Waterfootprint, une méthodologie contestable ?
La méthodologie employée comptabilise l’eau de pluie qui tombe sur les prairies naturelles : c’est la méthode Waterfootprint* appliquée aux bovins.
Les chiffres fréquemment cités d’une consommation de 1 500 L d’eau pour produire un steak (ou 15 000 L d’eau par kg de bœuf) comptabilisent 3 types d’eau :
– « L’eau bleue », qui représente 3 à 4 % des 1 500 L évoqués. Il s’agit du volume d’eau douce capté dans les eaux de surfaces et nappes phréatiques. Pour la filière bovine, cela correspondprincipalement à l’eau d’abreuvement des animaux, l’eau d’irrigation des cultures fourragères qui nourrissent les animaux et l’eau nécessaire à la transformation de la viande. L’Institut de l’Elevage évaluecette consommation d’eau en France à 20 L par steak de viande bovine.
– « L’eau grise », qui représente 3 % des 1 500 L évoqués. Il s’agit du volume d’eau théorique requis pour maintenir la qualité de l’eau aux normes en cours, dans les systèmes de production de viande.
– « L’eau verte », qui représente 94 % des 1 500 L évoqués. Il s’agit du volume d’eau de pluie stocké dans le sol sous forme d’humidité et qui s’évapore via les surfaces cultivées ou surfaces de prairies qui alimentent les troupeaux.
Interbev n’avale pas l’eau verte
INTERBEV conteste fermement la comptabilisation de cette « eau verte » et son assimilation à de l’eau potable qui serait utilisée par l’élevage bovin. Si cet élevage disparaissait, les 2 millions d’hectares de maïs fourrage et les 13 millions d’hectares de prairies utilisés en France pour l’alimentation des bovins seraient remplacés par des céréales, des friches ou des forêts. Le volume d’eau de pluie réceptionné et évapotranspiré par ces surfaces serait alors au moins aussi important.
Il est donc inacceptable d’attribuer à la production de viande cette eau de pluie qui tombe naturellement sur les prairies et les surfaces fourragères.
Rappelons qu’en France, les fermes d’élevage bovin sont à taille humaine et autonomes : elles possèdent en moyenne une centaine d’animaux et produisent sur l’exploitation 90 % de l’alimentation de leurs troupeaux. Cette alimentation est constituée principalement d’herbe et de fourrages dont seulement 8 % des surfaces totales sont irrigués.
Rappelons encore qu’en France, les 13 millions d’hectares de prairies utilisés pour l’élevage jouent un rôle écologique clé, notamment dans la régulation des crues et le maintien de la qualité de l’eau.
Si la filière viande française devait prendre en compte l’eau de pluie dans le calcul de l’impact environnemental de l’élevage, cela aboutirait paradoxalement à n’élever les bovins qu’en bâtiments et à cesser de les alimenter à l’herbe. Est-ce la volonté des citoyens-consommateurs ?
En conclusion, la filière viande française, par la voix d’INTERBEV et de ses 13 organisations professionnelles, s’indigne de la diffusion récurrente de chiffres abusifs, qui discréditent tout un secteur d’activité au détriment des progrès engagés tant par les éleveurs que par les entreprises pour préserver quantité et qualité de l’eau.
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