Dans le milieu toujours plus redoutable du prêt-à-porter, certaines marques tentent de se démarquer en proposant des labels responsables. Pour le coton équitable, il est nécessaire de lire à deux fois les étiquettes avant d’acheter !
Alors qu’il habille une grande partie de la planète, le coton est une culture très nocive. Il s’agit d’une culture très gourmande en eau et en pesticides : il n’occupe que 3 % des terres cultivées, mais consomme un quart des pesticides utilisés dans le monde. La fabrication du textile, la teinture du coton, sont également dangereuses pour la santé et l’environnement : l’emploi de métaux lourds comme le plomb ou le chrome est fréquent.
En outre, le marché du coton n’est pas si blanc qu’il n’y paraît. Son industrie pèse 37 milliards de dollars par an(1) et cache parfois des pratiques d’exploitation douteuses. Du champ à la manufacture, de nombreux travailleurs sont sous-payés, exposés aux substances toxiques, pour permettre aux consommateurs occidentaux d’avoir des vêtements en coton à bas prix dans les chaînes de prêt-à-porter.
Le juteux marché du coton équitable et bio
Alors, faut-il pour autant abandonner le coton ? Pas forcément. Le coton reste une matière naturelle, plus intéressante que les matières synthétiques du point de vue de la santé et de l’environnement. Il s’agit tout d’abord de contrôler notre frénésie de consommation de vêtements neufs et privilégier l’achat d’occasion ou de qualité.
Les quatre plus grands pays producteurs de coton sont la Chine, l’Inde, les États-Unis et le Pakistan © CRS PHOTO
En cas d’un achat de vêtement neuf, il est préférable de se tourner vers du coton équitable ou bio. Mais à quels labels se fier ?
Un faux ami, Better Cotton Initiative
Certains labels correspondent à une réelle démarche de traçabilité et de respect de l’environnement et de la santé. D’autres ne sont utilisés que pour « verdir » le rayon prêt-à-porter des grandes marques.
C’est le cas du label de coton équitable, Better Cotton Initiative. Créé en 2010, il est le petit chouchou des grandes marques. C’est le plus récent, mais il voit grand : 30 % de la production mondiale de coton en 2020… Mais l’année dernière, 2,4 millions de producteurs ont assuré une production de 6,2 millions de tonnes de coton labellisé, soit 23 % de la production mondiale de coton.
Le hic : ce nouveau label ne possède aucune possibilité de contrôle de la traçabilité, des conditions de travail et des substances toxiques utilisées. En somme, un label vert qui cache des manoeuvres de greenwashing des grandes marques… à éviter.
Les chiffres du Planetoscope : production mondiale de coton
Les labels coton équitable et bio à privilégier
Pas toujours facile de faire la part des choses entre greenwashing et réel engagement. D’autant plus que pour le textile, il existe de multiples labels qui garantissent chacun des aspects différents de la production.
Le coton bio garantit que la matière première a été cultivée sans pesticides. Le coton équitable, lui, garantit des revenus décents pour les producteurs.
Global Organic Standard (GOTS)
Créé en 2006, le label GOTS (Global Organic Textile Standard) est le principal label garantissant un coton bio. Reconnu mondialement, il est représenté par un t-shirt blanc sur fond vert.
Il existe plusieurs niveaux : le plus élevé garantit qu’au moins 95 % des fibres utilisées sont issues de l’agriculture biologique. Ce label, véritable gage de confiance et de qualité, bannit également les substances toxiques dans la fabrication ou l’impression du textile, et le respect basique de conditions de travail décentes.
Oeko-Tex
Le label Oeko-Tex est plus axé sur la santé : il garantit l’absence de substances nocives ou allergènes dans le tissu. Il existe 7 types de labellisation : par exemple, STANDARD 100 by OEKO-TEX® est le premier niveau, STeP by OEKO-TEX® garantit l’absence de substances dangereuses ET le respect des conditions de travail. MADE IN GREEN by OEKO-TEX® a le niveau d’exigences le plus élevé tant au niveau environnemental que social.
Fair trade – Max havelaar
Plus connu, le label Max Havelaar garantit un coton équitable, soit un revenu et des conditions de travail décentes pour les producteurs et leurs familles.
Il favorise généralement les petites exploitations familiales, regroupés en coopératives pour « avoir plus de poids face au marché ».
Les garanties environnementales sont cependant limitées : certes la ressource eau doit être optimisée et le label garantit l’absence de coton OGM et de substances chimiques dangereuses, mais pas l’absence totale de pesticides.
Toutefois les primes de développement sont généralement réinvesties dans l’amélioration des pratiques agricoles vers des modèles durables.
Il existe d’autres labels qui certifient la dimension équitable ou responsable des textiles : vous pouvez faire également confiance aux labels Ecocert ou Bio-Partenaire, comme pour le reste de vos achats.
Comment bien acheter un vêtement en coton ?
Nos conseils pour être sûrs de votre achat de coton : privilégiez les marques spécialisées. Achetez de préférence vos textiles dans des boutiques bio ou de commerce équitable, qui sont très exigeantes sur la provenance de leurs produits.
Évitez autant que possible les grandes marques de prêt-à-porter, qui écrasent les prix et les salaires de leurs travailleurs.
Privilégiez un vêtement en coton qui possède une double certification : un label bio et un label coton équitable. Au moins, vous serez sûrs que le coton sera cultivé sans pesticides, fabriqué sans produits chimiques et dans des conditions décentes.
Et rappelez-vous : privilégiez la qualité plutôt que la quantité !
Article mis à jour et republié
Illustration bannière : Coton – © Kseniia Perminova