Un rêve réaliste qui tourne le dos au passé
Une démarche qui soulève déjà des questions
Vous l’avez compris, ce n’est pas la volonté qui manque. Mais la démarche a déjà suscité plusieurs questions : tout d’abord celle du coût de la démarche. Les 350 000 euros d’argent public consacré au consultant Jérémy Rifkin se justifieraient, selon les porte-paroles du projet par la nécessité de fédérer les acteurs d’une région, de « réunir les acteurs politiques, économiques et institutionnels de la région ». Tout le monde derrière le même drapeau : industriels, élus, syndicats, particuliers, PME, citoyens.
Au-delà du coût du Master plan, c’est le rôle de l’argent public qui a été questionné : si personne ne conteste que seuls les Pouvoirs publics sont capables d’impulser certains investissements dans les infrastructures communes (les bornes de recharge électriques, les réseaux intelligents…), le Public a tendance à investir dans des domaines qui expulsent l’initiative privée.
Ainsi par exemple, la Maison Durable du quartier Wazemmes de Lille, dotée d’une équipe de gestion et d’animation, qui va proposer des animations, des expositions… mais aussi des conseils relayés par les experts des Espaces Infos Energie publics. Autant de prestations en moins pour les nombreuses PME de la région qui ont investi dans le secteur de l’information, de l’habitat ou des énergies durables.
En un mot, derrière l‘ambition très colbertiste (et enthousiasmante) se profile le risque d’une usine à gaz qui sera longue à financer (« deux générations » a prévenu Jeremy Rifkin) et qui mobilisera des ressources mieux employées par le secteur privé.
Président du Crédit Mutuel du Nord, Philippe Vasseur travaille à un produit d’épargne populaire et régional.
Il demande à l’État l’autorisation de s’en servir pour financer la Révolution industrielle régionale.
Appliquer à la lettre la doxa rifkinienne ?
Sur le fond, des experts de l’énergie contestent violemment la théorie de Troisième révolution industrielle de J. Rifkin qui plaide pour une conversion totale aux énergies renouvelables délocalisées : selon eux, la demande énergétique future ne pourra pas être basée sur une multitude de petits producteurs énergétiques. Ceux-ci ne pourront pas remplacer les grandes centrales de production énergétique…
Un participant au projet l’admet implicitement quand il explique, réaliste : «On ne va pas pour autant plaquer tout son modèle, on n’est pas dans le rêve. On ne va pas fermer la centrale nucléaire de Gravelines, la plus grosse d’Europe, dans les trente ans !»,
Pour l’heure, ce débat technique reste tout à fait ouvert et crucial ; consoGlobe y reviendra pour le décrypter.
Un engagement collectif vers le futur
Le Nord-pas-de-Calais, porté par un tissu entrepreneurial exceptionnel avec des grands patrons fortement impliqués (Roquette, Auchan, Crédit Mutuel du Nord….), se met donc en ordre de bataille. Avec une inventivité, un enthousiasme et une foi dans le futur qui seront sans doute adoptés par d’autres Régions de France, désireuses de montrer ainsi que ce sont les territoires régionaux les vrais moteurs de la modernisation en Europe.
Un jour peut-être, les supporters du futur FS Lens ne chanteront plus « Les Corons », c’est-à-dire le passé, mais se seront trouvé un chant qui glorifie un avenir radieux ! Le 25 octobre, le Nord-pas-de-Calais dévoilera sa feuille de route : en apportant des éclaircissements sur la démarche, la région dira « au revoir » à un passé révolu et à un présent grisâtre. Bravo !
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A suivre : La 3ème révolution industrielle de Jérémy Rifkin, Graal ou chimère ?
(1) Les Rives de la Haute Deûle, l’Union et le Nouveau Mons
Novembre 2013 : Provence-Alpes-Côte d’Azur est la première région en France à signer une convention d’une telle ampleur, portant à la fois sur le chauffage et sur la mobilité. Couplage solaire-gaz naturel et carburant GNV aujourd’hui, biométhane et biométhane carburant demain, méthanation après-demain… la Région et GrDF s’associent pour mettre le gaz naturel au service de la transition énergétique