La nouvelle tendance du sans gluten qui émerge depuis quelques années prend de plus en plus d’ampleur. Les rayons de supermarché n’en finissent pas de s’agrandir chaque jour, le ‘sans gluten’ est partout et ses adeptes de plus en plus nombreux. Mais comment s’assurer que le sans gluten ne soit pas sans danger ?
Régime sans gluten : est-ce vraiment bon pour notre santé ?
Ces derniers temps, les médias évoquent souvent les régimes sans gluten et pas seulement à cause des intolérances, mais parce que cela aurait certaines propriétés. Alors bien sûr, il y a environ un million de Français réellement intolérants au gluten et qui doivent supprimer, le blé, l’orge, le seigle de leur alimentation. Ces régimes sans gluten pourraient être amincissants, ou encore faire mieux digérer, voire guérir certaines pathologies inflammatoires. Mais cette pratique n’est pas sans risque pour la santé.
Remplacer le gluten par n’importe quoi
Ce n’est pas le fait de bannir totalement le gluten qui est dangereux en soi pour la santé, mais c’est ce qui vient remplacer le gluten qui peut poser problème. Pour entamer un régime sans gluten, il est fort conseillé d’avoir un encadrement médical, car les nouveaux adeptes du sans gluten finissent par remplacer le gluten par ce qu’ils peuvent, pensent aller, voire parfois le tout venant, au risque d’avoir une alimentation déséquilibrée.
Le problème est que beaucoup de personnes adoptent le régime sans gluten de leur propre initiative. Faute de solides connaissances en nutrition, ils peuvent finir par avoir un régime déséquilibré.
Pour Boris Hansel, endocrinologue nutritionniste à l’Hôpital Bichat à Paris : « Il faut se méfier de ce qui a remplacé le gluten pour donner du goût ou pour donner de l’élasticité. On a pu y mettre des additifs ou de l’huile de palme qui contient beaucoup de mauvaises graisses ». Pour le spécialiste, « il faut se méfier de leur composition, il faut apprendre à décrypter les étiquettes et si on ne sait pas le faire, ça risque d’être délétère pour la santé ».
Etude Nutrinet : un régime sans gluten peut engendrer des déficits nutritionnels
Un régime strictement sans gluten est très difficile à suivre, il nécessite de nombreuses privations, complique sérieusement les choix alimentaires, et peut induire des carences
On risque de tomber dans des carences en glucides, en vitamines, en minéraux, en fibres. La perte de poids est, au début du régime, assez spectaculaire mais elle est totalement artificielle. Il y a également un risque réel de fatigue et de fragilisation au niveau du tube digestif. Sur le long terme, un régime sans gluten peut provoquer des troubles digestifs importants, notamment des diarrhées.
Méfiez-vous aussi, des personnes qui ne connaissent rien à la nutrition mais qui clament haut et fort des idées dans le but de faire peur aux gens quant à leur manière de se nourrir. Pour éviter tout cela et pour qu’un régime sans gluten soit efficace, il faut diversifier au maximum les sources d’alimentation. Il faut manger de tout et en quantité limitée.
Un autre élément à prendre en compte, une étude de Nutrinet(1) parue en 2013 a montré que chez les Français, 35,4 % des hommes et 65,9 % des femmes ne consomment pas assez de féculents par rapport à l’équilibre alimentaire prôné par les spécialistes. Supprimer les blés et ses dérivés ne peut qu’aggraver les choses.
De même, les Français ne consomment pas assez de fibres (18 g/jour chez les femmes et 20 g/jour chez les hommes), alors que nous devrions en ingérer au moins 25 g/jour.
Le régime sans gluten n’a donc rien de plus sain, en soi, il complique sérieusement l’alimentation pour les non-intolérants, pour des bénéfices hypothétiques et avec un risque de déficit nutritionnel non négligeable.
L’avis de la diététicienne de consoGlobe
« Les carences nutritionnelles sont effectivement avérées dans les régimes sans gluten, même chez les vrais intolérants », nous alerte Emmanuelle, diététicienne et responsable de la rubrique Alimentation de consoGlobe. « Ceux-ci doivent être suivis de près par des spécialistes pour les corriger et le combler. Que dire alors de ceux qui ne sont pas intolérants et qui ne sont pas suivis au cours de leur restriction en gluten... »
Elle poursuit : « Autre conséquence du régime sans gluten, la privation de tous les pains boulangers, de pâtes de toutes formes, dse tartes et tourtes salées ou sucrées, bref, de ce qui fait les bases de notre patrimoine culinaire français est effectivement une chose très difficile à mettre en place pour nous, Occidentaux, élevés aux grains (de blé, et pas de farine de riz). Pourquoi enlever le coeur de notre alimentation quand il n’y a pas de maladies associées avérées ? !
C’est vraiment se compliquer la vie en plus alors que l’alimentation devrait rester une chose simple, fondamentalement personnelle, et surtout source de plaisir (impossible à trouver lors des restrictions, quelles qu’elles soient).
« La responsable de l’AFDIAG (Assocation française des intolérants au gluten) s’indigne avec raison de voir que ce régime sans gluten, si contraignant et vital pour les vrais intolérants, soit récupéré comme une mode bien-être.Ces produits sans gluten sont certes plus nombreux, mais encore très chers par rapport à leur homologue avec gluten.
« S’il n’y a pas d’intolérances mais un désir de meilleure qualité alimentaire, autant de tourner vers ces produits avec gluten, mais bien faits, artisanaux ou faits maison, sans additif ou autres produits ajoutés (dont une grande partie est réellement nocif pour la santé de tous !), donc bio. La mode du sans gluten participe aussi à ce retour à une meilleure qualité alimentaire, on peut au moins lui reconnaître ça ! »
Un consommateur averti en vaut deux : avant d’entamer un régime sans gluten, faites vous conseiller par des spécialistes en nutrition.
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