La préfecture de l’Oise a présenté un projet d’arrêté missionnant 15 « lieutenants de louveterie » pour abattre un total de 3.000 renards. L’Association pour la protection des animaux sauvages crie au scandale.
Les années passent, mais une chose ne change pas : la préfecture de l’Oise reste convaincue de la nécessité d’abattre des renards sur son territoire. Jusqu’au 23 août 2021, dans le cadre d’une consultation publique, les habitants de l’Oise peuvent s’exprimer au sujet de ce projet d’arrêté.
Abattage de renards : pour la préfecture, il est nécessaire de protéger les populations de gibier
Après l’annulation en 2019 par la Cour administrative d’appel de Douai d’un arrêté missionnant les chasseurs à abattre des renards, puis la publication de huit autres arrêtés, tous retirés sous la pression des associations, la préfecture de l’Oise lance une consultation publique sur le projet d’un nouvel arrêté de même nature. Cette fois-ci, il s’agit de missionner 15 « lieutenants de louveterie » pour abattre un total de 3.000 renards dans le département de l’Oise.
Dans la note de présentation du projet d’arrêté en ce sens, la préfecture explique que le département de l’Oise est en proie à une chute des populations de faisans et perdrix grises et que 70 % de ces morts seraient le fait de prédation de la part des renards. « Par ailleurs, le renard reste un important prédateur dans les poulaillers ainsi que sur une grande partie du petit gibier (lièvres, lapins, faisans, perdrix, canards colverts et le gibier d’eau). Suite à ce constat, il est nécessaire d’opérer une régulation de l’espèce », peut-on lire dans cette note explicative.
La préfecture affirme par ailleurs que les précédentes régulations ont permis le retour du petit gibier (notamment le faisan commun, la perdrix grise et le lièvre) dans de nombreux territoires au sein du département. « L’équilibre entre les espèces est une nécessité, » clame le représentant de l’État.
Le renard, un animal utile dans un écosystème
Fermement opposée à un tel projet, l’Association pour la protection des animaux sauvages estime que tenter de « réguler » la population de renards n’a pas de sens et ce, pour plusieurs raisons. Comme l’explique l’association, le renard est un animal territorial qui s’autorégule : un territoire libéré sera très vite occupé par un nouvel individu. À moins d’exterminer la totalité de la population, le renard trouvera toujours le moyen d’occuper de nouveau des espaces vacants.
Le renard roux (Vulpes Vulpes) se régule naturellement – © Lukas Gojda
Ensuite, si les chasseurs accusent les renards de voler « leur » petit gibier, les agriculteurs, eux, sont bien contents de bénéficier d’un dératiseur naturel. On estime en effet qu’un seul renard peut chasser jusqu’à 6.000 campagnols par an, ces petits rongeurs susceptibles de détruire récoltes et herbages.
Enfin, le renard joue un rôle sanitaire, fait valoir l’association. Il participe à l’élimination des animaux malades et des cadavres, évitant ainsi la propagation de maladies. Selon une étude, le goupil freine même l’expansion de la borréliose de Lyme en chassant les rongeurs qui transportent les tiques vectrices cette maladie.
Illustration bannière : Le renard roux menacé dans l’Oise – © slowmotiongli