Résidus de pesticides, médicaments, détergents… L’eau ne se la coule pas douce dans nos rivières

Le système hydrique français est à tel point pollué que l’on peut désormais réaliser un prélèvement dans un cours d’eau n’importe où dans le pays pour y retrouver des traces de pesticides, médicaments, cosmétiques, métaux et minéraux.

Rédigé par Anton Kunin, le 25 Oct 2021, à 11 h 20 min
Résidus de pesticides, médicaments, détergents… L’eau ne se la coule pas douce dans nos rivières
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Ces micropolluants sont susceptibles d’avoir des impacts sur les milieux naturels et la santé humaine, alertent les chercheurs de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) et de l’Office français de la biodiversité (OFB).

Cours d’eau : des « impacts chroniques » et « effets sub-létaux » à craindre pour certains contaminants

Que peut-on trouver dans une éprouvette d’eau prélevée dans une rivière, un lac ou un ruisseau ? Des traces de pesticides, médicaments, cosmétiques, métaux et minéraux bien sûr ! Pas besoin d’aller chercher loin d’ailleurs : l’immense majorité des cours d’eau français sont déjà pollués par au moins un contaminant, déplorent l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) et de l’Office français de la biodiversité (OFB), qui ont réalisé entre 2016 et 2018 une vaste étude pour identifier et quantifier ces polluants. Des prélèvements réalisés sur 1.600 sites ont été analysés.

Il en ressort que 141 contaminants organiques différents sont présents dans nos cours d’eau. La grande majorité de ces contaminants (122 précisément) « ne présentaient pas de dépassement de seuils éco-toxicologiques, ou de façon exceptionnelle sur un nombre limité de sites (moins de 5 % des sites) », font savoir les chercheurs.
Néanmoins, « pour les 19 contaminants restants, des impacts chroniques ou des effets sub-létaux sur les populations aquatiques ne peuvent pas être exclus », mettent-ils en garde.

Les substances polluantes peuvent provenir d’usages domestiques, de l’industrie, de l’agriculture ou des transports et se retrouvent dans les rivières via les rejets des stations de traitement des eaux usées ou le lessivage des sols agricoles ou urbains par les pluies © Andrii Medvediuk

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Des dépassements de seuils rares mais parfois très importants

En même temps, « sur quelques sites de prélèvement très contaminés, les concentrations de certains composés (résidus de détergents ou de biocides) peuvent dépasser de 10, voire 100 fois les valeurs de seuils d’impact chronique, laissant augurer de possibles impacts aigus sur la biodiversité locale », font savoir les chercheurs.

S’il y a un groupe de substances qui est présent dans la quasi-totalité des cours d’eau ainsi que dans la majeure partie du sédiment, ce sont les métaux, métalloïdes et minéraux. Ce sont également ces substances dont les concentrations moyennes sont les plus élevées. Quant aux substances jugées les plus problématiques (celles que les chercheurs appellent « très critiques », ce sont l’aluminium, le fer, l’uranium, le sélénium, le baryum, l’étain, le manganèse et le lithium dans les eaux en métropole et l’aluminium, le fer et le sélénium dans les eaux des départements d’outre-mer.
Dans le sédiment, les substances les plus problématiques sont l’aluminium, le manganèse, l’arsenic, le cuivre, le baryum, l’étain, le zinc et le chrome en métropole, et l’aluminium, le manganèse, le baryum et l’étain dans les départements d’outre-mer.

Illustration bannière : Plusieurs rivières françaises sont polluées par des insecticides, des détergents, des herbicides et même des médicaments – © oksmit
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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