupures d’électricité répétées en hiver, en France, et sans accident climatique particulier, personne n’y pensait vraiment jusqu’à la publication d’une synthèse d’étude par le cabinet de conseil Capgemini en octobre 2011.*
De Fukushima à la France, en passant par l’Allemagne
Le cabinet explique que l’énergie nucléaire devrait continuer à se développer et cela malgré l’accident de Fukushima. L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima a eu un énorme impact au Japon et dans le monde entier puisqu’il a au moins eu le mérite de relancer la question du nucléaire, des possibilités d’en sortir, de l’énergie alternative etc.
L’accident a donc poussé les pays européens à se pencher d’avantage sur les énergies renouvables, comme l’énergie solaire, et sur la sécurité des centrales existantes.
Mais au lendemain de l’accident, l’Allemagne a aussi décidé de fermer sept réacteurs nucléaires, tout en refusant de relancer le réacteur Krüemmel arrêté depuis 2007. En conséquence, l’Allemagne n’est plus exportatrice d’électricité, et c’est là que le bât blesse…
La France exporte tout l’année, mais importe en hiver
En 2009, 75,1 % de la production française d’électricité était issue nucléaire soit 390 TWh. La France, exportatrice d’électricité toute l’année, y compris vers l’Allemagne, doit néanmoins en importer lors des pointes de consommation qui sont toutes en hiver.
Depuis 1981, la production électrique française dépasse la consommation intérieure et la France est exportatrice nette d’électricité (environ 29,5 TWh en 2010). Le solde des échanges électrique est donc positif avec la plupart des pays voisins à l’exception de l’Allemagne depuis 2004.
Colette Lewiner, directrice internationale du secteur de l’énergie chez Capgemini, explique ainsi à l’AFP qu’en hiver dernier, la France a dû importer jusqu’à 8.000 mégawatts, essentiellement en provenance d’Allemagne. Ainsi, en 2007, le solde exportateur de la France était globalement de 55,5 TWh mais a été de -8,2 TWh vis-à-vis de l’Allemagne.
De son côté, le transporteur d’électricité RTE explique qu’en France et par grand froid comme cela peut être le cas en hiver, chaque degré de température perdu à l’extérieur nécessite 2.300 mégawatts de puissance supplémentaire.
Cet hiver donc, notre pays devra faire sans cette électricité d’origine allemande et gérer la menace de discontinuité sur la fourniture électrique pour l’hiver 2011/2012, discontinuité qui peut se traduire par des coupures électriques.
Manquera-t-on d’électricité cet hiver ?
Reste à répondre à la question, manquera-t-on réellement d’électricité cet hiver ? Pas forcément, tout dépendra de nombreux facteurs.
Tout d’abord le froid. Ce qui fait que la consommation électrique française connait de gros pics en hiver, c’est l’utilisation des nombreux chauffages électriques. Plus l’hiver sera difficile donc, plus la consommation d’électricité sera importante.
Les Français doivent également prendre conscience de leur consommation énergétique et veiller plus que jamais à ne pas gaspiller les ressources. Organiser le fonctionnement des chauffages dans la journée, équiper toutes ses lampes d’ampoules basse consommation, ne pas oublier d’éteindre les lumières en quittant la pièce, les appareils électriques etc pourrait permettre à grande échelle de ne pas surconsommer et donc d’éloigner le risque de coupure.
La France devrait de son côté veiller à ce que ses centrales fonctionnent correctement pour s’autoalimenter en énergie électrique et se renseigner sur les moyens de production disponibles en dehors des frontières.
Pour le cabinet Capgemini, la menace est réelle « sur la continuité électrique pendant l’hiver 2011/2012 et les hivers suivants car les pointes de consommation augmentent d’année en année » mais pas inévitable.
Cela renforce d’ailleurs l’idée que la France doit trouver des sources d’énergie alternatives pour ne plus dépendre que du nucléaire.
Pensez-vous que cette nouvelle vous incitera à prêter plus d’attention à votre consommation électrique cet hiver ?
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* Rapport annuel publié par l’Observatoire Européen des Marchés de l’Energie
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