Vers un préservatif parfait ? La science avance…

Les préservatifs ont existé depuis des millénaires. Mais concevoir le préservatif parfait est un objectif qui est loin d’être atteint : sa recherche continue d’occuper les esprits des chercheurs.

Rédigé par Anton Kunin, le 15 May 2021, à 15 h 55 min
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De nouveaux matériaux permettent de créer des préservatifs plus résistants, plus fins, davantage lubrifiés et non-allergènes.

Conception de préservatifs : de multiples critères sont en jeu

Si le premier cas documenté d’utilisation de préservatifs remonte à il y a 5.000 ans (on parle du roi Minos de Crète, dont le sperme était vénéneux, croyaient ces contemporains, vu le décès prématuré de plusieurs de ses maîtresses), les préservatifs en latex que nous connaissons aujourd’hui font partie de notre vie depuis les années 1930.

Au cours des décennies, les exigences conceptuelles n’ont pas évolué : à tout moment, les industriels s’étaient efforcés de concevoir des préservatifs qui couvrent bien le pénis, qui soient suffisamment collants pour ne pas tomber pendant l’acte sexuel (tout en étant suffisamment élastiques pour épouser les formes de pénis différentes), qui soient suffisamment résistants pour ne pas se rompre et dont le matériau soit compatible avec le corps humain, tout en étant suffisamment étanche pour prévenir l’écoulement de sperme.

Mais, preuve que beaucoup reste encore à faire dans ce domaine. Selon une étude américaine, où il a été demandé à 194 hommes de noter 3.765 préservatifs différents (marques, gammes et tailles différentes), seuls 61 % des préservatifs ont eu une note positive, 31 % ont eu une note neutre et 8 % une note négative(1).
Les préservatifs de cette dernière catégorie étaient soit trop amples, soit trop serrés, soit trop courts, soit trop difficiles à mettre. De manière générale, les hommes ayant des pénis de grande taille ont donné aux préservatifs qu’ils ont essayé une note négative, tandis que les préservatifs bien lubrifiés ont globalement recueilli une note positive.

préservatif parfait

Près de 30 milliards de préservatifs sont vendus dans le monde chaque année © UruphongK

La taille du pénis varie en effet grandement d’un homme à l’autre. Selon une étude menée sur 1.661 hommes, la longueur moyenne d’un pénis en érection est de 14,15 cm (le plus petit mesurant 4 cm et le plus long 26 cm)(2). La circonférence moyenne, quant à elle, est de 12,23 cm. D’un homme à l’autre, elle varie de 3 à 19 cm.

Le polyuréthane, un matériau nouveau sur le marché des préservatifs

Preuve supplémentaire que la conception des préservatifs n’est toujours pas parfaite, toutes marques confondues, 2 % d’entre eux se rompent ou coulent. Et le taux d’incidence réel de ces événements est plutôt proche de 10 %, dû à une utilisation incorrecte.
S’y ajoute la réticence de certaines personnes à utiliser les préservatifs, de peur qu’ils diminuent le plaisir sexuel. Cette appréhension est en effet la première raison de non-utilisation des préservatifs, tant parmi les femmes que parmi les hommes et ce, quelle que soit l’orientation sexuelle(3).

Enfin, d’un point de vue réglementaire, les préservatifs sont considérés comme des équipements médicaux, tout comme les pacemakers et les prothèses. À ce titre, telle ou telle conception doit être validée par les autorités de santé, freinant l’innovation et la mise sur le marché rapide de nouveaux produits.

Certaines innovations font tout de même leur chemin jusque dans les rayons. Le polyuréthane, bien qu’approuvé plus tardivement pour utilisation dans les préservatifs que le traditionnel latex, est aujourd’hui un matériau utilisé par certaines marques de niche.

Le polyuréthane constitue une alternative précieuse dans la mesure où certaines personnes sont allergiques au latex. Autre avantage du polyuréthane : à la différence du latex, il ne se dissout pas au contact d’un lubrifiant à base d’huiles.

Concevoir des préservatifs fins, résistants et bien lubrifiés

L’une des sociétés innovant aujourd’hui dans le domaine des préservatifs aujourd’hui est l’Américaine HydroGlyde Coatings. Elle a mis au point un revêtement qui s’auto-lubrifie de manière continue. Celui-ci est activé au contact de l’eau tout simplement.
Cette innovation constitue un progrès dans le sens où le revêtement lubrifiant en silicone, utilisé par la plupart des marques de préservatifs, s’atténue au cours de l’acte sexuel, faisant en sorte que vers la fin de l’acte, la lubrification n’est plus optimale.
HydroGlyde Coatings promet aussi un préservatif plus résistant et non-allergène. Son invention est actuellement en attente d’un brevet.

préservatif parfait

Il est souvent indispensable d’utiliser un lubrifiant en abondance avec les préservatifs © Poomipat

Un autre projet de recherche prometteur est actuellement mené par Nasim Amiralian, ingénieure matériaux à l’Université du Queensland (Australie). Elle a eu l’idée d’incorporer dans le latex des fibres de nanocellulose de spinifex, une herbe très répandue en Australie(4).
Ces prototypes de préservatifs sont aussi fins qu’un cheveu (soit 30 % plus fins que les préservatifs disponibles sur le marché actuellement). Et cela, sans qu’il y ait une perte de résistance.

En effet, les tests que l’équipe de l’Université du Queensland a conduits ont montré que ces préservatifs sont 20 % plus résistants à la pression et sont 40 % plus volumineux lorsqu’ils sont remplis d’eau.

Illustration bannière : Sortez couverts – © Victoria 1
Références :
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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