Depuis le début de l’été, les conducteurs de véhicules terrestres sont dans l’obligation de posséder deux éthylotests dans leur véhicule. Outre la polémique autour de cette nouvelle réglementation clairement en faveur d’une industrie très spécifique, une question plus écologique se pose : que faire de son éthylotest à usage unique usagé ?
Éthylotest, usage unique et inutile
Depuis que la réglementation impose aux conducteurs de posséder deux éthylotests dans leur voiture (oui car après en avoir utilisé un seul et bien nous sommes directement en infraction !), la polémique enfle. Quelques thématiques reviennent souvent :
– la promotion d’un objet en plastique avec composition chimique ;
– Un objet informatif plutôt que prohibitif (savoir qu’on a bu un verre de trop n’empêche pas de prendre le volant) ;
– Mesure née d’un lobbying intensif favorisant un marché lucratif (30 millions par an d’après quelques estimations).
Mais au-delà de cela, ce qui pose problème également, c’est la gestion des éthylotests une fois utilisés. Aucune filière de recyclage ou de gestion des déchets n’a été prévue pour le moment par le gouvernement, une situation que dénonce l’association Robin des bois.
Les éthylotests sont-ils dangereux pour l’environnement ?
© City Paris
Si Robin des bois demande expressément à l’ADEME et au Ministère de l’Ecologie de mettre en place une filière REP* pour les éthylotests, c’est que l’association craint une pollution continue de l’environnement. Robin des bois dénonce ainsi la présence d’un gramme de chrome 6 dans chaque éthylotest jetable, une substance dit CMR**.
Sans gestion spécifique de ces déchets, les éthylotests usagers seront tout simplement jetés à la poubelle et donc incinérés sans aucune précaution. D’après l’association, la fumée dégagée serait alors chargée en chrome ainsi que les résidus de combustion, polluant à termes les eaux superficielles, souterraines et influant sur la faune aquatique.
Éthylotest : la guerre de l’information et du marché
En dénonçant l’éventuel pouvoir polluant des éthylotests, l’association Robin des Bois a dû faire face à une offensive de la part de Contralco, numéro un mondial des éthylotests, installé en France.
Pour l’entreprise, les éthylotests vendus ne sont pas si dangereux pour l’environnement que veut bien faire entendre l’association, expliquant que le dichromate de potassium (ou chrome VI) incriminé se transforme en fait en chrome III au contact de l’air, le chrome III étant moins nuisible pour l’environnement que le chrome IV.
Robin des bois pose alors la question de la transformation du chrome IV en III en cas d’éthylotests périmés et brûlés, ce qui risque d’arriver vu la faible durée de vie des éthylotests certifiés NF et obligatoires désormais. L’association rappelle que même si l’impact est moindre, le chrome III n’en reste pas moins un polluant toxique.
De son côté, le ministère de l’écologie du nouveau gouvernement Hollande a déclaré début août regretter l’absence de perspective de recyclage pour les éthylotests.
Aujourd’hui, aucune solution de recyclage ou de gestion des déchets spécifiques n’a été définie pour les éthylotests. Deux solutions s’offrent à vous donc : les déposer en déchetterie ou les garder à votre domicile jusqu’à ce qu’une filière spécifique soit mise en place. Que choisissez-vous ?
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* Responsabilité Elargie des Producteurs
** Cancérogène, Mutagène et Reprotoxique
© Image à la une : Ethylotest.org