Les retombées de l’agriculture productive
Une agriculture productive est une agriculture qui a recours à toutes les technologies modernes comme les machines agricoles, de nouvelles variétés de graines,des engrais biologiques ou minéraux… et bien sûr, des pesticides. C’est pourquoi on l’oppose souvent à l’agriculture biologique. Pourtant une convergence commence à apparaître, celle-ci servant d’aiguillon à celle-là.
L’agriculture productive offre des gains potentiels énormes
Le think tank Humboldt Forum for Food and Agriculture a tenté de quantifier les réels bénéfices qu’il y a à maintenir et développer une agriculture productive en Europe. Il s’agit de la 1ère analyse scientifique du genre.
Ainsi, selon leurs calculs, à chaque fois que l’agriculture productive augmente sa production de 1 % en Europe, cela engendre :
- 10 millions de bouches supplémentaires nourries par an
- Plus 500 millions d’euros de revenus agricoles
- Une augmentation de 500€ en moyenne du revenu annuel des agriculteurs européens
- Réduction de l’importation de terres virtuelles d’1,2 millions d’hectares, sachant que l’UE importe l’équivalent du tiers de ses terres agricoles
- Réduction des émissions de CO2 de 220 millions de tonnes
- La préservation de la biodiversité en sauvant l’équivalent de 600 000 hectares de forêts.
Chaque point de pourcentage gagné en productivité agricole en Europe augmente la richesse annuelle générée par l’agriculture européenne d’environ 500 millions d’euros ! (Photo : ‘World Bank Photo Collection’ Flickr) (1)
Des cultures en transition : intensif versus BIO ?
L’avenir de l’agriculture en Europe va se jouer là :
> entre l’attraction pour une agriculture intensive plus verte, moins polluante et la nécessite de nourrir un monde toujours plus vorace. Cette nouvelle étude porte en soi un danger : celui de faire passer les pesticides et les engrais chimiques pour incontournables.
Pourtant il ne faut pas confondre : on parle d’agriculture intensive et pas forcément d’agriculture industrielle chimique. L’ambition de l’Europe doit être d’inventer une agriculture intensive à haute productivité et le plus écologique possible, c’est à dire avec le moins de pesticides et de substances chimiques possible.
La nouvelle Politique agricole commune européenne (PAC) tente – timidement ( !) – de s’adapter à cet impératif d’agriculture intensive plus écologique. Elle prévoit modestement un « paiement vert » pour les agriculteurs qui consacrent un petit 5 % de leurs terres arables à des « surfaces d’intérêt écologique ».
Le budget et l’enjeu de la PAC sont énormes : plus de 400 milliards d’euros de fonds publics seront dépensés entre 2014 et 2020 pour soutenir l’agriculture européenne.
Combien seront utiles pour la transition vers une agriculture à faibles intrants ?
Ce « paiement vert » vise à soutenir la création de mares, de haies, de bandes d’herbe, et tout type d’espaces de respiration dans les grandes plaines céréalières. Il s’agit de s’orienter vers une agriculture qui laisse plus de place à :
- la régulation écologique des systèmes agricoles en abritant pollinisateurs et prédateurs pour les insectes ravageurs.
- Ces surfaces d’intérêt écologique contribuent également à la lutte contre le ruissellement des eaux et l’érosion.
Comment éviter une baisse des rendements ?
L’Union européenne permet aujourd’hui de les remplacer par des surfaces écologiques par exemple des cultures de luzerne par exemple. (Ce qui fait hurler les écologistes !) Car en passant à des méthodes agricoles à faibles intrants, on obtient des rendements moyens de 31 % inférieurs à ceux d’une agriculture productive. (1)
Cela signifierait-il qu’une agriculture sans pesticides pour nourrir le monde relèverait de l’utopie ? Que l’agriculture biologique serait incapable de suivre le train de la croissance démographique ? Nous reviendrons amplement sur cette question : le bio peut-il nourrir la planète ? L’agriculture intensive peut-elle réellement être raisonnée ?
Ce qui est certain, c’est des réalisations soit disant utopiques sont en train de se concrétiser et de montrer de nouvelles voies : intensives ET écologiques.
Des utopies urbaines …. où les cultures ont leur place
Un peu partout dans le monde, des écoquartiers, voire même des villes nouvelles écologiques, voient le jour : à chaque fois, la culture y trouve une place et contribue à l’autonomisation des habitants.
Les tours écologiques ont le vent en poupe et sont perçues comme une des solutions à l’urbanisation avec souvent des cultures intégrées dans l’habitat qui devient ainsi plus autonome, et pas seulement en énergie :
> c’est le cas de cette tour de Milan, véritable forêt verticale (photo) ou des Go Grows de Singapour, où prospèrent des cultures célestes pour des villes surpeuplées.
L’agriculture productive, portée par les aspirations des populations, est en train de s’imposer, et de cheminer lentement mais sûrement en cheminant vers une agriculture bio, qui fait encore figure de filière modèle.
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Sur la démographie et l’urbanisation
(1) Télécharger toute l’étudeThe social, economic and environmental value of agricultural productivity in the European Union’ via ce lien