Selon une étude de l’Ademe, mieux vaut prolonger le parc nucléaire historique français que construire des EPR ruineux, en vue de passer aux énergies renouvelables.
Rentables, les nouveaux réacteurs EPR ? Pas du tout, estime l’Ademe, selon qui la construction d’un seul réacteur supplémentaire de nouvelle génération en 2030 nécessiterait 4 à 6 milliards d’euros de soutien public, du fait de ses coûts trop élevés.
Mieux vaut prolonger le parc nucléaire historique
Non, « le développement d’une filière EPR ne serait pas compétitif pour le système électrique français d’un point de vue économique ». Tel est le verdict sans appel de la nouvelle étude de l’Ademe, qui prône à l’inverse le passage au renouvelable(2). Dans son étude sur l’évolution possible du mix électrique français de 2020 à 2060, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie a étudié pas moins de sept scénarios de transition du mix électrique jusqu’à 2060.
Le but de cette étude : « évaluer les trajectoires qui coûteront le moins cher pour la collectivité », entre niveau de la demande électrique, coût des technologies et plus ou moins bonne acceptabilité des énergies renouvelables. Or selon elle, malgré les économies d’échelle permises par un développement en série de EPR, il en coûterait au moins 39 milliards d’euros de soutien public. À l’inverse, il semble plus pertinent, tant d’un point de vue climatique qu’économique, de prolonger une partie du parc nucléaire historique. Et ce en vue d’atteindre 50 % du mix électrique entre 2030 et 2035.
Loin d’encourager l’EPR, l’ADEME recommande de prolonger une partie du parc nucléaire existant © F.ENOT
Une demande d’électricité en baisse
Au fil de cette transition vers la fin du nucléaire, les énergies renouvelables devraient en revanche monter en puissance. Selon les projections de l’Ademe, la France devrait en arriver à « une part d’énergie renouvelable de 85 % en moyenne en 2050 et de plus de 95 % en 2060 dans l’ensemble des cas, hormis ceux avec déploiement volontariste d’EPR. »
En parallèle, l’efficacité énergétique devrait permettre de réduire la demande d’électricité, pour « une diminution des coûts totaux du système de 7 % et des émissions de CO2 de 22 % en 2060 tout en permettant une augmentation des exportations. » Autre prévision de l’Ademe : une baisse du coût total de l’électricité, à 90 euros/MWh, contre 100 euros/MWh aujourd’hui. Et ce malgré les coûts de stockage éventuels des énergies renouvelables.
Illustration bannière : La centrale de Viviers © Bob Pool / Shutterstock