Le Fait Maison ou la créativité au service de la sobriété
Le fait maison, c’est une « deuxième vie créative » pour les Français, comme s’empresse de le remarquer le magazine Marie Claire dans un communiqué de presse. Des Français qui trouvent une voie pour une consommation plus frugale, une manière agréable de pratiquer une sobriété à leur main.
Le Do it Yourself peut s’appliquer aux loisirs créatifs, apportant une touche d’originalité incontestable aux objets du quotidien ou des grandes occasions, mais il ressort d’une catégorie d’aspirations bien plus vastes…
Le fait maison qui peut s’apparenter à la débrouillardise ou au bon vieux système D, au fait-maison remet à l’honneur des matériaux ou des objets traditionnels :
– le lin, le chanvre,
– le savon noir, le vinaigre blanc, le bicarbonate de soude, le blanc de Meudon, etc…. autant de produits qui évoquent les « trucs de grand mère » mais qui s’inspirent aussi d’autres domaines comme l’origami.
Ainsi, les deux tiers de ceux qui pratiquent le fait maison le font pour offrir une «deuxième vie créative» à des objets qu’ils ne veulent pas jeter !
Être sûr de disposer de produits sains
Quand il s’agit de produits de beauté et de soin ou bien de produits ménagers, faire soi-même ses propres produits ne répond pas qu’à l’assurance d’obtenir des produits moins cher ou au plaisir de créer.
C’est le plus souvent pour « ne pas utiliser des produits avec plein de composants que je ne connais pas et dans lesquels je n’ai pas trop confiance » qu’on fabrique à la maison, comme l’explique Sonia, une adepte des cosmétiques fabriquées maison. Ainsi l’assurance d’éviter les ingrédients nocifs en cosmétique est-elle LE motif numéro 1 qui décide à fabriquer sa crème de soin ou son gommage maison.
Une véritable (contre) culture de la création
Depuis le début des années 2000, on assiste à une certaine prise de conscience de la place de l’individu dans la chaîne de consommation, mais aussi de ce qui concerne la fragilité des ressources naturelles, le gaspillage et les compétences créatives de chacun.
Il conviendrait d’ailleurs de parler de seconde vie des objets, et concernant les acteurs de ces procédés, de ne pas réduire ce type de comportement au seul aspect créatif, mais bien plus largement, de parler de l’émergence d’une contre-culture.
On est en présence d’une culture émergente opposée aux coutumes de la consommation de masse, et inscrite directement dans la dynamique de l’économie circulaire, des 5R ou de l’écologie pratiquée au quotidien.
Il s’agit ici plus d’une philosophie ou l’individu n’est plus simple spectateur ou consommateur. Il participe, par son savoir-faire, son ingéniosité ou sa créativité, d’une forme de contre-culture regroupant de nombreux pans :
- connaissances partagées, exprimées, comme par exemple avec Wikipédia ou l’université gratuite en ligne ;
- les ateliers d’aide à la pratique de diverses activités monopolisées et fermées, tels les garages solidaires ;
- la musique, avec la MAO et les studio particuliers ;
- la couture avec la customisation et la confection de vêtements ;
- la décoration, l’upcycling ou l’amélioration d’objets du quotidien ;
- les cosmétiques, avec les savons, crèmes, dentifrices faits maison ;
- les produits d’entretien (désinfectants, détartrants et autres) ;
- le retour en force des anciennes pratiques, plus artisanales, que l’on nommerait éventuellement ici « loisirs créatifs« , tels que la fabrication de pâte à modeler maison…
Les produits d’entretien de la maison, souvent très toxiques, ont retrouvé des substituts et efficaces bien plus doux pour l’environnement. Une façon de lutter contre la spécialisation commerciale des produits manufacturés (un nettoyant pour la cuisine, un autre pour le sol, etc.)