Allemagne : difficile tournant vers la transition énergétique
L’Allemagne s’est lancée des objectifs ambitieux dans le cadre d’un « tournant énergétique » (Energiewende en allemand) radical.
Le pays s’est engagé à sortir définitivement du nucléaire en fermant ses dernières centrales en 2022 et envisage de tirer 80 % de son électricité des énergies renouvelables d’ici à 2050.
Mais pour cela, il faut développer des infrastructures électriques et des solutions de stockage, etc.
En conséquence, il faut disposer d’unités de production de secours pour compenser le caractère intermittent des énergies renouvelables. L’Allemagne a ainsi largement recours au charbon pour l’électricité.
Bémol : cette source d’énergie semble contradictoire avec les objectifs nationaux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (le charbon est une énergie fortement émettrice de CO2).
Allemagne : des objectifs ambitieux
L’Allemagne s’est également engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 21 % durant la période 2008/2012 (protocole de Kyoto) par rapport au niveau de 1990.
Cet objectif a été rempli (23,6 % de baisse) mais les observateurs notent que le niveau d’émissions a augmenté de près de 1,1 % en 2012.
Ces derniers estiment que cette hausse s’est poursuivie en 2013. Berlin souhaite atteindre une réduction d’au moins 40 % des émissions allemandes de gaz à effet de serre d’ici à 2020 (par rapport à 1990).
Mais cet objectif semble difficile à atteindre. Pour cela, l’Allemagne s’est notamment mobilisée pour mettre en circulation un million de véhicules électriques d’ici à 2020. Pour réussir, le pays devra avoir une production électrique moins carbonée.
En 2012, les énergies renouvelables fournissaient 11,6 % de la consommation d’énergie primaire. Plus de la moitié de cette contribution vient de la biomasse (devant l’éolien et les biocarburants).
La part de l’énergie nucléaire dans la consommation allemande d’énergie primaire est en baisse, bien qu’atteignant encore 8 % en 2012.
Allemagne : des efforts à faire sur l’industrie, les transports et le bâtiment
Si l’Allemagne veut réussir son tournant énergétique, elle va devoir faire des efforts dans 3 domaines : l’industrie, les transports et le bâtiment.
L’efficacité énergétique et la production de chaleur renouvelable ont contribué à la baisse des émissions dans le bâtiment (- 30 % entre 1990 et 2013) et dans l’industrie (- 32 %) sur la même période.
Cependant les émissions restent stables dans le secteur automobile et ne baissent plus depuis 4 ans dans l’industrie (hors production d’énergie). Le pays va donc devoir travailler sur ces secteurs.
Allemagne : qui va payer la facture ?
Pour les consommateurs, le coût des énergies renouvelables est absorbé de façon très inégale.
Les particuliers paient une contribution très élevé dite « EEG » (équivalent de la CSPE française), dont sont exemptés certains industriels. Les institutions européennes critiquent cette inégalité de traitement.
En définitive, les ménages allemands ont payé leurs kWh d’électricité presque 50 % plus cher que les ménages français en 2013 (0,1493 € contre 0,1007 €).
La facture de la transition énergétique semble donc avoir un coût difficile à absorber. Alors, qu’en pensez-vous ? Les avancées en termes de baisse énergétique en Allemagne sont-elles totalement bénéfiques ?
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* Chiffres de consommation d’énergie primaire publiés par AG Energiebilanzen pour les 3 premiers trimestres de 2002
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