La ministre souligne que la dépendance, prise en charge par la branche autonomie, concerne principalement les retraités eux-mêmes.
Le 21 janvier 2025, Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail, a jeté un pavé dans la mare en évoquant sur TF1 la possibilité de taxer davantage les retraités bénéficiant de pensions élevées. Cette proposition vise à financer la branche autonomie de la sécurité sociale, un secteur en déficit chronique. Alors que le gouvernement cherche des solutions pour combler un trou annuel de 2,5 milliards d’euros, cette idée suscite déjà des réactions partagées.
Taxer les retraités riches : une proposition à visée solidaire
Selon la ministre, le financement actuel de la Sécurité sociale repose principalement sur les actifs et les entreprises, un modèle qu’elle estime déséquilibré. En ciblant les retraités les plus aisés, définis comme ceux dont les pensions dépassent 2 000 ou 2 500 euros par mois, l’objectif est de redistribuer une partie de l’effort fiscal. La solidarité intragénérationnelle devient ainsi le fil conducteur de cette initiative. La ministre souligne que la dépendance, prise en charge par la branche autonomie, concerne principalement les retraités eux-mêmes, ce qui justifie selon elle cette participation supplémentaire à son financement.
Cette mesure pourrait rapporter entre 500 et 800 millions d’euros par an, selon les seuils finalement retenus. Un montant élevé, mais insuffisant à lui seul pour résoudre le déficit global. Cependant, pour Astrid Panosyan-Bouvet, il s’agit avant tout d’un symbole : faire contribuer davantage ceux qui, selon ses termes, « peuvent se le permettre ».
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Un bouclier se lève contre l’idée de taxer les retraités
Le caractère clivant de cette proposition ne s’est pas fait attendre. Matignon, soucieux d’éviter une nouvelle polémique fiscale, a rapidement précisé que cette initiative reflétait une position personnelle de la ministre et non une décision officielle du gouvernement. Une déclaration destinée à apaiser les critiques tout en laissant la porte ouverte à une discussion future.
Dans les rangs de l’Assemblée nationale, plusieurs députés de la majorité, dont Mathieu Lefèvre, vice-président du groupe Ensemble pour la République, se sont fermement opposés à l’idée. Selon lui, taxer les retraités « qui ont travaillé toute leur vie » reviendrait à les pénaliser pour leurs efforts passés. D’autres voix, notamment au Sénat, défendent des solutions alternatives, comme l’augmentation du temps de travail des actifs sans compensation financière, une idée tout aussi controversée.
Les syndicats de retraités, quant à eux, dénoncent une stigmatisation injuste des pensions, rappelant que beaucoup de ces « retraités aisés » doivent encore assumer des charges importantes, telles que des emprunts immobiliers ou le soutien financier à des proches.
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