On a tendance à penser et dire que les animaux les plus mignons sont plus facilement protégés. Contre-exemple flagrant puisque des défenseurs de l’environnement affirment que, sans une protection importante, le koala va disparaître : selon les experts, l’espèce serait déjà ‘fonctionnellement éteinte’ ! Décryptage.
Le nombre de koalas sauvages a chuté de manière dramatique ces dernières années, la faute à un manque de protection, affirment plusieurs défenseurs de l’environnement. Selon l »ONG australienne Australian Koala Foundation (AKF), l’espèce serait même déjà « fonctionnellement éteinte ». Qu’est-ce que ça veut dire ?
Le koala : une espèce pas assez protégée
Au quotidien, le célèbre marsupial australien a surtout affaire à trois dangers : les attaques d’animaux (principalement des chiens), les véhicules qui peuvent l’écraser et bien entendu, la destruction de la végétation, autrement dit de son habitat et de sa principale source de nourriture : l’eucalyptus.
Ne verra-t-on bientôt plus de koala en Australie ? © rickyd
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Des points soulignés par une série de recommandations présentées par le gouvernement fédéral australien en 2015(1). Mais, elles semblent être restée lettre morte !
Pour éviter que le koala ne disparaisse complètement, il s’agirait de prendre des mesures concrètes, affectant le quotidien des Australiens de manière légère mais suffisantes pour que l’animal soit un minimum protégé.
Mais aujourd’hui, l’AKF va plus loin : il ne reste aujourd’hui plus que 80.000 koalas sauvages, contre 10 millions il y a deux siècles. À ce rythme, l’espèce risque d’être très bientôt en état d’extinction… On peut d’ailleurs déjà la considérer déjà comme « fonctionnellement éteinte » et si ces chiffres continuent à décliner, le koala sera en voie d’extinction.
Mais qu’est-ce que ça veut dire une espèce fonctionnellement éteinte ?
Pour résumé, le koala n’a pas de beaux jours devant lui : on dit d’une espèce qu’elle est fonctionnellement éteinte quand sa population n’arrive plus à se renouveler et qu’elle rencontre de sérieux problèmes de reproduction. Ce dernier facteur accélère la disparition de l’espèce et augmente aussi le risque de consanguinité. La viabilité des générations futures devient donc de plus en plus faible.
Chez le koala, ce phénomène a pour origine plusieurs facteurs, dont la destruction de leur habitat par la déforestation, les maladies, et le réchauffement climatique.
Un besoin de mesures urgent pour protéger cette faille © TRossJones
Prévenir une extinction imminente et un déclin de la biodiversité
Les associations sont pessimistes : on ne pourrait pas réellement sauver le koala. Il faudrait considérablement limiter l’impact des infrastructures par exemple. Cela paraît logique : au plus l’habitat du koala est détruit, au plus il est vulnérable. Certaines zones de l’Australie, comme la Nouvelle-Galles du Sud et le Queensland, ont même vu leur population de koalas se réduire de 80 %.
À présent « fonctionnellement éteinte » l’espèce a tellement décliné, qu’elle ne peut plus jouer son rôle dans l’écosystème.
C’est donc aussi une très mauvaise nouvelle pour la santé des forêts d’eucalyptus. En effet, le koala est (évidemment) un maillon clé de la forêt australienne, puisqu’il se nourrit des feuilles d’eucalyptus et ses déjections font office de fertilisant pour les sols.
Une urgence pas prise au sérieux
En réalité, les associations demandent un plan national de secours : elles craignent qu’on rejette la responsabilité sur les États, dont le personnel diminue, au lieu d’établir un véritable plan d’action global.
AKF et les associations de défense des animaux demandent à présent que le koala soit considéré comme une espèce vulnérable dans la totalité de son habitat naturel, ce qui serait une première étape vers une loi sur la protection des koalas et la première législation spécifique à une espèce en Australie.
Les populations de koalas ont déjà diminué drastiquement en vingt ans et les changements climatiques ne les aident pas. Comme dans d’autres régions du globe, trop nombreuses, la solution est très pragmatique : cesser de couper des arbres à tout va.
La déforestation fait chuter les population de koalas © SebastiaanPeeters
Le gouvernement parle de plans quand les écologistes parlent d’urgence. Les plans en question concernent les ponts sous les autoroutes et ce genre de petites et moyennes mesures. Selon les spécialistes, notamment du côté de l’Australian Koala Foundation, on ne va pas assez en profondeur dans l’analyse et les actions.
Le koala n’est bien entendu pas le seul concerné : c’est un des éléments les plus visibles d’une biodiversité qui se réduit comme peau de chagrin année après année. Sauver les eucalyptus permettrait au koala et à bien d’autres animaux, et plantes, de perdurer, au moins pour le moment. Selon plusieurs associations écologistes, il faudrait 20 à 30 ans de reforestation pour espérer sauver cette nature.
Article mis à jour et republié
Illustration bannière : Le repos du koala – © Arnaud Martinez