Se chauffer au bois sera toujours autorisé en France, mais de nouvelles exigences en matière de qualité du combustible et surtout en matière de performance des poêles seront prochainement au rendez-vous.
Le gouvernement vient de publier son plan d’action pour le chauffage au bois. Il vise à réduire de 50 % les émissions de particules fines d’ici 2030.
Les ménages sont invités à remplacer leurs appareils de chauffage au bois par des modèles plus récents
Premier émetteur de particules fines en France, le chauffage au bois domestique doit évoluer. Le gouvernement vient d’adopter un plan d’action censé, à l’horizon 2030, réduire de 50 % les émissions de particules fines issues du chauffage au bois domestique. Pour cela, le ramonage annuel sera rendu obligatoire. Lors de leurs visites, les ramoneurs auront par ailleurs l’obligation de rappeler les subventions disponibles pour remplacer un appareil peu performant et fortement émetteur de particules fines. En plus, la vétusté d’un appareil de chauffage au bois sera prochainement indiquée dans le diagnostic de performance énergétique, elle jouera ainsi sur la note globale du logement en termes de performance énergétique.
Pour accélérer le remplacement des appareils chez les particuliers, le gouvernement entend s’appuyer sur MaPrimeRénov’ ainsi que sur les fonds air bois mis à disposition par les collectivités territoriales et l’ADEME. Pour les ménages les plus modestes, ces aides peuvent atteindre jusqu’à 90 % du coût d’un nouvel équipement. Objectif affiché : remplacer 600.000 appareils de chauffage au bois d’ici 2025. Les exigences du label « Flamme verte » (qui distingue les appareils de chauffage au bois les plus vertueux) seront par ailleurs rehaussées.
Le chauffage au bois, une énergie « neutre en carbone », vraiment ?
Chauffage au bois : également une question de santé – © XXLPhoto
Si le gouvernement prend ces mesures, c’est parce que la France doit agir rapidement pour réduire la pollution de l’air. Notre pays risque en effet une sanction financière importante de la part de l’Europe pour les dépassements réguliers des seuils de pollution autorisés. Plus important encore, selon les données de Santé publique France, la pollution aux particules fines est à l’origine de 40.000 décès par an.
Mais le chauffage au bois n’est pas inoffensif pour l’environnement ni la santé humaine : 76 % des émissions en hydrocarbures aromatiques polycycliques sont en effet générés par le bois de chauffage domestique, ainsi que 60 % du benzène, 39 % des particules fines et 30 % des émissions françaises de monoxyde de carbone. Alors, pourquoi n’est-il pas purement et simplement interdit ? Il faut savoir que la directive européenne sur les énergies renouvelables (révisée fin 2018) et le système d’échange de quotas d’émission (ETS) de l’Union européenne évaluent à zéro les émissions de carbone de toute utilisation de biomasse. L’idée est qu’au cours de sa croissance, l’arbre absorbe plus de CO2 qu’il n’émet lorsqu’il est brûlé. Une belle théorie certes, et un moyen de chauffage neutre en carbone sur le papier… mais totalement incompatible avec le rythme de réduction des polluants atmosphériques dont nous avons besoin au vu des objectifs fixés lors de la COP21.
Illustration bannière : Tous les chauffages au bois ne se valent pas en terme de pollution – © l i g h t p o e t