Parmi les causes possibles du fameux syndrome de l’intestin irritable, dont les symptômes sont handicapants, la consommation de certaines fibres alimentaires. Explications.
Les causes possibles du fameux syndrome de l’intestin irritable (SII) (ou troubles fonctionnels intestinaux, ou encore colopathie fonctionnelle) font l’objet de nombreuses recherches depuis les années 1980. Une étude américaine parue dans The American Journal of Gastroenterology (1) met notamment en lumière l’efficacité d’un régime qui diminue la consommation de certaines fibres alimentaires contenues dans les végétaux et les céréales sur les symptômes de cette maladie pas toujours facile à vivre.
Syndrome de l’intestin irritable : sucres et fibres en cause
L’acronyme FODMAPs est composé des premières lettres des nutriments suivants : « Fermentable by colonic bacteria Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides And Polyols », ce qui signifie en Français : oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles par la flore intestinale.
Il s’agit des différents types de sucres qui composent la famille des glucides, et dont la plupart sont des fibres, c’est-à-dire qu’elles sont faiblement absorbées dans l’estomac et l’intestin grêle et qu’elles peuvent ensuite fermenter dans le colon.
On trouve ces fibres dans de nombreux aliments, surtout parmi les fruits et légumes, les légumineuses, les céréales et dans certains produits laitiers (surtout ceux non fermentés).
Liste des aliments pourvoyeurs de FODMAPs :
Types de sucres |
Sucres visés |
Sources |
Oligosaccharides |
FOS (fructo-oligosaccharides), GOS (galacto-oligosaccharides)
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Blé, orge, seigle, oignons, poireaux, ail, échalote, artichaut, betterave, fenouil, petits pois, chicorée, pistache, noix de cajou, légumineuses, lentilles et pois chiches
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Disaccharides |
Lactose |
Lait, fromages frais non affinés |
Monosaccharides |
Fructose (lorsqu’il est en excès par rapport au glucose)
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Pomme, poire, mangue, cerise, pastèque, asperge, sucre de table, pois mange-tout, miel, sirop de glucose-fructose
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Polyols |
Sorbitol, mannitol, maltitol et xylitol
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Pomme, poire, abricot, cerise, nectarine, pêche, prune, pastèque, champignon, chou-fleur, chewing-gums et sucreries diverses
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Source : CERIN.
L’intérêt de cette étude est de donner une liste plus précise et plus longue que les études précédentes qui se sont focalisées seulement sur des sucres précis.
Le syndrome du côlon irritable :
Chez les patients atteints du syndrome du côlon irritable, la fermentation des fibres dans le colon entraîne 2 phénomènes :
- une distension du colon qui cause des douleurs intestinales,
- la production de gaz qui cause des flatulences.
Ces symptômes s’accompagnent le plus souvent soit de diarrhées, soit de constipations, ou alors des 2 en même temps.
Donc cette fois, dans cette pathologie, les fibres n’ont pas les effets bénéfiques habituels.
Intestin irritable : diminuer les FODMAPs
Les auteurs ont comparé les résultats des symptômes du syndrome de l’intestin irritable sur 2 groupes : le premier n’avait aucun régime, tandis que le second se voyait attribuer un régime qui diminuait la consommation de FODMAPs pendant 6 à 8 semaines.
Attention : il s’agit bien d’une diminution de ces aliments, pas d’une suppression complète ! Les auteurs précisent aussi que ce régime doit être mis en place avec l’aide d’un diététicien-nutritionniste, jamais par le patient tout seul, car il doit être adapté à chaque cas particulier.
Le résultat est spectaculaire : 74 % des patients du 2e groupe ont vu leurs symptômes diminuer (flatulences et douleurs).
Autre avancée de l’étude : les auteurs de l’étude précisent que TOUS les sucres ne sont pas nécessairement impliqués ensemble ! C’est l’effet cumulatif de ceux qui sont vraiment impliqués, qui crée les douleurs et les flatulences.
Les auteurs établissent aussi un lien avec l’état général du microbiote (la flore intestinale), dont les conséquences sur l’état général et celui du système digestif en particulier, font l’objet d’intenses recherches actuellement.
Repérer les sucres incriminés
Pour savoir exactement quels types de sucres sont incriminés – et parce qu’un tel régime ne peut être poursuivit plus longtemps sans engendrer de carences -, les auteurs préconisent de faire ensuite des tests de réintroduction de chaque sucre individuellement.
Un autre test efficace est recommandé pour aider à cette identification : le test de l’hydrogène expiré (dont les molécules sont différentes selon les sources de sucres).
L’avis de la diététicienne :
– Attention aux faux régimes !
À l’instar du CERIN (Centre de Recherche et d’Information Nutritionnelles : département santé de l’interprofession des produits laitiers) qui a aussi repris cette étude, je note aussi que certains régimes médiatisés (paléolithique, anti-candida) disent réduire les symptômes des problèmes intestinaux. Mais ils ne sont basés sur aucune étude scientifique. Et conseillent même des aliments qui contiennent les FODMAPs !
Le lactose est aussi souvent incriminé, car son intolérance est bien connue, mais dans le syndrome de l’intestin irritable, l’étude américaine montre bien que c’est un cocktail de différents sucres qui est en cause, et non pas le lactose seul.
– Un régime = une pathologie
Tout régime ne doit pas être poursuivi longtemps : il doit répondre uniquement à une pathologie précise et donner une réponse rapide et corrective qui permettra d’éliminer les aliments responsables du mal, mais pas tous les autres ! C’est le seul bienfait d’un « vrai » régime, qui doit être suivi par des professionnels de la nutrition, surtout pour ce genre de pathologies.
D’autres conseils sur l’alimentation :

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(1) Sherpherd SJ, Lomer MCE et Gibson PR. Short-chain carbohydrates and functional gastrointestinal disorders, The American Journal of Gastroenterology, mai 2013.