Pour le pdg de consoGlobe, « l’industrie du tourisme français dans son ensemble pourrait en bénéficier puisque les opérateurs qui auraient développé une expertise en écotourisme pourraient profiter de ce savoir-faire pour proposer des produits de ce type, non seulement sur le territoire national mais aussi en Europe, en Afrique et partout ailleurs« .
« C’est aussi une formidable chance pour la France de repenser et de moderniser l’ensemble de son offre touristique, de créer de nouveaux concepts », affirme Pascal Languillon. « De plus, en ce qui concerne les hébergements, au-delà de l’aspect écologique, c’est aussi une démarche d’amélioration du bien-être des hôtes et, même, de leur santé. Grâce aux économies d’énergie réalisées, les investissements faits seront assez vite rentabilisés. »
Mais alors, que manque-t-il donc pour que l’écotourisme s’épanouisse en France ?
« Cela ne décollera véritablement que quand les séjours et les hébergements verts seront au moins aussi bons que les standards de leur marché« . Toutes les études montrent en effet que le touriste, comme le consommateur en général (et pas seulement occidental) est prêt à choisir un produit qui préserve l’environnement si cela ne lui coûte pas trop.
Autrement dit, « si l’essentiel de ce qu’il attend d’un voyage est là, et que celui-ci n’est pas sensiblement plus cher, alors oui, il choisira plutôt l’écotourisme », répond la consultante Françoise Riera-Dabo.
« Il faut garder à l’esprit que, quand on voyage, l’essentiel ce n’est pas de faire du bien à la planète mais de se faire du bien à soi-même. Alors, jouer à Robinson Crusoé, passer ses vacances sous une yourte écologique : oui ! Devoir marcher des heures pour accéder à une autre activité agréable : non ! » « Au fond, le principe est le même que pour les cosmétiques Bio, s’ils sentent le foin, ils ne toucheront que des puristes, s’ils sont aussi agréables à utiliser que les autres, alors ils ont de bonnes chances de rencontrer le succès, parce qu’en plus ils préservent l’environnement. »
« Ce qui nous manque aussi, outre que les offres d’écotourisme soient financièrement abordables, c’est une visibilité, un discours pour qu’elles soient facilement identifiées et comprises« , diagnostique Jean-Marie Boucher. Bien sûr, des labels existent, mais ils constituent une véritable jungle où le voyageur peu averti a toutes les chances de se perdre en route. « Les gens du ministère ne sont pas les premiers à sauter sur l’occasion pour impulser les choses.
« Ils y réfléchissent mais c’est encore très timide... », regrette Pascal Languillon, qui a créé, au-delà des labels, un guide de voyages en ligne, spécialisé sur le thème du tourisme responsable et de l’écotourisme. Concernant l’engagement de l’État, le sociologue Jean Viard a une opinion encore bien plus tranchée. « La position de la France, qui a atteint son apogée dans les années 1970-80, s’est construite d’elle-même depuis le XVIIe siècle, pour des raisons politiques, géographiques, etc.
Puis, elle a été remise en selle par tout un imaginaire social qui entourait le pays. En aucun cas, elle n’est le résultat d’un projet politique« , souligne le chercheur. « Il n’y pas de politique du tourisme en France, il n’existe même pas de ministère qui lui soit entièrement dédié. Le débat de fond est quasi nul. Tout au plus le tourisme est-il considéré comme un secteur de la consommation alors qu’il pourrait être, en France, un moteur de l’économie. »
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Source : lepoint.fr