Peut-on imaginer que n’importe qui puisse s’approvisionner librement dans les champs de pétrole russe ou arabe ? Non. Et bien, c’est pourtant ce qui se passe pour la forêt française et européenne : les bois européens sont en libre accès. Les chênes français qui ont mis plus d’un siècle à pousser sont exportés sans plus-value, sans contrepartie … au détriment des professionnels du bois. Pourquoi et que peut-on y faire ?
Les arbres s’enfuient vers la Chine ; la forêt d’Europe trinque
La filière bois insuffisamment structurée
En France, 430 000 emplois sont en danger car la forêt de production est en danger.
La France est le 11ème producteur de bois au monde.
Exporter des bois sciés plutôt que des grumes, c’est conserver la valeur ajoutée, et donc le travail sur place |
« Arrêtez l’hémorragie ! ». C’est le cri d’alarme de la Fédération Nationale du Bois (FNB) qui dénonce un véritable exode des chênes et des hêtres vers la Chine (des grumes, c’est-à-dire des troncs, pour être précis). |
Compétition déloyale sur le bois français et effet boomerang
Explication : la France représente une part très importante des importations chinoises de bois, et précisément de grumes de chênes et hêtres. Et la demande chinoise croit sans cesse, et pas qu’un peu !
Où est le problème ? Ces exportations ne font-elles pas le bonheur des forestiers exportateurs ? D’autant qu’avec la demande insatiable de la Chine les prix ont augmenté significativement (+20 % pour le chêne, +15 % pour le hêtre) ?
Exportations de bois – quelques repères
- Les importations chinoises de grumes de chêne en provenance de France ont ainsi flambé de 137 % en 2010 et de 108 % en 2011.
- La Chine est désormais le deuxième marché d’exportation des grumes de feuillus de France, derrière la Belgique – cette dernière cachant en réalité les commandes de traders qui réexportent sur d’autres continents depuis le port d’Anvers.(1)
- Selon la FNB, La filière Forêt-Bois en France :
-> D’un point de vue environnemental : la filière forêt-bois contribue à séquestrer et à prévenir les émissions de CO2 à hauteur de 22 %
-> D’un point de vue économique : la filière forêt-bois emploie 440 000 personnes en France
Selon Laurent Denormandie, président de la FNB, « avec l’Italie et l’Espagne (débouchés traditionnels du bois produit en France, ndlr), les volumes étaient à peu près stables. Avec la Chine et l’Inde, on a l’impression que ce mouvement va crescendo. C’est un gouffre sans fin ».
La croissance des exportations de bois est une fausse bonne affaire
Cet « aspirateur chinois » provoque, comme pour les autres ressources naturelles, des tensions sur les marchés, et donc des hausses de prix de la matière première Bois dans les scieries européennes. Les scieries courent le risque d’avoir de plus en plus de mal à s’approvisionner en bois.
Quant aux industries de seconde transformation, elles subissent la concurrence accrue de produits chinois très bon marché qui d’une certaine manière « reviennent » en Europe : le bois brut exporté vers la Chine est vendu sur le marché européen en produits finis ou semi-finis, chargé d’une valeur ajoutée produite en Chine.
Les détecteurs de fumée sont obligatoires
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