Miam, ce titre vous ouvre-t-il l’appétit ? Depuis quelques années des chercheurs sur tous les continents préparent une étrange tambouille génétique dans leurs labos. Du cochon génétiquement modifié pour moins polluer au saumon croisé avec une anguille pour qu’il grandisse plus vite, ce qui pourrait atterrir dans nos assiettes d’ici peu n’est pas très ragoûtant.
Enviropig, le cochon canadien qui rejette moins de phosphore
Les chercheurs de l’université de Guelph en Ontario nous ont concocté un porc capable de mieux digérer le phosphore contenu dans le maïs et le soja dont il se nourrit.
Résultat : jusqu’à -70 % de phosphore rejeté dans ses excréments. Or, on sait que le phosphore dans le sol, qui est pourtant indispensable au développement des plantes, peut en excès participer à l’eutrophisation des eaux. C’est là l’argument justifiant les recherches sur un porc qui en produirait moins.
L’association de producteurs de porcs, Ontario Pork, qui a en partie financé la recherche est même propriétaire de la marque commerciale : Enviropig. Le « produit » n’a pas encore été autorisé sur le marché. Le Réseau canadien d’action sur les biotechnologies (RCAB) très engagé contre la commercialisation d’Enviropig dénonce le fait que le ministère de la Santé « n’effectue pas lui-même des tests d’innocuité sur les aliments transgéniques [et] se fie aux données soumises par le promoteur ». Le RCAB soulève également qu’en 2002, 11 porcelets génétiquement modifiés par les chercheurs de Guelph ont été « accidentellement transformés en nourriture pour volaille », contaminant 675 tonnes d’aliments…
Frankenfish, le saumon qui grossit plus vite que son ombre
Photo : corporatecrime.wordpress.com
Il s’agit là d’un autre projet en attente d’autorisation pour être mis sur le marché et qui nous vient cette fois des Etats-Unis.
Le projet AquAdvantage travaille sur un saumon transgénique. On ajoute à ce saumon du Massachusetts le gène d’un saumon chinook, la plus grosse espèce de saumon du Pacifique, et celui agissant sur la croissance de l’anguille.
Le mutant mi-saumon mi-anguille (mais quand même un peu plus saumon qu’anguille) surnommé Frankenfish par ses nombreux détracteurs grossirait deux fois plus vite. L’argument écolo de l’entreprise de biotechnologies qui le met au point est de proposer une « alternative soutenable au saumon d’élevage » qui permettrait de réduire la pression des écosystèmes marins.