Les efforts de réduction de CO2 réduits à néant ?
Cet avenir radieux du charbon ne sera pas remis en cause à court terme. Déjà, effet indirect de la catastrophe nucléaire de Fukushima, le Japon ferme ses réacteurs qui représentaient 27 % de son énergie, et se remet à importer du pétrole et du charbon à très grande échelle. Idem en Allemagne qui en important de l’énergie, contribue à maintenir en activité des centrale à charbon en Europe, de l’Est notamment.
Ainsi les objectifs de réduction des émissions de CO2 et GES dans les pays occidentaux qui jouent le jeu, surtout en Europe, paraissent bien palots comparés aux croissances de ces rejets en Asie :
- d’ici 2030, les émissions de CO2 de l’Inde devrait être multipliées par 2,5. Aujourd’hui, par habitant l’Inde et la Chine émettent moins de CO2 que les États-Unis. Mais la marche forcée vers la consommation et la prospérité matérielle de ces deux géants fait peur : quand un Chinois sera au niveau d’un Américain ou d’un Japonais, dans quel état sera notre atmosphère ?
Émissions de CO2 par type d’énergie
- Nucléaire : 19 kg équivalent carbone par tonne équivalent pétrole
- Éolien : 32 équivalent carbone par tonnes équivalent pétrole
- Solaire photovoltaïque : 316 équivalent carbone par tonne équivalent pétrole
- Gaz Naturel : 651 kg équivalent carbone par tep
- Pétrole – essence : 830 kg équivalent carbone par tep
- Diesel – fioul : 856 kg équivalent carbone par tep
- Charbon : 1123 kg équivalent carbone par tep
Vu sous le seul angle du carbone, le nucléaire, parait une alternative crédible au charbon. Mais on sait aujourd’hui que les centrales ont tendance à fermer partout (sauf en Chine).
Réchauffement limité à +2°C, il est trop tard …
Pour bien des spécialistes, la messe est dite et cela explique pourquoi la communauté internationale a abandonné le volontarisme de la conférence de Kyoto. La position des Américains, des Australiens consiste à dire : « L’objectif de contenir la hausse du réchauffement à 2° est déjà compromis. Et l’Asie va continuer à brûler du charbon et à émettre du CO2 massivement. Le nucléaire, neutre en CO2, ralentit. Dans ce contexte, à quoi servirait-il se payer très cher des efforts de réduction dans les pays riches. Ces efforts unilatéraux ne servent plus à grand chose. »
Les Asiatiques expliquent que l’occident est responsable de la majorité du « stock » de CO2 aujourd’hui présent dans l’atmosphère et accumulé depuis le début de la révolution industrielle, fille naturelle du charbon (2). Les Américains et certains Occidentaux rétorquent qu’à l’époque les notions d’émissions de CO2 et de réchauffement climatique étaient totalement inconnues. Selon eux, le passé industriel de l’occident ne devrait pas servir d’alibi au laxisme actuel de nations émergentes qui ont à leur disposition des technologies modernes et puissantes.
Ainsi, l’avenir du climat risque fort de se jouer, non dans les efforts de réduction des émissions mais plutôt dans l’utilisation des technologies pour en compenser les effets.
Parmi les technologies les plus souvent évoquées, les techniques de capture du CO2. Mais la séquestration des gaz à effet de serre à grande échelle n’est non seulement pas en place, mais elle risque fort de ne pas suffire. Loin s’en faut.
La machine naturelle à stocker le carbone ralentit
De l’autre coté, la séquestration de CO2 par la nature connait des difficultés : la disparition des forêts tropicales et l’acidification croissance des océans inquiètent. Ces deux puits essentiels et naturels pour la capture de C02 ont tendance à ralentir.
Pourtant, il y a urgence.
Car à coté du charbon, on continue à recourir aux autres carburants fossiles : on découvre de nouveaux gisements de gaz et de pétrole gigantesques (comme au large des côtes brésiliennes) et on exploite à grande échelle les sables bitumineux ou les gaz de schistes. Les réserves de ces deux derniers à eux seuls représentent bien plus que celle de pétrole.
En attendant, la mer monte (3), les réfugiés climatiques sont toujours plus nombreux (4), les naturelles se multiplient (5), les calottes glaciaires fondent de plus en plus vite (6), le permafrost commence à dégeler et à dégager du méthane (7), … la production mondiale de charbon accélère.
Déjà en 2009, le coût du réchauffement climatique était de 125 milliards de dollars et surtout de 300 000 décès dans le monde. (8) En 2030 l’impact du réchauffement sera de 300 milliards $ et de 1 million de morts par an.
Vive le charbon !
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(1) Prévision de Edward Cunningham de l’Université de Boston aux États-Unis.
(2) La concentration de C02 dans l’atmosphère a augmenté d’environ 36 % depuis deux siècles du fait des activités humaines
(3) La montée des eaux des océans représente pourrait atteiindre plusieurs mètres d’ici 2100 selon certaines estimations.
(4) On estime à 20 millions le nombre de réfugiés climatiques en 2008, et à 200 million par an à l’horizon 2050 (source Planetoscope)
(5) Les catastrophes naturelles dans le monde
(6) La fonte de la calotte antarctique représentait en moyenne 247 milliards de tonne en moyenne annuelle de 2006 à 2009 ; soit 7,8 millions de litres par seconde ! !
(7) Les émissions de méthane par le permafrost (ou perlégisol) de la calotte sibérienne représentaient déjà 8 millions de tonnes ou 254 kilos de méthane par seconde, sur une surface de 2 millions de km2.
(8) Estimations publiées par le Forum humanitaire mondial en mai 2009.