Les conditions de vie des truies dans les exploitations intensives sont dénoncées aussi bien aux États-Unis, où le nombre de cas de prolapsus explose, et en Italie, où des images montrant des animaux entassés, confinés, mal soignés, ont choqué.
Aux États-Unis, le taux de mortalité augmente chez les porcs. L’élevage intensif, pointé du doigt, est remis en question par la hausse du nombre d’animaux souffrant de prolapsus.
Une hausse de la mortalité des truies dans les exploitations américaines
Aux États-Unis, la hausse du taux de mortalité des porcs entraîne une alerte générale dans le secteur de l’élevage. Et pour cause, selon les chiffres d’une organisation américaine qui collecte les données de 800 entreprises, le taux de mortalité est passé de 5,8 % à 10,2 % dans les exploitations possédant plus de 125 truies entre 2013 et 2016.
Un taux de mortalité chez les truies qui explosent aux États-Unis © Zhao jian kang
La cause est connue : une augmentation inquiétante du prolapsus (l’effondrement du rectum, du vagin ou de l’utérus de l’animal). Dans certains cas, le prolapsus lui-même est fatal. Dans d’autres cas, le cochon est euthanasié. Selon un rapport établi en 2017, certaines exploitations en paient le prix fort : le prolapsus y est responsable de 25 % à 50 % des décès de truies.
97 % des 73 millions de porcs aux États-Unis sont élevés dans des bâtiments fermés sans bouger
Une étude commune entre plusieurs organismes vétérinaires spécialisés est menée dans l’Iowa, premier producteur de porc du pays. Elle vise à collecter des données détaillées sur 400.000 truies dans plus de 100 exploitations réparties dans 16 États.
Pour l’heure, aucune enquête n’a permis de fournir des résultats concluants sur l’origine de cette hausse de cas de prolapsus. Mais certains experts accusent les systèmes de confinement dans les exploitations agricoles intensives.
Les truies vivent dans des caisses de gestation © Orest lyzhechka
Et les conditions de vie des porcs sont visées. On estime que 97 % des 73 millions de porcs aux États-Unis sont élevés dans des bâtiments fermés. En général, les truies y vivent dans des caisses de gestation ou de mise bas qui ne leur permettent pas de se lever ou de se retourner.
La truie produit en moyenne 23,5 porcelets par an, soit dix par portée. Après deux à quatre portées, la plupart des truies sont remplacées par des plus jeunes, capables de produire des porcelets à un taux plus élevé.
Pour Leah Garces de l’ONG Compassion in World Farming : « Nous avons introduit une contradiction dans ces animaux. Au cours des dernières décennies, les truies ont été croisées pour avoir moins de graisse dorsale – parce que les gens ne veulent pas manger autant de graisse – mais on veut aussi qu’elles produisent de plus en plus de bébés. Or ce n’est pas biologiquement possible : leurs os sont faibles et elles n’ont pas assez de graisse pour supporter le processus de reproduction. Nous les avons poussés au maximum et ces animaux nous le disent » !
Un jambon de Parme au goût amer
En Italie, des images filmées par l’association Essere Animali ont elles aussi choqué l’opinion. Des militants végans ont réalisé clandestinement un reportage dans les élevages intensifs de cochons. Ils ont découvert des animaux entassés, confinés, mal nourris, mal soignés et même cannibales.
Les responsables d’une dizaine de ces fermes d’élevage intensif ont déjà été condamnés à verser une amende.
L’organisation accumule ainsi des heures d’horribles scènes de maltraitance afin d’interpeller sur les conditions de vie des porcs qui deviendront du jambon haut de gamme. Pour rappel, l‘appellation d’origine protégée du jambon de Parme représente 8 millions de cuisses de porc vendues et 800 millions d’euros de chiffre d’affaire par an.
Une belle image de jambon de qualité écornée par la triste réalité.
Illustration bannière : Des conditions de vie terribles pour les porcs des élevages industriels – © acceptphoto