Les souffleurs de feuilles pullulent en automne. Ils présentent pourtant plusieurs effets nocifs pour la santé de l’homme, mais aussi pour la nature.
« Déjà plus d’une feuille sèche, Parsème les gazons jaunis ; Soir et matin, la brise est fraîche, Hélas ! les beaux jours sont finis ! », écrivait Théophile Gautier dans sa « Chanson d’automne ». On pourrait ajouter à la fin de cet extrait « Vrrrroooouuummm ». Si vous ne l’avez pas reconnu, c’est le « doux bruit » d’un souffleur de feuilles, de sortie en ce début d’automne. Un appareil dont l’utilisation par les municipalités ou les particuliers fait débat.
Le souffleur de feuilles néfaste pour l’homme et la nature
Vous ne pouvez pas les rater. Depuis quelques années, les souffleurs à feuilles sont les meilleurs amis des agents municipaux, dont le ramassage des feuilles dans les parcs ou jardins, tâche parfois fastidieuse, est facilitée par leur utilisation. De plus en plus de particuliers s’équipent aussi de cet appareil, disponible à un prix abordable de 40 euros, même si les plus coûteux peuvent aller jusqu’à 500 euros. Pourtant, son utilisation s’avère néfaste pour la nature, mais aussi pour les hommes.
Un bruit équivalent à celui d’une tronçonneuse
Commençons par le principal désagrément, qui n’a échappé à personne : son bruit. Quoi de plus désagréable que d’entendre cet infernal « Vrrroouuummm » quand on se balade tranquillement ? Logique lorsque l’on sait que certains souffleurs de feuilles sont tout simplement nocifs pour l’ouïe : le seuil de 85 décibels, limite pour la santé, est parfois dépassé par ces engins, qui peuvent monter jusqu’à 105 décibels selon un rapport du Canton de Genève. Soit le bruit d’une tronçonneuse. Pas le plus mélodieux que l’on connaisse…
Les souffleurs de feuilles, source de nuisances sonores et de pollution – © trammy
Les risques de brûlures et les maux de dos, car l’appareil pèse plusieurs kilos parfois, sont également signifiés sur les notices d’utilisation. Rien de bien rassurant.
Un mélange de carburant et d’huile
Pour utiliser l’appareil, il faut également porter des lunettes de protection et des manches longues, afin d’éviter de recevoir des débris volants. Et surtout un masque, car les souffleurs de feuilles disséminent des poussières avec une certaine puissance, ce qui accélère leur diffusion et peut avoir des conséquences directes sur la santé : toux, risques pour les asthmatiques et danger pour les yeux. Même chose pour les pollens, auxquels certaines personnes sont allergiques.
Autre point important à souligner : ces engins sont généralement polluants. Les souffleurs thermiques à deux ou quatre moteurs, comptant parmi les plus « efficaces » du marché, fonctionnent avec un mélange de carburant et d’huile et renvoient des gaz d’échappement dans l’air.
Pourquoi se débarrasser des feuilles mortes ?
En 2011, une étude menée aux États-Unis et relayée dans le Washington Post a démontré qu’un souffleur de feuilles avait émis 299 fois plus d’hydrocarbures qu’une camionnette en une demi-heure d’utilisation, mais aussi plus de monoxyde de carbone et d’oxydes d’azote qu’un pick-up ou qu’une berline. C’est tout sauf anodin puisqu’il s’agit de composants responsables de pluies acides et participant au réchauffement climatique.
Un constat qui ne vaut pas pour les souffleurs de feuilles électriques, fonctionnant sur secteur ou sur batterie, mais plutôt utilisés sur de petites surfaces. Il faut donc plutôt privilégier ce type d’appareils, qui se révèlent également moins bruyants, même si, plus généralement, leur utilisation n’est pas vraiment conseillée pour l’équilibre de la faune et de la flore.
Une utilisation parfois réglementée
En effet, enlever les feuilles mortes, c’est priver le sol de matières organiques apportées naturellement par celles-ci. C’est aussi priver certains invertébrés de nourriture, quand les souffleurs ne les tuent pas simplement. Sans parler des nuisances citées ci-dessus, qui sont également valables pour les animaux. Autant de points négatifs qui ont poussé certains à agir.
Le râteau est bien meilleur ! © Margaret M Stewart
Dès les années 1970, des villes de Californie avaient interdit l’utilisation des souffleurs de feuilles. Leur utilisation est généralement réglementée dans certaines villes, comme à Genève(1) : elle est interdite entre février et octobre et à certains horaires, comme c’est le cas pour les tondeuses à gazon (pas après 20h, le dimanche après-midi…).
Le râteau et le balai, les alternatives
Plusieurs appels à bannir leur utilisation ont été lancés. Sur Facebook, la page Stop aux souffleurs de feuilles rassemble une centaine de personnes. Car des alternatives existent.
Si vous voulez vraiment vous débarrasser des feuilles jonchant votre sol, le râteau et le balai sont des instruments tout aussi efficaces et qui étaient utilisés bien avant les souffleurs de feuilles. Ou alors pouvez tout simplement utiliser ces feuilles pour votre jardin : elles feront un excellent fertilisant naturel ou une bonne protection pour vos jeunes pousses, histoire de leur faire passer l’hiver au chaud.
Article mis à jour et republié.
Illustration bannière : souffleur de feuilles – © Smileus