Le coffre-fort de l’apocalypse suffira-t-il à préserver la biodiversité ?
Semences conservées au coeur du coffre-fort de l’apocalypse
Certains écologistes craignent que tous les efforts menés en vue de la préservation de semence ne démobilisent ceux qui oeuvrent à développer la biodiversité agricole sur le terrain, de manière durable.
Des études de la FAO montrent que des communautés telles que les Masaï du Kenya cuisinent 35 différentes espèces d’herbes, de légumes à feuilles et de fruits sauvages.
En comparaison, les régimes des pays industrialisés, après des décennies d’agriculture intensive et sélectionnée, apparaissent beaucoup plus pauvres en espèces agricoles.
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En effet, il dépendant essentiellement de 4 grandes plantes commerciales : le blé, le riz, le maïs et le soja. L’ONG espagnole GRAIN a des doutes sur la capacité des sachets fermés du Spitzberg à préserver les qualités génétiques des plantes.
Et elle s’interroge : en cas de désastre alimentaire mondial, quand il faudra redistribuer l’extraordinaire trésor, les héritiers ne se battront-ils pas pour le conserver à leur seul profit, entraînant conflits et guerres ?
Les financeurs du projet Semences du futur sèment le trouble
Le projet « Svalbard Global Seed Vault »* est le fruit d’un accord entre gouvernement norvégien, le «Global Crop Diversity Trust» et la « Nordic Gene Bank ».
Le gouvernement norvégien a financé la totalité des presque 8 millions de dollars du coût de la construction.
Le « Trust » financé et soutenu notamment par la Fondation Bill et Milinda Gates, la Fondation Rockefeller, Dupont/Pionneer, Syngenta AG, la Fondation Syngenta et la Fédération Internationale des Semences, les plus importants lobbies de l’industrie des semences, ont joué un rôle clé dans le projet de création de cette chambre forte. Et aussi, dans la coordination des acheminements d’acheminements d’échantillons des graines du monde entier vers cette chambre forte avec la coopération de la banque génétique nordique.
Le «Trust» fournit également l’essentiel du financement du fonctionnement tandis que le gouvernement norvégien finance l’entretien de la structure.
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La plupart de ces structures ne sont pas connues pour favoriser la diversité génétique et l’accès aux ressources génétiques vivantes actuelles. Pire, elles généralisent parfois la culture des organismes génétiquement modifiés (OGM).
A noter qu’il existe déjà plus de 1000 banques de graines au monde. Cependant, certaines d’entre elles sont menacées en permanence par le manque d’eau, le risque de tremblement de terre, d’inondations ou autres désastres naturels. C’est le cas notamment de celles qui se placent dans les pays en voie de développement.
Mais les concentrer en un seul endroit ne pourrait-il pas avoir un effet contre-productif ? La question reste en suspens.
La fondation Gates a fourni 20 093 482 dollars pour aider les pays en voie de développement et les centres internationaux de recherche agricole dans le conditionnement et l’acheminement des graines vers le Spitzberg. Un conseil international a été créé pour superviser et conseiller le projet avec des représentants de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale et d’autres institutions.
* Les gouvernements norvégien, australien, brésilien, canadien, colombien, égyptien, éthiopien, allemand, indien, irlandais, italien, néo-zélandais, espagnol, suédois, suisse, britannique, états-unien, le Fonds fiduciaire pour la diversité des cultures, le Global Crop Biodiversity Trust, les fondations Gates et Rockfeller, le géant des semences Syngenta ont financé pour 4 millions d’euros ce colossal coffre-fort et commencé d’y entreposer les semences depuis février 2008.