Oui bon, c’est peut-être un peu exagéré. Quoique…sans les abeilles, l’équilibre écologique serait gravement menacé. «Si nos abeilles sont condamnées, notre planète l’est également» affirme Jacques Rémiller faisant écho à la fameuse prédiction d’Einstein. Le député-maire UMP d’Isère est à l’origine d’une commission d’enquête à l’Assemblée nationale sur «les causes de la surmortalité des abeilles dans les ruchers français », initiative soutenue par 40 députés.
Les abeilles, essentielles à la vie sur Terre
En effet, les abeilles ont un rôle essentiel pour la survie des végétaux depuis 50 millions d’années.
- Ce sont quelque 20 000 végétaux, dont 40 % de plantes cultivées comme les fruits, légumes ou oléagineux, qui ne vivent que s’ils sont pollinisés par les abeilles. Or, depuis plus de 10 ans, c’est l’hécatombe chez les abeilles du monde entier.
- Selon l’INRA, la production de 84 % des espèces cultivées en Europe dépend directement des pollinisateurs, qui sont à plus de 90 % des abeilles domestiques et sauvages !
- Depuis 10 ans, l’apiculture traverse l’une des crises les plus graves de son histoire. En France, un tiers des colonies disparait chaque année depuis 1995 et 1.500 apiculteurs, amateurs et professionnels, cessent leur activité ce qui menacerait au total 5.000 emplois.
La cause de la disparition des abeilles
- On a découvert que les abeilles sont toxico-sensibles et donc plus vulnérables que la plupart des autres insectes aux pesticides. C’est confirmé par le séquençage complet de leur génome réalisé par une équipe de chercheurs internationaux au Texas.
Contrairement à la mouche drosophile qui, par exemple, avec 20 gènes de détoxification résiste plutôt bien aux insecticides, l’abeille, avec son unique gène de détoxification, est très sensible aux polluants chimiques.
L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) qui étudie la mortalité des insectes a mené une enquête qui souligne les causes multifactorielles de la surmortalité des abeilles (parasites Varroa, problème de biodiversité lié au manque de pollen, produits chimiques).
Les pesticides tueraient les abeilles
En France, le Gaucho de Bayer et le Régent de BASF, deux insecticides accusés de ravager les abeilles, ont été interdits en 2006 mais malgré tout l’hécatombe se poursuit dans les ruches.
On ne sait pas bien pourquoi et cela est très préoccupant. Certains apiculteurs soupçonnent que les pesticides toujours utilisés par l’agriculture sont à l’origine de ce qu’on appelle désormais le « syndrome d’effondrement des colonies », maladie dont on ne sait pas encore grand-chose. (BASF aime les abeilles ? ou les tue ?)
Aux USA, le nombre d’abeilles a chuté à ce qu’il était en 1939, première année des statistiques américaines. Des mites exotiques ont dévasté les colonies et les apiculteurs n’arrivent pas à augmenter leurs populations d’abeilles. Pourtant un véritable business s’est développé autour de la location de colonies d’abeilles.
Chaque hiver, des milliers de ruches sont transportées de partout aux Etats-Unis, du Dakota à la Floride, pour la pollinisation des vergers d’amandiers en Californie.
Près des ¾ des abeilles commerciales américaines sont destinées aux amandiers californiens. Elles servent à recueillir le pollen des fleurs d’un arbre pour le déposer sur les fleurs d’un autre ; ce qu’elles sont seules à pouvoir faire.
Chaque hiver, 2200 semi remorques pleines de ruches soit 10 milliards d’abeilles sont amenées en Californie à un prix d’environ 140 € par ruche et à raison de 4 à 6 ruches par hectare. La location pour pollinisation est devenue le premier métier des apiculteurs américains devant la production de miel.
Et cela ne risque pas de changer car les besoins – et donc les prix – augmentent, favorisés par le fait que les abeilles, dont la population décline, sont très demandées en hiver, époque à laquelle elles devraient hiberner, serrées les unes contre les autres dans la ruche.
Le frelon asiatique et une mouche parasite en cause
Récemment, d’autres explications ont été données quant à la disparition des abeilles.
- Le frelon asiatique est montré du doigt. Cet insecte venu de l’étranger est un prédateur féroce pour les abeilles puisqu’il se nourrit de leurs larves. On estime qu’il suffit de dix frelons asiatiques pour décimer une ruche entière (voir notre article : le frelon asiatique, le prédateur de nos abeilles)
- Une mouche parasite est également mise en cause depuis peu. Une étude américaine publiée en janvier 2012 a en effet mis en lumière le rôle néfaste de la mouche Apocephalus borealis. Cette dernière parviendrait à pondre sur l’abdomen de l’abeille ses oeufs. Une fois cela fait, les chercheurs ont observé que l’abeille « infectée » serait désorientée et sortirait de la ruche la nuit jusqu’à mourir .
Conclusion : si le déclin des abeilles menace la vie, certains arrivent à en faire leur miel.
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Actualisation : 11/01/2012