Plusieurs départements français — parmi lesquels le Morbihan, l’Ille-et-Vilaine et les Pyrénées-Orientales — sont officiellement placés en vigilance sécheresse. La France, souvent divisée par ses climats, se retrouve cette fois unie par une angoisse commune : la pénurie d’eau.
Alors que l’été n’a pas encore déployé tout son arsenal caniculaire, les craintes s’intensifient, et les experts n’y vont pas par quatre chemins : la sécheresse est bel et bien en marche.
Sécheresse : les signaux rouges de plus en plus précoces en France
La sécheresse n’est plus une hypothèse, c’est un constat. Avec une quasi-absence de précipitations, le printemps 2025 a été sec, très sec. De ce fait, la vague de chaleur qui balaie l’Hexagone depuis début juin 2025 pourrait accélérer l’assèchement des sols déjà éprouvés. Météo-France évoque même un scénario similaire à celui de l’été 2022, connu pour ses records d’aridité et ses restrictions drastiques.
Le déficit hydrique est déjà palpable. En Ille-et-Vilaine, département pourtant marqué par des inondations en janvier 2025, la situation s’est rapidement inversée. D’après le communiqué de la préfecture, « un déficit pluviométrique de 30 % à 70 % selon les zones est constaté depuis le début de l’année ». Le constat est sans appel : les précipitations hivernales n’auront pas suffi à rétablir durablement l’équilibre.
Sécheresse : situation tendue en Bretagne et dans le Sud-Ouest
Les départements bretons, souvent épargnés par les sécheresses sévères, basculent eux aussi dans l’exception. Le Morbihan est en vigilance sécheresse depuis ce 19 juin 2025, avec des restrictions sévères dans le bassin de l’Yvel. Le déficit hydrique y atteint « environ 35 % », apprend-on de l’arrêté préfectoral, et « l’indice d’humidité du sol passe en dessous de la normale ». Dans le même temps, l’Ille-et-Vilaine cumule les anomalies climatiques. Après avoir subi trois tempêtes hivernales et des crues exceptionnelles sur la Vilaine et la Seiche, les sols sont désormais en assèchement exceptionnel. Plus au Sud, les Pyrénées-Orientales tirent la sonnette d’alarme pour la troisième année consécutive : les nappes y sont en déficit chronique depuis trois ans.
Face à l’ampleur du risque, les autorités ont réactivé les outils de surveillance. Le site Vigieau.gouv.fr centralise les mesures locales, mais cela suffira-t-il à infléchir la courbe de la crise ? En Ille-et-Vilaine, par exemple, la situation est « préoccupante », et « le dessèchement exceptionnel des sols pourrait contraindre à des mesures anticipées, y compris pour l’agriculture ».
Un été 2025 à haut risque : quand le dérèglement climatique fait loi
La trajectoire de cet été s’inscrit dans une tendance structurelle : celle d’un pays dont la météo se radicalise, entre canicules précoces, hivers extrêmes et sols sur-exploités. Les professionnels de la gestion de l’eau alertent depuis des années sur l’accumulation des fragilités. Les cultures céréalières, déjà menacées par les retards de semis dus aux inondations de janvier, subissent aujourd’hui une double peine : stress hydrique et explosion des besoins en irrigation.
En résumé, la sécheresse qui s’annonce n’a rien d’un phénomène localisé ou passager. Elle est le fruit d’une instabilité climatique persistante, d’un modèle agricole vulnérable et d’une gestion de l’eau à bout de souffle. La vigilance est donc de mise, mais elle doit s’accompagner d’un changement rapide, concret et collectif. Sinon, l’été 2025 pourrait bien être le théâtre d’un basculement que personne ne pourra plus ignorer.
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