Conséquence du Protocole de Kyoto, le principe d’une compensation des
émissions de CO2 passe par le financement de projets respectueux de l’environnement.Pour permettre à ce mécanisme de fonctionner, la tonne de dioxyde de carbone fait l’objet d’une véritable cotation de titres, appelés les
crédits carbone. Les acteurs du marché (Etats, entreprises et même particuliers) peuvent l’acheter ou la vendre au gré de leurs besoins… créant ainsi un marché international, qui n’est pas sans dérives.
La compensation carbone
Comment compenser ses émissions de GES (Gaz à effet de Serre) et réparer les préjudices faits à la planète ? En s’offrant un « crédit-carbone » via des ONG ou des entreprises spécialisées.
De nombreux prestataires ont en effet vu le jour ces dernières années, vous proposant de calculer vos émissions et de les compenser en finançant divers projets écolo. Le principe est simple :
- Vous calculez directement en ligne les émissions de GES issues de vos déplacements (voiture, avion, bus…), des consommations énergétiques de votre habitation ou encore de vos activités professionnelles.
- Ce calcul vous permet de connaître le coût de vos émissions en euros.
- Vous pouvez ensuite reverser ce montant pour financer des projets de réduction des émissions de GES ou de séquestration carbone (projets d’énergie renouvelable, d’efficacité énergétique ou encore de reboisement).
Ainsi, les émissions que vous produisez seront compensées par les réductions obtenues par le projet financé !
Modalités des calculs du crédit carbone : vers une harmonisation ?
Cependant il faut savoir que l’offre de compensation sur le net est de plus en plus importante et très hétérogène.
Plus de 70 opérateurs de compensation carbone ont été répertoriés dans les pays développés et de nombreuses divergences ont été soulignées sur :
- Les modes de calculs des émissions en ligne,
- Les prix de la tonne du CO2 qui peuvent varier du simple au quadruple. La compensation d’un vol Aller-retour Paris/new-York passe ainsi de 8 à 80 euros selon les opérateurs.
- La qualité des projets soutenus et leur mode de contrôle (manque de transparence et de lisibilité dans certains cas).
Face à ce manque de cohérence, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a mis en place un site d’information et une Charte de « bonne conduite » qui visent à garantir la qualité et la fiabilité de la filière. Les signataires de la Charte s’engagent notamment à :
- Utiliser les facteurs d’émission de l’outil Bilan Carbone pour les données de leur calculateur en ligne,
- Mettre à disposition du public des informations transparentes sur les projets de compensation soutenus,
- Faire appel à des organismes indépendants pour vérifier la réalité et la quantité des émissions évitées.
Les crédits carbone et la compensation carbone en France
Quatre organismes français de rachat des GES ont signé la Charte de l’Ademe, se partageant d’ailleurs l’essentiel du marché depuis 2005 :
- L’association CO2 Solidaire lancée par le Geres (Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarités) et qui propose de financer des projets dans des pays du Sud (Cambodge, Maroc, Afghanistan, Inde) dont elle est elle-même l’initiatrice.
- L’association Action carbone créée par le photographe Yann Arthus-Bertrand (Good Planet) et dont les projets concernent la capture de CO2 par la végétation (projet de reforestation, lutte contre la déforestation…) ou les énergies renouvelables dans les pays du Sud.
- L’entreprise Climat Mundi qui a la particularité de vendre des certificats de réduction d’émissions de CO2 sous forme de chèques cadeau ! Les projets qu’elle soutient concernent les énergies renouvelables (petite hydraulique en Chine et au Mexique) et la lutte contre la désertification (Erythrée).
- L’entreprise EcoAct engagée dans des projets de reforestation en Amérique du Sud ou de construction de chambres froides au Burkina Faso.
A savoir sur les crédits carbone
Malgré l’existence de la Charte, les tarifs sont encore très variables d’un opérateur à l’autre, chacun d’entre eux étant libre de fixer les prix qu’il souhaite.
- La tonne de CO2 coûte ainsi 15 euros chez Action Carbone, 19 euros chez Climat Mundi, 24 euros chez CO2 Solidaire et entre 15 et 20 euros chez EcoAct.
Si vous choisissez un opérateur qui est une association reconnue d’utilité publique, la somme que vous versez pour la compensation d’émissions de GES est considérée comme un don : vous recevez ainsi un reçu fiscal ouvrant droit à une réduction d’impôts correspondant à 66 % de la somme versée.
Ne pas confondre obligation et compensation carbone !
Le protocole de Kyoto a définit des obligations de réduction de gaz à effet de serre pour les Etats industrialisés. Ces obligations ont été transférées à un certain nombre de gros émetteurs (centrales thermiques, raffineries, cimenteries, etc.) qui doivent ainsi
respecter des quantités maximales annuelles d’émissions de CO2 (appelées « quotas de CO2 » ou
« droits à polluer » ).Si, en fin d’année, un de ces industriels dépasse les quotas fixés, il se trouve dans l’obligation d’acheter des crédits-carbone soit à un autre gros émetteur qui, lui, aura émis moins de CO2 que ce à quoi il avait droit, soit à un porteur de projet de réduction des émissions de CO2.
La compensation du CO2 est, elle, un acte volontaire. Elle vise des entreprises, collectivités locales ou particuliers qui ne sont pas soumis à une contrainte réglementaire quant à leurs émissions de GES. Des personnes comme vous et nous, vont volontairement acheter des crédits-carbone pour compenser les émissions de CO2 dont elles sont responsables.
- A retenir : les meilleures émissions sont celles que l’on ne fait pas !
Donc avant de compenser, pensez à réduire vos émissions de GES. La compensation volontaire des émissions de GES doit être considérée comme un « plus » dans la lutte contre le réchauffement climatique.