Contre la fièvre de leur enfant, trop de parents administrent encore du paracétamol de manière systématique en association avec de l’ibuprofène. Cette médication parfois abusive comporte des risques et pour quelques dixièmes de fièvre elle n’est pas toujours nécessaire, puisqu’il existe de bonnes astuces anti fièvre tout à fait naturelles. Explications…
Fièvre chez l’enfant : le paracétamol n’est pas forcément la solution
Le paracétamol et l’ibuprofène sont devenus des remèdes courants au quotidien. Disponibles sans ordonnance, ces médicaments sont pris avec légèreté. Néanmoins, ils restent bel et bien des médicaments, et doivent être administrés avec parcimonie, a fortiori chez l’enfant.
Une étude à grande échelle, financée par le Medical Research Council du Royaume-Uni, a été publiée il y a peu dans The Lancet. Elle a pour but de défaire les mythes autour des analgésiques, administrés à tort et à travers.
Attention au paracétamol et à l’ibuprofène
La fièvre est un anticorps
Bien entendu, on ne parle pas d’une forte fièvre, mais il ne faut pas paniquer si votre enfant présente quelques dixièmes de degrés au-dessus de la température normale du corps. L’étude rappelle que la fièvre joue un rôle contre une infection : la fièvre « n’est pas une maladie, mais un mécanisme de défense physiologique qui a des effets bénéfiques dans la lutte contre l’infection ».
Éliminer la fièvre par un médicament peut donc être néfaste et aggraver l’état de l’enfant. « Il y a un travail d’éducation à faire par les pédiatres », explique l’un des auteurs de l’étude, « ils devraient expliquer plus aux parents que la fièvre quand elle n’est pas très élevée, n’est pas mauvaise en elle-même, à condition que l’enfant soit en bonne santé ».
Laisser la fièvre agir… sans s’emballer
Face à une prolifération de virus, le corps réagit et se défend d’une double manière : faire monter la température locale augmente, au niveau de la cellule malade, et faire monter la température générale de tout le corps : c’est la fièvre. Ces deux réactions vont aider à stopper l’infection virale. Il se produit des inflammations, signes de la lutte contre les virus. C’est pourquoi il ne faut pas à tout prix combattre l’inflammation si elle est passagère, ni la fièvre si elle reste sous 39°C. Ce sont des réactions naturelles de défense : si le corps ne génère pas d’inflammation, les virus rencontrent moins de résistance.
Vérifiez la température de votre enfant © Africa Studio Shutterstock
Le paracétamol pour réduire les effets secondaires d’autres médicaments : un mythe
Une idée très répandue chez les parents est celle que paracétamol et ibuprofène peuvent se combiner à un médicament pour en augmenter l’efficacité. Une idée étudiée en vain par le Dr. Purssell dans une étude parue en 2011. Jusque là les études médicales n’ont pas prouvé cette croyance populaire, véhiculée y compris par certains psychiatres(1).
Au contraire, les auteurs de la nouvelle étude sur le sujet concluent que les analgésiques doivent être administrés uniquement pour éviter les risques et pas en combinaison avec le traitement.
Un traitement parfois risqué
Il est important de comprendre que les analgésiques ne sont pas anodins, et encore moins quand il s’agit d’un enfant. Les teneurs maximales en ibuprofène par exemple sont souvent mal connues des parents.
Une étude parue dans le Journal de l’American Academy of Pediatrics rejoint d’autres recherches menées conjointement par les départements de pharmacologie de l’université de l’Arkansas et de celle du Kentucky, aux États-Unis(2).
Les traitements associant ibuprofène et paracétamol sont « non seulement inefficaces, mais peuvent aggraver la fièvre et la grippe », y compris quand les médicaments sont administrés en solution.
Une autre étude, parue dans The Lancet, rappelle que le risque de maladies cardiaques ou d’asthme est multiplié, et les dommages peuvent être importants sur le foie et les reins(3).
Des astuces anti fièvre naturelles
Pour faire baisser une fièvre légère, on oublie les médicaments et on pense pratique.
On enlève les vêtements de l’enfant…
…de manière à disperser la chaleur. Ou pour les plus frileux, on enlève une couche. L’air extérieur permet de refroidir naturellement le corps.
Aérez bien
Laisser l’enfant dans une pièce chaude et étouffante n’est pas une solution. Alors, on pense bien à aérer et garder la pièce à une température raisonnable. On évite aussi la climatisation à fond les ballons.
Privilégiez les activités calmes
Votre enfant n’aura pas forcément envie de jouer beaucoup s’il est fiévreux, mais néanmoins avec une fièvre faible à modérée, il n’aura probablement pas l’intention de rester vissé sur un fauteuil.
On l’encourage donc à pratiquer des activités calmes.
Faire baisser la fièvre : le bain !
Si vote enfant aime le bain et qu’il en a envie, cela peut le détendre. Mais le mauvais comportement serait de plonger l’enfant dans un bain froid : très mauvaise idée et il y a un risque avéré de convulsions. Néanmoins, on peut le mettre dans un bain à une température adaptée (environ si l’enfant est à 38°C) et laisser baisser progressivement la température de l’eau de manière naturelle.
Attention : si la température est plus élevée, on adapte la température du bain en fonction de la température de l’enfant : 1°C en dessous.
Des compresses d’eau froide
On voit cette méthode dans plus d’un film, mais elle a ses adeptes. On applique un chiffon ou une petite serviette trempée dans de l’eau froid sur des zones où le flux sanguin passe particulièrement : les poignets, le cou, le front. On change ces compresses régulièrement.
Et l’alimentation ?
Vous le faites probablement déjà, mais pensez à bien hydrater votre enfant. Le régime liquide sera de toute façon probablement mieux accepté par un petit malade. Jus de fruits, eau de bouillon et beaucoup d’eau.
L’infusion de tournesol
On utilise des pétales de tournesol séchés et de l’eau bouillante. Le tournesol a comme propriété de faire baisser la fièvre de manière naturelle.
On laisse légèrement refroidir l’eau et on laisse infuser les fleurs séchées pendant dix minutes avant de filtrer. On ajoute un peu de miel pour un goût plus doux (pas pour les bébés) et on fait boire un peu de ce mélange toutes les huit à dix heures à l’enfant.
Bien entendu, comme toujours, suivez les conseils de votre pédiatre et n’hésitez pas à le consulter au moindre doute.