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Une vague verte d’un nouveau genre déferle sur les villes de l’Hexagone et d’Europe, après avoir conquis l’Amérique du Nord : toits cultivés, jardins partagés, balcons de biodiversité, friches exploitées, micro-f’ermes… Chaque parcelle libre, même de quelques mètres carrés suffisent pour qu’un potager y fleurisse !

Tant est si bien que d’après la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), l’agriculture urbaine et périurbaine (AUP) serait pratiquée par 800 millions de personnes dans le monde, et fournirait déjà de la nourriture à un quart de la population urbaine mondiale… Une tendance qui devrait évoluer considérablement d’ici à 2030, d’autant que la croissance rapide des villes met de plus en plus à rude épreuve les systèmes d’approvisionnement alimentaire urbains, et que les besoins alimentaires et plus précisément ceux en produits et aliments frais se sont accrus.

En effet, l’urbanisation va souvent de pair avec pauvreté et insécurité alimentaire croissantes, essentiellement liées au chômage, à la hausse des prix, à la dépendance vis à vis de produits alimentaires importés, à la domination croissante des supermarchés et des chaînes de restauration rapide, et aux défis posés par le changement climatique…. Dans ce contexte, l’agriculture urbaine semble la seule solution pour renforcer la résilience du système alimentaire urbain, améliorer l’accès des citadins démunis aux aliments nutritifs, générer de l’emploi et des revenus, et aider la ville à s’adapter au changement climatique et à réduire son empreinte écologique.

Il n’y a pas un  modèle d’agriculture urbaine unique : l’idée de cultiver en ville prend de nombreuses formes à travers le monde, à New-York, Montréal, Shanghaï, Singapour ou encore Paris, chacune répondant à des besoins spécifiques de la cité et mettant en oeuvre des circuits courts, bénéfiques à l’économie locale.

On voit déjà que l’agriculture urbaine a tout bon : elle fournit des aliments frais, génère des emplois, recycle les déchets urbains, crée des ceintures vertes, et renforce la résilience des villes face au changement climatique. Ainsi, elle ne désigne pas uniquement les notions de jardinage, d’élevage d’animaux, d’apiculture, de production et de transformation de produits en ville, mais permet également la remise en question des circuits de distribution actuels et de questionner nos modes de consommation. L’AUP gagne également du territoire dans les domaines de l’architecture et l’urbanisme lorsqu’il s’agit de repenser la ville de demain.

Cependant, l’AUP n’est pas encore facilement reconnue et incluse dans les politiques agricoles et la planification urbaine de nombreux pays. Ainsi, certains producteurs opèrent-ils parfois sans permis, ne reçoivent aucune aide publique et échappent au contrôle de l’État. Or, cultiver en ville peut comporter des risques sanitaires et environnementaux non négligeables : utilisation potentielle de terre et d’eau contaminées, mauvaises odeurs, pollution sonore, usage inapproprié de pesticides ou d’engrais pouvant polluer les sources d’eau, etc…

Pratique multi-échelles et multi-acteurs qui oblige à réfléchir à une nouvelle gouvernance, il est donc nécessaire dès à présent, d’intégrer l’agriculture urbaine aux stratégies nationales et locales de développement agricole, aux programmes alimentaires et nutritionnels, et à la planification urbaine. Pour que tout le monde mange à sa faim à l’avenir !

Illustration bannière : Agriculture urbaine : une Windowfarm – © Trong Nguyen Shutterstock

les modèles d'agriculture urbaine

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