Les énergies renouvelables restent marginales
Les énergies renouvelables sont-elles mal parties ? La question n’est pas absurde au regard du chiffre de 0,4 % que représente la production d’énergie éolienne et solaire française en 2011. Alors qu’elles ne représentent encore qu’une part minuscule (5) de la production énergétique globale en France et que se développe des courants d’opinion qui les contestent, on peut légitimement se poser la question. Prenons le cas de l’éolien.
L’éolien est-il fichu ?
La France dispose du deuxième gisement éolien d’Europe et pourtant, en France plus qu’ailleurs, le syndrome Nimby(6) menace le développement des éoliennes. Elles seraient inesthétiques, bruyantes, dangereuses pour les oiseaux ou les ulms (7), pas si rentables que ça, implantées anarchiquement, etc. Le mouvement anti-éolien français justifie bien la réputation râleuse de nos concitoyens. Par contraste, l’amour porté à l’énergie solaire, « énergie préférée » des Français , étonne.
En 2011, la production d’électricité éolienne française qui couvrait 1,7 % de la consommation hexagonale. D’après le bilan du Réseau de transport d’électricité (RTE)., en 2011, La production d’électricité d’origine éolienne était de 11,0 millions de MWh (11,9 TWh). Les objectifs « Grenelle » à atteindre pour l »énergie à l’horizon 2020 sont de 19.000 MW pour l’éolien terrestre et de 6.000 MW pour l’éolien en mer et les autres énergies marines, soit 10 % de la production énergétique nationale.
Opinion publique – L’éolien est cramé !
Quelques rappels sur l’éolien. Les éoliennes seraient :
- Inesthétiques : certains détestent les éoliennes, mais d’autres adorent les regarder, les trouvent apaisantes et belles, plus belles en tout cas que les traditionnels pylônes électriques qui ont constellé le territoire depuis 60 ans, …
- Bruyantes : une éolienne de moins de 12 mètres installée dans votre jardin produit 45 décibels soit moins que l’intérieur d’une maison (50 décibels) ou un aspirateur en marche (80 décibels) selon le journal Le Monde.
- Écologiques : il ne faut pas oublier que l’impact sur certaines espèces (chauve-souris, balbuzard, …) est réel et mal évalué, qu’une éolienne géante ce sont des centaines de tonnes de béton de fondation et de métal pour le pylône et les pales.
Au niveau mondial, l’éolien continue de progresser
Les contraintes administratives pèsent de plus en plus sur l’éolien
La loi « Grenelle II », parue au Journal officiel le 12 juillet 2010, a modifié le champ d’application des études d’impact d’implantation de parc d’éoliennes. Désormais faut faire référence aux critères de «nature », de « dimension » et de « localisation » des projets. Certains projets éoliens qui n’étaient pas soumis à l’étude d’impact le sont dorénavant. Une nouvelle procédure d’examen « au cas par cas » permet de prendre en compte la sensibilité des milieux d’implantation. Cette procédure supprime la procédure de notice d’impact, qui était par exemple prévue pour les projets d’éoliennes terrestres avec une hauteur de mât inférieure ou égale à 50 mètres.
Comme l’explique dès 2010 Benoît Praderie de l’Association Planète Eolienne dans une interview à consoGlobe (Planète éolienne. la france a du potentiel…) :
« En France, le premier enjeu est d’ordre politico-technocratique : il existe une pensée unique disant que l’énergie nucléaire c’est bien, donc tout le reste est moins bien. Tout d’un coup, les arguments surgissent pour dénigrer : les questions de paysages deviennent prépondérantes (jusqu’au ridicule), les questions d’intermittence sont un obstacle plutôt qu’une opportunité de mieux gérer les ressources renouvelables nationales, etc. On en vient même récemment jusqu’à proposer de classer les éoliennes dans la catégorie des installations qui portent atteinte à l’environnement (cf. loi Grenelle 2, vote au Sénat le 5 octobre 2009). Nos gouvernants marchent sur la tête ! ».(8 )
Conséquence, l’éolien s’essouffle en France : on a construit -70 % d’éoliennes au premier trimestre 2012 et on s’engage dans un programme d’éoliennes géantes off shore plutôt que de taille modeste bien réparties sur le territoire ! (9)
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(5) La production totale nette d’électricité s’élève à 548,8 TWh, soit -0,2 % par rapport à 2005. Elle se répartit en 428,7 TWh nucléaires (78,1 %), 57,1 TWh thermiques classiques (10,4 %), 60,9 TWh hydrauliques (11,1 %) et 2,2 TWh éoliens et photovoltaïque (0,4 %). » Source : http://www.industrie.gouv.fr/energie/statisti/se_elec.htm
(6) Nimby, Not in my backyard, ouPas dans mon jardin
(7) les éoliennes tuent-elles les oiseaux ?
(8) Planète Eolienne. Des doutes et des perspectives
(9) Eolien – miser sur des éoliennes off shore géantes est-il une erreur ?
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