Chalutage de fond – L214 dénonce des massacres en haute-mer

Après le scandale des poissons morts dans l’Atlantique, flottant sur la mer à la suite du passage d’un des plus gros chalutiers du monde, l’association L214 dénonce à son tour cette pratique de pêche déjà interdite dans plusieurs pays, mais toujours autorisée en France. À quelques semaines de la Présidentielle 2022, et alors que l’écologie est au centre de toutes les inquiétudes, l’association dévoile une enquête menée directement à bord d’un de ces bateaux.

Chalutage de fond – Les souffrances des poissons dénoncées par L214

L’association L214 a publié une nouvelle enquête menée, cette-fois-ci, directement à bord d’un chalutier, en collaboration avec l’association Soko Tierschutz qui a filmé. Le chalutier serait parti d’un port en Normandie pour 5 jours de pêche avec un filet de 30 m de largeur. Le filet, explique l’association, « a été déployé 27 fois. Toutes les 3 heures ».

Le chalutage de fond a permis de récupérer « plus de 10 tonnes de poissons commercialisables », souligne L214 dans son communiqué, mais la pratique est décriée. Notamment car « un nombre encore plus grand [de tonnes poissons] ont été pêchées et rejetées à la mer ».

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Les images ont été visionnées par Lynne Sneddon, experte internationale de la biologie des animaux aquatiques, qui dénonce, de son côté, une pratique provoquant d’importantes souffrances aux poissons.
Elle commente : « J’imagine que le grand public sera très choqué de voir ces images, mais c’est ainsi que les poissons sont pêchés. C’est la pêche à grande échelle. C’est vraiment l’une des choses les moins respectueuses du bien-être que l’on puisse faire. Et je tiens à dire que nous n’accepterions pas cela pour un animal d’élevage terrestre. Personne n’accepterait ce genre de traitement pour les vaches, les porcs, les moutons ou les poulets. Et parce que c’est en mer et parce que c’est presque caché de nous, c’est caché du public. Les gens ne comprennent vraiment pas la façon dont les poissons sont capturés et tués. Et je pense que nous devons vraiment prendre conscience que c’est ainsi que les poissons sont capturés ».

Enquête chalutage de fond – Asphyxie, pêche non discriminante, piétinement…

L214 dévoile que « de nombreuses espèces de poissons et de crustacés ont été remontées dans les filets : sole, requin-chat, bar, mulet, raie, roussette, calmar, congre, crabe, araignée de mer », confirmant l’une des critiques principales faites au chalutage de fond. C’est une pêche non-discriminante, qui menace de fait de nombreuses espèces.

Et une fois pêchés, les poissons souffrent : ils sont « écrasés sous le poids de milliers d’autres », piétinés sur le pont, ils s’asphyxient durant des heures tandis que « les poissons qui n’ont pas de valeur marchande (espèces non commerciales ou animaux trop jeunes) sont rejetés à la mer, moribonds. Ils n’ont quasiment aucune chance de survivre ».

« Malgré le consensus scientifique sur la sensibilité des poissons, la réglementation est minimale et… totalement ignorée ! », dénonce l’association.

Les poissons capturés sont écrasés sous le poids des milliers d’autres lorsque le filet est traîné ou au moment de sa remontée – © BAB_Journaliste / L214

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Illustration bannière : Nombreuses sont les espèces de poissons et de crustacés qui sont remontées dans les filets : plie, sole, requin-chat, bar, mulet, baudroie, raie, roussette, aiguillat, calmar, grondin, congre, crabe, araignée de mer, entre autres… – © SELENE MAGNOLIA / L214