À l’occasion de la fondation d’Agroecology Europe, une association européenne pour la promotion de l’agroécologie, consoGlobe.com a rencontré son secrétaire, Alain Peeters. Nous l’avons interrogé sur sa conception de l’agroécologie et sur les bouleversements que traverse le monde agricole.
« Plus intensive en intelligence »
La sortie de cette impasse passerait donc par arrêter la course à la productivité et d’opérer un retour à une agriculture paysanne, plus autonome, et de développer des micro-fermes autour et à l’intérieur des villes. De plus, ce type d’agriculture est créateur d’emploi, puisque l’on favorise la main-d’oeuvre au capital. L’agroécologie apporte aussi des techniques nouvelles mais elles sont adaptées avec un coût raisonnable. Ce modèle a donc aussi un aspect holistique, c’est-à-dire qu’il comprend l’entièreté du système ainsi que les relations entre ses différentes composantes.
Selon les mots d’Alain Peeters, l’agroécologie est « plus intensive en intelligence ». Elle repose sur l’importance des connaissances et de l’observation. La gestion des exploitations est plus fine, plus intelligente et en accord avec la nature. Elle comporte aussi une dimension participative entre les scientifiques et les agriculteurs. Les connaissances se complètent, mises sur un pied d’égalité, et non plus imposées par le haut. Les innovations sont plus rapides et plus aisément acceptées par le monde agricole.
Un modèle qui s’impose
Partout en Europe, l’agroécologie se développe surtout au Nord et à l’Ouest. En France, le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll a demandé, en 2012, un rapport sur le sujet. Une dynamique est en marche au ministère et des commissions se sont créées au sein de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique).
Des politiques volontaristes sont nécessaires et cela doit aussi se passer aussi au niveau de l’enseignement. Si des mastères en agroécologie voient le jour, il reste un chantier important dans les lycées agricoles, où le sujet est très peu abordé. Les premières actions d’Agroecology Europe devrait donc se concentrer sur l’objectif de stimulation de la recherche et de l’enseignement, par l’organisation de conférences et la création d’un inventaire des initiatives européennes : une sorte de « cartographie de l’agroécologie en Europe ». Ces actions devraient être définies en mai-juin lors d’une seconde réunion de l’association.