6 gestes simples pour aider les abeilles

Les abeilles sont menacées du syndrome d’effondrement, autrement dit de disparition. Une catastrophe potentielle que chacun peut modestement contribuer à repousser par de petits gestes. Découvrez quelques gestes simples pour aider les abeilles !

Rédigé par Jean-Marie, le 16 May 2022, à 8 h 12 min
6 gestes simples pour aider les abeilles
Précédent
Suivant

Depuis plusieurs années, le constat est le même partout dans le monde : des colonies entières d’abeilles dépérissent. C’est le fléau dit de Colony Collapse Disorder (CCD) ou syndrome d’effondrement des colonies. Outre l’indignation que suscite le déclin des abeilles sur un plan purement écologique, l’impact économique est bien réel : la pollinisation, par les services écologiques et agricoles qu’elle rend, ne pèse pas moins de 153 milliards de dollars dans l’économie mondiale. Comment aider les abeilles et les sauver ?

Le syndrome d’effondrement doit être stoppé

À titre d’exemple, en 2016, avec 9.000 tonnes, la production de miel était passée en dessous des 10.000 tonnes de 2014, année considérée jusque-là comme la pire pour l’apiculture française. La production de miel a été divisée par trois en vingt ans !

aider abeilles

Abeille en plein travail de récolte © Dirk Daniel Mann

Un groupe international et indépendant de 53 scientifiques a mené une série d’études sur le rôle fortement présumé des pesticides systémiques, c’est-à-dire qui pénètrent dans la plante, sur le déclin des populations d’abeilles. Leurs conclusions confirment les pires craintes : parmi les pesticides les plus redoutés, les néonicotinoïdes sont responsables de l’intoxication des abeilles qui butinent les fleurs traitées, entraînant ainsi leur mort.

En 2013, un moratoire européen ordonné par l’EFSA a voté l’interdiction pour deux ans des molécules jugées les plus dangereuses. En septembre 2018, la France interdisait 5 néonicotinoïdes…

Lire aussi : Cinq néonicotinoïdes interdits pour sauver les abeilles

Mais cela sera-t-il suffisant, quand on sait que les pesticides contaminent les sols par infiltration, et l’atmosphère par pulvérisation ? Probablement pas, d’où l’importance de connaître les gestes qui peuvent aider les abeilles au quotidien, même s’ils sont modestes par rapport à l’impact des pesticides.

Carte d’identité de l’abeille domestique

Nom scientifique : Apis Mellifera

Embranchement : arthropodes

Classe : Insectes

Ordre : hyménoptères

6 gestes de secourisme pour aider les abeilles en détresse

La première chose à faire est de faire connaître la menace qui pèse sur les abeilles. Car tout le monde n’est pas au courant du danger que l’agriculture et l’environnement modernes font peser sur nos chères petites ouvrières du pollen.

aider abeilles

Abeille domestique chargée de pollen © kojihirano

On le sait, les abeilles sont si précieuses que sans elles, notre agriculture et notre survie alimentaire sont menacées. Elles sont si cruciales que sans les abeilles, certains voient la fin du monde. En effet, sans pollinisation, ce sont plus de 130 types de récoltes qui seraient menacées – et ceci sans parler des dizaines de milliers de plantes sauvages.

Voici donc six gestes concrets que vous pouvez mettre en oeuvre pour aider les abeilles.

Geste #1 pour aider les abeilles domestiques : consommez plus de miel !

Vous pouvez tout d’abord acheter du miel produit près de chez vous de manière à soutenir les apiculteurs de votre région. Et au passage, redécouvrez combien le miel est un aliment délicieux qui peut bien souvent remplacer le sucre blanc d’un faible intérêt nutritionnel.

Le miel : une composition magique

Connu et récolté de tout temps à travers le monde, le miel est doté d’incroyables vertus : antiseptique, tonifiant et cicatrisant, il se pare ensuite de propriétés plus spécifiques en fonction de la plante dont il est issu. Par exemple le miel de bruyère sera plus anti-fatigue, celui de tilleul, apaisant… Sa composition est unique :

  • Glucides : environ 80 % (dont : 38 % de fructose, 31 % de glucose, du saccharose et du maltose)
  • Eau : moins de 20 %
  • Protéines : moins de 1 % ( contenant divers acides aminés)
  • Vitamines des groupes B (B1, B2, B3, B5, B6) et C et d’autres vitamines en quantité moindre
  • Sels minéraux : moins de 0,5 % (parmi une liste d’une trentaine d’éléments comme le calcium, le sodium, le magnésium, le fer)
  • Des lipides en faible quantité
  • Des traces de pollens

Outre sa teneur en macro-éléments et en vitamines, le miel possède un pouvoir sucrant plus élevé que le sucre blanc. Moins énergétique (300 kcal aux 100 g contre 400 pour le saccharose) et de bien meilleure densité nutritionnelle, il a donc toute sa place comme « édulcorant » totalement naturel.

aider abeilles

Tartine de fromage frais au miel © Africa Studio

Miel et abeilles – Le saviez-vous ?

Il faut butiner 1 million de fleurs pour faire 1 kg de miel ! Les abeilles parcourent l’équivalent d’un tour de la Terre pour butiner.

Geste #2 pour aider les abeilles – Plantez un jardin favorable aux insectes pollinisateurs

Si vous disposez d’un jardin, d’un balcon, ou de quelques pots, tout d’abord, plantez autour de vous ! Procurez-vous des graines bio de fleurs variées de préférence dites « mellifères » (dont le nectar permet de produire du miel), et parsemez-en votre jardin, votre terrasse ou vos balcons. Ne coupez pas votre gazon trop ras et laissez les petites fleurs s’y épanouir.

aider abeilles

Une jachère fleurie, un paradis pour abeilles © Janecc

Puis laissez pousser une zone « sauvage » dans votre jardin où vous ne tondrez pas régulièrement ou pas du tout : cette zone deviendra rapidement une zone de biodiversité fort appréciée des insectes et des abeilles. Vous pouvez laisser pousser une zone une année, et la changer d’endroit l’année suivante.

Quelles graines planter pour soutenir les colonies d’abeilles domestiques comme sauvages ?

Les meilleures espèces de fleurs pour les abeilles sont donc les plantes dites mellifères. Celles-ci sont en effet des sources de pollen, de protéines, et de nectar pour les insectes butineurs. Elles leur permettent de satisfaire leurs besoins alimentaires et d’allonger leur durée de vie.

Les abeilles adorent les bulbes de dahlias, de lis, de nérine, de glaïeul d’Abyssinie (Gladiolus callianthus, ou Acidenthera). En automne, offrez-leur toutes les variétés de fleurs de crocus pour qu’elles y trouvent une nourriture riche pour l’hiver.

Il y a deux listes de semences « pro-abeilles » en fonction des sols :

  • Sol sec ou calcaire  : coquelicot, cameline, origan, cardon, réséda jaune, etc.
  • Sol humides ou frais : grande bardane, chicorée, verge d’or, vipérine, phacélie, etc.

Aménagez un point d’eau

Pour prospérer, les abeilles ont besoin d’une source d’eau fraîche près de leur ruche. Cette eau leur sert à  diluer le miel qui nourrit les larves, mais aussi à rafraîchir la ruche.

Prévoyez donc un petit bassin pourvu d’un îlot qui sort de l’eau en pente douce, car les abeilles peuvent se noyer dans les bassins ou étangs trop larges et à bords trop raides. Un point d’eau du type bassin à oiseaux dont vous changez l’eau régulièrement convient très bien.

aider abeilles

Les abeilles ont aussi besoin de boire © Photografiero

Geste #3 pour aider les abeilles – Sus aux pesticides dans le jardin

On pense que les abeilles, comme tous les insectes et les fleurs sauvages d’ailleurs, souffrent grandement de l’utilisation trop massive de pesticides en particulier et de produits phytosanitaires en tous genres. Pour aider les abeilles, proscrivez donc tout pesticide et herbicide de votre jardin.

Bonne nouvelle !

À partir du 1er janvier 2020, il sera interdit aux personnes privées ou publiques d’utiliser des produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts, des forêts ou des promenades « accessibles ou ouverts au public et relevant de leur domaine public ou privé »

Si vous faites vos propres purins, vos décoctions et toutes préparations à base de plantes destinées à « traiter » votre potager (contre les champignons, les insectes ravageurs, etc.) ou pour servir d’engrais, n’en abusez pas non plus. Le but de la démarche étant de développer un principe actif d’une plante en la transformant, ce principe actif concentré dans votre produit peut, lui aussi, être nocif pour les abeilles.

Geste #4 pour aider les abeilles – Hébergez des abeilles

Autre petit geste assez simple, la construction d’un abri pour abeilles sauvages. Vous pouvez le fabriquer vous-même. Il protégera les abeilles notamment de l’hiver !

aider abeilles

Abri pour abeilles sauvages © lcrms

Vous n’avez pas l’âme bricoleuse ? Beehome est fait pour vous.

Geste #5 pour aider les abeilles domestiques – Parrainez une ruche

Dorénavant, chacun peut participer à une démarche qui vise à multiplier les ruchers, et les chances de survie des abeilles, comme le parrainage d’une ruche ou d’une fraction de ruche. Certains sites, comme untoitpourlesabeilles.fr par exemple, permettent en effet de s’associer à plusieurs pour parrainer une ruche.

Pour une ruche abritant une colonie d’abeilles d’environ 40.000 à 60.000 abeilles, on peut s’associer à 10 personnes : un parrain par tranche de 4.000 abeilles. Votre nom sera inscrit sur la ruche, les pots de miel, ainsi que la page du site, sauf avis contraire de votre part bien sûr.

Chaque année, les abeilles vous remercient en vous envoyant les pots de miel correspondant à votre parrainage : pour les consommer vous-même ou les offrir à des amis, et ainsi faire connaître ainsi la nécessité de les protéger.

aider abeilles

Retour à la ruche © Klagyivik Viktor

Geste #6 pour aider les abeilles – Aidez à la lutte contre les frelons asiatiques

On estime qu’il faut 10 frelons asiatiques pour détruire une ruche entière d’abeilles. Un coup dur pour l’apiculture française qui souffre déjà depuis plusieurs années d’une diminution importante du nombre d’individus présents dans les ruches.

Les frelons asiatiques construisent d’énormes nids sphériques qui sont faciles à identifier et qu’il faut détruire : si vous constatez la présence d’un tel nid en haut d’un arbre de votre jardin, ne construisez pas de pièges – car ils pourraient tout aussi bien piéger les abeilles, mais signalez-le rapidement à la mairie de votre commune ou au Muséum d’Histoire Naturelle.

Illustration bannière : Abeille qui butine – © Shutterstock. 
Pour vous c'est un clic, pour nous c'est beaucoup !
consoGlobe vous recommande aussi...



Jean-Marie Boucher est le fondateur de consoGlobe en 2005 avec le service de troc entre particuliers digitroc. Rapidement, il convertit ses proches et sa...

73 commentaires Donnez votre avis
  1. Manger du miel….en séparant le bon grain de l’ivraie…. quand on voit que plus de 50% de la consommation Fr est importée de Chine et d’ailleurs sans traçabilité réelle (sirops de glucose, autres coupages et fraudes sur l’étiquetage galopent). Que fait la Police….il est temps d’être très sélectif et vigilant sur les produits présents en rayon.

  2. Petite participation à votre article : plasticienne j’ai réalisé une nouvelle série sur le thème des abeilles. Cette série de dessins aux crayons de couleur évoquant, par une suite d’abeilles mortes, la pollution par les substances chimiques et les pesticides utilisés dans l’agriculture. A découvrir :

    1011-art.blogspot.com/p/vous-etes-ici.html

    Mais aussi, en lien direct, une réflexion sur l’utilisation des produits phytosanitaires : h1011-art.blogspot.com/p/hommage-magritte.html

  3. J’habite en Lozère en pleine forêt sur un terrain de 7 ha. très escarpé. J’ai quand même pu faire des petites parcelles plates. J’ai ensuite invité un apiculteur à y placer des ruches, et il en a placé une cinquantaine dans un endroit complètement BIO sans aucun pesticide ou une quelconque pollution dangereuse pour les petites abeilles. Les seuls dangers ce sont les frelons Asiatiques, mais je les combat avec des pièges adaptés pour ne pas détruire des abeilles, il en existe de bons rien que sur Youtube on en voit des dizaines……

  4. Il faut préserver tous les insectes; ils ont tous un rôle important dans la nature, pour cela il faudrait que l’état (qui s’en fou complètement et aiderait plutôt à leur élimination) habitue nos jeunes à les reconnaitre tout simplement par l’éducation à l’école ou avec des découvertes dans la nature; il n’y a pas que les pollinisateurs qui sont utiles, les détritivores et tous les autres aussi !

  5. bonjour, hier j’ai découvert une abeille butinant sur un plant de serpolet acheté en jardinerie. Elle est revenue aujourd’hui, j’habite au 6° étage !… et j’ai choisi lavandes, géraniums, thym, ciboulette, sur mon balcon.
    J’habite au Cannet Alpes Mmes.

  6. Il y a de belles initiatives pour sauver les abeilles: allez voir le projet POLLEN FACTORY: fr.ulule.com/pollen-factory et contribuez à sa réussite en donnant 5 euros ou plus. Pollen Factory vendra des plants de lavande bio de bonne qualité et non stériles. C’est accessible à tous, jardin ou pas il suffit d’un petit bout de balcon, d’un rebord de fenêtre. Pensez-y!

  7. je veux simplement connaitre comment donner des compléments alimentaires pour les abeilles et les bourdons et pas entendre des banalités rabachées depuis 20 ans !

  8. Bannissez les fleurs doubles, au profit des fleurs simples, beaucoup plus riches en pollen et en nectar.
    Quelles que soient les plantes mellifères que vous choisirez de semer ou de planter au jardin, l’idéal est de multiplier les espèces, afin d’avoir une grande diversité de fleurs et des floraisons échelonnées sur toute l’année.

  9. ABEILLES ET MOUTON À DEUX PATTES

    Que ce soit dans le domaine apicole, ou, même, par rapport à beaucoup d’autres, il est à craindre aujourd’hui, hélas, que même sonner le tocsin ne suffise plus. Pas plus qu’aucune sorte de glas, d’ailleurs !
    La raison en est que le « mouton » à deux pattes semble avoir déjà pris ses quartiers dans la plus morne, la plus funeste des cellules carcérales qu’une société, y compris actuellement la nôtre, ait jamais pu imaginer pour contraindre quiconque à baisser la garde. C’est-à-dire, lui-même.
    Quand à sa fantasmatique canne à pêche, aux libertés ferrées, elle n’attrape plus que des poissons morts.
    D’ailleurs, même la porte rouillée de son sinistre cachot, qui claque désormais au vent de ses renoncements et de ses rêves abandonnés sur le carreau de son indifférence, ne s’ouvre plus que sur le néant sidéral du cimetière moral de ses coupables complaisances.
    Du reste, ennuyé de lui-même, et le coeur à demi vide, à l’instar d’une vieille gourde percée, il semble que plus rien nulle part ne l’intéresse.
    Excepté, peut-être, de pouvoir encore brouter -tranquille- quelques brindilles du foin humide que ses maîtres mondialistes consentent encore à lui jeter. Pour l’instant !…

  10. Non, ne pas manger plus de miel car les abeilles produisent leur stock alimentaire de la ruche et nous, nous pillons leur réserve. Mais surtout manger du miel local au sein de petit rucher sans élevage de reines. Faire respecter les épandages de produits toxiques aux horaires légaux (après 18h00), favoriser la biodiversité florale (des fleurs toute l’année et pas simplement les plus voyantes) mais surtout semer et planter ce qui est local, il suffit de regarder autour de soi afin de savoir ce qui pousse naturellement chez soi. Il faudrait simplement du bon sens et surtout de l’observation, pas de la théorie.

    • Il faut bien sure manger du miel pour qu’il y ai des apiculteurs.
      Ce sont des techniciens qui aident, abritent, soignent les abeilles grace a eux les abeilles produisent du miel en excédent dont nous pouvons profiter, un échange profitable a l’homme et l’abeille .Par contre l’agriculture actuelle est nuisible pour tout homme ,animaux rivières .

Moi aussi je donne mon avis