Tout le monde met beaucoup d’espoir dans les énergies renouvelables pour sortir du piège climatique qui nous attend. Pourtant, de nombreuses études très solides montrent que les énergies propres sont loin de suffire pour éviter emballement du climat. Le magazine Science et Vie dans son édition de mars 08 publie un long dossier sur le sujet : ‘le dossier noir de énergies renouvelables ». consoGlobe l’a lu pour vous et vous en résume les principales conclusions.
Les énergies renouvelables : 2 faiblesses majeures
Quelle que soit la forme d’énergie dont on parle, éolienne, solaire, biomasse ou hydroélectrique, la première faiblesse des énergies propres consiste en un faible rendement énergétique.
Autrement dit, pour produire une puissance équivalente au nucléaire ou aux hydrocarbures, les énergies renouvelables consomment beaucoup plus d’espace.
Voici les surfaces nécessaire pour produire l’électricité que consomme la ville de Paris :
- Une centrale nucléaire : 0,2 km2
- Panneaux solaires : il faut un champ de panneaux de 91,125 km2
- Hydroélectricité : il faudrait une retenue d’eau de 365 km2
- Eolien : il faudrait un champ d’éoliennes de 454 km2
- Biomasse : la surface à cultiver serait de 3037 km2 !
Seconde faiblesse congénitale, l’irrégularité des énergies nouvelles qui ne produisent pas de manière continue mais par intermittence. Au total, on estime qu’un réseau d’éoliennes ou solaire ne fournit que le cinquième de sa puissance installée théorique.
Alors qu’une centrale nucléaire est disponible à 85 % soit 312 jours par an, le solaire fonctionne 12 % du temps soit 44 jours, l’éolien fonctionne l’équivalent de 25%soit 92 jours, l’hydroélectricité est disponible 38 % du temps (139 jours) et la biomasse fonctionne l’équivalent de 75 % soit 275 jours.
Au global, le diagnostique est clair et tient en quelques points :
1 – Les énergies renouvelables représentent très peu aujourd’hui
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En 2004, l’électricité solaire + éolienne ne représentent que 0,1 % de l’énergie mondiale ! !
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La géothermie fournit 0,4 % de l’énergie mondiale. La biomasse (le bois de chauffage surtout) représente 10,6 % et l’hydroélectricité 2,2 % seulement.
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On estime que – au total – les biocarburants ne remplaceront les produits pétroliers qu’à hauteur de 7 % maximum.
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Les énergies fossiles et le nucléaire sont les bases du système de production d’énergie mondial : nucléaire 6 % ; gaz naturel 21 %, charbon 25 %, pétrole 35 %.
Les sources d’énergie en France en 2004
2 – Les énergies renouvelables vont progresser très vite dans les 30 prochaines années
Science et vie souligne la très forte croissance prévue des différentes formes d’énergie verte et démontre que, malgré cette croissance, elles ne suffiront pas. Pourtant, plusieurs pistes sont passées sous silence ou à peine mentionnées :
Les algocarburants,, ces carburants « marins », qui sont encore au stade de la recherche pour en améliorer le coût à échelle industrielle et donc les rendre compétitifs avec les autres carburants ou agro-carburants.
Une technologie, appelée HVDC, permet de connecter entre elles différentes unités productrices d’électricité renouvelable, ce qui permet de pallier le défaut de disponibilité et l’irrégularité des champs d’éoliennes, des centrales biogaz, des champs de panneaux solaires, etc… Bref, cette technique HVDC, opérationnelle, ne coûte qu’environ 0,05 € le kWh et elle permet une production électrique continue.
Un nouveau type de centrale solaire apparaît : les centrales solaires dites « à concentration » .
Le rayonnement solaire est la source d’énergie d’une centrale solaire : elle produire de l’électricité grâce à des héliostats à concentration dans un cycle thermodynamique. Pour essayer de faire simple, la concentration de l’énergie solaire sert à adapter avec plus d’efficacité l’intensité du rayonnement solaire aux contraintes du cycle de production électrique En ce sens, cette technologie est prometteuse car elle permet de mieux tirer profit du potentiel des centrales solaires. C’est d’ailleurs pourquoi l’Union européenne soutient cette technologie que l’on trouve opérationnelle aux USA ou en Espagne (25 millions d’euros donnés à des projets de recherche).
La filière biogaz est également une piste d’avenir malgré qu’elle soit encore embroyonnaire : Comme l’indique le site gouvernemental
Le biogaz est le résultat de la fermentation anaérobie naturelle de la fraction organique des ordures et déchets déposés dans les décharges ; ce processus de décomposition dure entre 15 et 20 ans. C’est un gaz saturé en eau essentiellement composé de méthane (40 à 70 %), de gaz carbonique (30 à 40 %) et d’hydrogène sulfuré (0,1 à 0,5 %). Bien qu’étant un gaz pauvre et corrosif, le biogaz peut avantageusement faire l’objet d’une valorisation énergétique.
3 – Les énergies renouvelables ne suffiront pas, loin s’en faut, à satisfaire nos besoins de consommation d’énergie.
Les experts de Greenpeace pensent qu’en 2030, un tiers, seulement !, de la consommation énergétique sera satisfait par les énergies renouvelables.
Le groupe de recherche Global chance estime que pour respecter les contraintes de réduction ces émissions de gaz à effet de serre et satisfaire la croissance de la demande en énergie, les énergies renouvelables devraient fournir au total 400 Mtep, millions d’équivalent de tonne de pétrole par an. Or dans le meilleur des cas, elles ne pourront en fournir que 150 sur les 400 nécessaires.
On est donc très loin de pouvoir fournir assez d’énergie propre pour nos besoins futurs avec les nouvelles sources d’énergie et il va falloir continuer à compter sur les sources actuelles. Gageons que ce constat, un peu démoralisant, va être contesté par certains spécialistes.
A suivre donc.
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