Vous vivez aux Etats-Unis, une contrée qui est connue pour ses excès et sa surconsommation : dans ce contexte, n’est-il pas difficile de mettre en pratique votre mode de vie ?
Quand j’ai exposé notre mode de vie au grand public américain (par le biais de mon blog puis de la presse), nous avons été beaucoup critiqués.
Le terme du zéro déchet n’était à ce moment-là, utilisé que pour décrire des pratiques industrielles, non pas domestiques. Les gens ne comprenaient pas ce que ce mode de vie représentait. On nous a imaginé hippies, poilus, décoiffés. Certaines personnes ont dit qu’on en faisait trop, d’autres pas assez… j’ai relativisé en me disant que puisqu’on se trouvait entre les deux, on devait faire quelque chose de bien.
Au fil du temps, grâce à la couverture médiatique que nous avons reçue, ces « a priori » ont changé, le terme de Zéro déchet a perdu ses stigmates, et les critiques se sont tues. Les gens se sont aperçus que nous n’étions pas des hippies, mais que nous vivions une vie normale, simple et moderne. Dans les pays où le terme du zéro déchet est encore lié aux industries et pas encore élargi au milieu domestique, il est normal que mon mode de vie soit encore mal compris, comme il l’a été au début, aux USA.
Le Zero Déchet n’est pas plus « facile » ou « difficile » aux USA qu’en France. Faire ses courses exclusivement en vrac, n’est ni la norme aux USA, ni en France.
Mais les 2 pays ont beaucoup de potentiel. Cela ne prend pas nécessairement moins de temps dans un pays ou un autre pour atteindre le zéro déchet (ou un bocal de déchets par an).
Il revient à chacun de discerner les potentiels zéro déchet de sa region et de les exploiter au maximum. C’est ce que nous avons fait en Californie, c’est ce que nous faisons quand nous voyageons. Pour connaître les emplacements de vrac dans votre région ou ailleurs dans le monde, vous pouvez télécharger mon appli, Bulk, et consulter les adresses à la fin de mon livre.
Comment réagissent les gens autour de vous quand ils voient ce que vous êtes capable de faire ? Faites-vous des émules qui optent aussi pour le « zéro déchets » ?
Mes amis et ma famille respectent notre mode de vie tout comme je respecte les leurs.
Je ne cherche pas à les convaincre, ni à convaincre qui que ce soit d’adopter un mode de vie Zero Dechet. Il revient à chacun de vivre comme il veut ! Je tiens seulement à partager les bienfaits que ce mode de vie nous a apporté et à casser les « a priori » qui y sont associés.
Des milliers de familles à travers le monde ont adopté le zéro déchet depuis que j’ai demarré mon blog, Zero Waste Home. D’après les messages que je reçois via email et réseaux sociaux, le livre fait aussi de grosses émules en France.
De nombreux blogs ont démarré, des magasins de vrac s’ouvrent, des initiatives de consignes reviennent sur le marché, et leurs instigateurs me remercient d’être à l’origine de leurs demarches. Ma page Facebook converse même plus en francais qu’en anglais ! Tout cela me va droit au coeur ! J’estime que les francais sont plus aptes et plus prêts au zéro déchet que les Américains le sont (le consumérisme y est peut-être trop ancré).
La question que tout le monde se pose : vivre en produisant « zéro déchets », est-ce que c’est vraiment facile ou est-ce que cela implique certains sacrifices ?
Le mode de vie Zero Dechet est tout le contraire de ce que nous aurions imaginé : il ne coûte pas plus cher.
Au contraire, il nous économise beaucoup d’argent. Il ne prend pas plus de temps, au contraire : la simplicité volontaire fait gagner du temps.
On s’est aussi aperçu qu’il est plus beau (un placard rempli de bocaux est plus joli qu’un placard rempli de produits emballés par exemple) et qu’on vit plus sainement de cette manière (les aliments vendus en vrac par exemple sont moins transformés).
Il est évident, que le Zéro Déchet demande un temps pour s’y adaptater (perdre de mauvaises habitudes) et pour s’organiser. Le but de mon livre est d’aider autrui à parvenir a réduire ses déchets plus rapidement que cela nous a pris. Car une fois en place, il améliore le quotidien.
On passe beaucoup moins de temps à entretenir la maison, a gérer des déchets (trier, sortir poubelle et recyclables), et à se ravitailler. Beaucoup s’imaginent que je passe mes journées à fabriquer mes propres produits, et que ma famille parvient à faire zéro déchet grâce à tout un fait-maison. Ce sont deux des « a priori » les plus communs associés à ce mode de vie, et ils ne pourraient être plus loin de la réalité. Je travaille professionnellement à plein temps. Le zéro déchet dépend peu de ce qu’on fait à l’intérieur de chez soi.
Le zéro déchet dépend plutôt de ce qu’on fait à l’extérieur : c’est en diminuant sa consommation, en faisant ses courses avec des contenants réutilisables, en achetant d’occasion, en refusant ce dont on n’a pas besoin (voir les 5 règles) qu’on empêche les déchets de passer le seuil de sa porte… on n’aura donc pas à s’en dépatouiller plus tard.
A titre indicatif, voici quelques-uns des produits qui font partie des dépenses récurrentes d’un foyer banal et que nous n’achetons plus, soit parce ce que nous n’en éprouvons plus le besoin, soit parce que nous les avons remplacé par des alternatives réutilisables : le papier essuie-tout, le papier d’alu, le papier sulfurisé, le film alimentaire, les éponges, les sacs poubelle, les sacs de congélation, les sacs à glaçons, les serviettes en papier, les assiettes, couverts et gobelets jetables.
Mais aussi le fil dentaire, les rasoirs jetables, les pansements, les cure-dents, les mouchoirs en papier, la laque ou autre fixateur de chevelure, le vernis à ongles et le dissolvant, les produits d’hygiène féminine jetables (serviettes et tampons), les produits d’entretien divers (spray pour les vitres, la cuisine, la salle de bain, le sol, etc.), les lingettes désinfectantes, le papier cadeau, les magazines, les journaux, le shampoing, le savon pour les mains, le spray de repassage, les agrafes, le scotch, etc…
Et ces produits (dont les alternatives vous sont proposées dans mon livre) ne nous manquent même pas. Bien au contraire ! Nous préférons l’utilisation et l’esthétique des solutions que nous avons adoptées et apprécions les économies de temps et d’argent qu’elles représentent. Une vie basée sur les expériences au lieu des biens matériels est tellement plus enrichissante !
Enfin, quels conseils donneriez-vous aux gens pour qu’ils suivent votre modèle ?
Mon conseil pour ceux qui s’intéressent à ce mode de vie est tout simplement d’appliquer les 5 règles mentionnées au dessus (le premier pas etant de refuser le superflu !) et de se munir de mon livre Zéro Déchet pour en savoir plus !
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