Pesticides et biodiversité : on sait quelles espèces meurent

Rédigé par Jean-Marie, le 26 Aug 2014, à 16 h 09 min
Pesticides et biodiversité : on sait quelles espèces meurent
Précédent
Suivant

Pesticides et biodiversité  : les espèces affectées 

Les poissons, les amphibiens et les microbes sont également tous touchés à des niveaux d’exposition élevés ou après une exposition prolongée. Des échantillons d’eau prélevés à travers le monde dépassent régulièrement les limites écotoxicologiques autorisées.

On ne dispose pas de données suffisantes pour déterminer s’il existe ou non un impact sur les mammifères ou les reptiles, mais dans le cas de ces derniers, la conclusion des chercheurs est qu’un tel impact est probable.

Outre la contamination d’espèces non cibles par exposition directe (par ex. des insectes qui se nourrissent du nectar de plantes traitées), les substances chimiques sont également présentes, à divers niveaux de concentrations, en dehors des zones volontairement traitées. La solubilité des néonics dans l’eau signifie qu’ils ruissellent, s’écoulent facilement et contaminent des zones bien plus larges, donnant lieu à une exposition des organismes à la fois chronique et aiguë, notamment dans des zones riveraines et dans les systèmes estuariens et marins côtiers.

La responsabilité des insecticides

Ces insecticides sont aujourd’hui les plus utilisés dans le monde, avec une part de marché estimée à quelque 40 % et des ventes de plus de 2,63 milliards de dollars US en 2011. Ils sont aussi communément utilisés dans les traitements domestiques pour la prévention des puces chez les chats et chiens et la lutte contre les termites dans les structures en bois.

Les scientifiques concluent : « Nous pouvons à présent clairement voir que les néonics et le fipronil représentent un risque pour les fonctions et services écosystémiques qui va bien au-delà des inquiétudes afférentes à une espèce et qui mérite vraiment d’être porté à l’attention des gouvernements et des instances de réglementation. »

La question des abeilles mellifères

Les abeilles mellifères sont toujours au centre des préoccupations en ce qui concerne l’utilisation des néonics et du fipronil. Des actions limitées ont été prises, notamment par la Commission européenne, mais les fabricants de ces neurotoxines ont rejeté toutes les allégations de préjudice.

pesticides et abeilles

En évitant de simplement comparer les rapports entre eux et en analysant toute la littérature disponible, la méta-analyse montre que les néonicotinoïdes, dans des concentrations réalistes d’utilisation en champ, nuisent à la navigation individuelle, à l’apprentissage, à la collecte de nourriture, à la longévité, à la résistance aux maladies, et à la fécondité des abeilles.

Concernant les bourdons, des effets irréfutables au niveau de la colonie ont été constatés, avec des colonies exposées qui grandissent plus lentement et produisent nettement moins de reines. Dont acte !

interdiction pesticidesLes scientifiques recommandent fortement de prendre encore plus de précautions, de durcir encore la réglementation sur les néonicotinoïdes et le fipronil. Il faudrait, disent-ils, commencer à planifier la suppression progressive des pesticides à l’échelle mondiale ou, du moins, à réduire fortement leur utilisation dans le monde.

*

Je réagis

Qu’est-ce qu’un pesticide systémique ?

Contrairement à d’autres pesticides, qui restent à la surface des feuilles traitées, les pesticides systémiques sont absorbés par la plante pour ensuite être acheminés dans les tissus (feuilles, fleurs, racines et tiges/troncs, pollen et nectar).  Ils sont de plus en plus utilisés à des fins prophylactiques pour prévenir les invasions d’organismes nuisibles, plutôt que pour traiter un problème dès que celui-ci se manifeste.

Les métabolites des néonicotinoïdes et du fipronil (les éléments en lesquels ils se dégradent) sont souvent aussi toxiques, voire plus que les matières actives elles-mêmes envers les organismes non cibles. Le composé parent tout comme certains de leurs métabolites sont capables de persister et de s’accumuler dans le sol, pendant des mois ou des années. Cela augmente leurs impacts toxiques et les rend encore plus nocifs pour les espèces non cibles.

*

(1) étude prochainement publiée dans la revue Environmental Science and Pollution Research

Pour vous c'est un clic, pour nous c'est beaucoup !
consoGlobe vous recommande aussi...



Jean-Marie Boucher est le fondateur de consoGlobe en 2005 avec le service de troc entre particuliers digitroc. Rapidement, il convertit ses proches et sa...

28 commentaires Donnez votre avis
  1. JE N’AI RIEN COMPRIS !!!

Moi aussi je donne mon avis