La joie des négociateurs et acteurs de la COP21 présents à l’approbation de « l’accord de Paris » samedi 12 décembre en fin de soirée était forte. Après les discours, les journées et les nuits de négociations, les protagonistes applaudissaient à tout rompre un accord qui, largement, est accueilli comme « un point de départ » et « une avancée historique ».
Les délégations du monde entier se félicitaient hier soir du travail effectué par la diplomatie française pour parvenir à ce consensus. Pour le Président Obama, l’accord est « à la hauteur du moment » historique.
Accord de Paris : des réactions largement été positives, un soulagement perceptible
Le WWF France a réagi ainsi largement positivement à l’accord : « En intégrant un objectif de limitation à long terme de 2°C de hausse de la température moyenne mondiale – avec une référence à la limite de 1,5°C – les gouvernements envoient un signal fort indiquant que les gouvernements sont engagés à s’aligner sur la science. L’accord contient bien les éléments pour créer l’opportunité de rendre les actions gouvernementales de plus en plus fortes au fil du temps en termes d’atténuation, d’adaptation et de finance. C’est un point important mais nous sommes très inquiets devant le fait qu’il n’y a aucune garantie de soutien pour ceux qui seront les plus touchés par les impacts du changement climatique, particulièrement les populations les plus vulnérables. »
Les bémols de certaines ONG
L’accord de Paris devait en effet garantir aux pays les plus pauvres et les plus démunis les moyens de faire face à la crise climatique. Si l’engagement des 100 milliards de dollars est renouvelé jusqu’en 2025, les engagements restent vagues, trop notamment pour donner des garanties financières, notamment sur l’adaptation.
Selon Oxfam France, ce point est essentiel : « Les engagements de financements pour soutenir les plus vulnérables devront être clarifiés dans les années à venir à travers la mise en place d’une taxe sur les transactions financières européenne ambitieuse. »
Au-delà du soulagement d’avoir obtenu un accord, les principales ONG françaises soulignent l’importance du chemin encore à faire.
L’accord de Paris sera un point de départ indispensable pour répondre au péril climatique, mais il est insuffisant pour l’enrayer.
RAC France
« L’accord de Paris sera un point de départ indispensable pour répondre au péril climatique, mais il est insuffisant pour l’enrayer. Le mode d’emploi proposé dans l’accord reste vague et le calendrier repousse à plus tard les efforts à fournir tout de suite. Il faudra que les États renforcent leurs engagements pour maintenir la hausse des températures bien en-deçà de 1,5 ou 2°C. » résumait ainsi à chaud le Réseau Action Climat, l’association de coordination des ONG françaises sur la lutte contre les changements climatiques.
Le RAC ajoute : « Si les gouvernements ne vont pas plus loin que ce qu’ils ont décidé à la COP21, nous nous dirigerons droit dans le mur. C’est à dire vers un réchauffement de +3°C, dont les conséquences seront dévastatrices et irréversibles. »
Le RAC note toutefois que « ce texte fixe un cap de long terme ambitieux. Il exige que tous les États renoncent définitivement aux énergies fossiles, au profit des énergies renouvelables et des économies d’énergies. Et ce le plus vite possible. »
Mettons un bémol aux bémols
Sans accord à Paris, un échec tel que celui de Copenhague aurait été tragique. Les négociations auraient été reportées de plusieurs années, les opposants de tout crin, tels que les Républicains aux États-Unis en auraient tiré profit, et la dynamique aurait été à reconstruire, péniblement. De précieuses années d’effort auraient été perdues.
Notre rôle de citoyens et consommateurs responsables reste essentiel. Comme le résume, toujours le RAC : « Les initiatives locales et citoyennes se multiplient pour réduire les gaspillages, diminuer la pollution de l’air, favoriser des mobilités alternatives, développer les énergies renouvelables et l’agro-écologie. Les citoyens et les collectivités montreront la voie aux Etats ».
Néanmoins, si le point de départ est bien sûr incomplet et un accord à 195 pays laisse une grande part au moins disant, le top de départ est bien donné. La transition vers un monde sans énergies fossiles a commencé et l’accord de Paris est son marqueur historique.