Faut-il vraiment ouvrir ses fenêtres à n’importe quelle heure pour aérer son logement ? Si la réponse instinctive est « oui », les spécialistes nuancent, voire contredisent cette évidence. À certaines heures, les effets de cette aération pourraient être plus nocifs qu’utiles. Alors, pourquoi 10h et 21h sont-ils pointés du doigt ? Et que disent exactement les recommandations sur les bonnes pratiques d’aération ?
De nombreux foyers pensent bien faire en aérant leur logement régulièrement, parfois plusieurs fois par jour. Pourtant, ces gestes ne sont pas toujours réalisés aux moments les plus opportuns. Le résultat est trompeur, on a l’impression de respirer un air plus frais, alors que la qualité de l’air intérieur peut, en réalité, se détériorer. Ce paradoxe révèle une réalité méconnue : aérer son intérieur ne relève pas du hasard. C’est une action qui doit être pensée en fonction des horaires, des saisons, de l’intensité du trafic environnant et même des épisodes de pollution annoncés.
Aérer oui, mais à bon escient : ce que disent les experts
Aérer un logement n’est pas une lubie de maniaque. C’est une nécessité sanitaire. Sauf qu’un geste aussi basique que l’ouverture des fenêtres, s’il est mal synchronisé, peut empirer la qualité de l’air intérieur. D’après Maison & Travaux, « la pollution contenue dans [l’air intérieur] serait même “5 à 10 fois plus élevée” que dans l’atmosphère de dehors ». Et cette dégradation n’est pas une vue de l’esprit.
Entre les composés organiques volatils (COV) issus des meubles, les produits ménagers, les moisissures dues à l’humidité, et les émissions des véhicules à moteur qui s’infiltrent par les fenêtres, le cocktail devient explosif à certaines heures. Les pics de pollution atmosphérique coïncident souvent avec les plages horaires de 10h à 21h, en particulier en milieu urbain. Autrement dit, si vous ouvrez vos fenêtres durant ces créneaux, vous ne faites qu’inviter les polluants extérieurs à s’installer confortablement chez vous.
Les meilleurs créneaux pour aérer
Le timing d’une bonne aération varie selon les saisons. En été, il est conseillé d’ouvrir ses fenêtres tôt le matin ou tard dans la soirée, soit entre 21h et 10h. Cette fourchette permet d’éviter les pics de chaleur, souvent associés à des concentrations accrues d’ozone et de particules fines. L’hiver, c’est un autre scénario, les polluants s’accumulent plus facilement à cause du chauffage, mais les conditions météorologiques (froid, absence de vent) piègent davantage les émissions nocives dans l’atmosphère.
L’aération est donc préférable entre 8h et 11h, ou après 22h, moment où le trafic automobile s’estompe et où la qualité de l’air s’améliore. Une aération efficace contribue à chasser l’air pollué, à éliminer les odeurs stagnantes, à réduire l’humidité ambiante, à disperser les particules de poussière et à prévenir l’accumulation de monoxyde de carbone. Mais pour cela, encore faut-il choisir le bon moment.

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Un danger invisible, l’air intérieur, ce faux ami
L’air que nous respirons chez nous semble propre, inodore, rassurant. C’est un leurre. L’intérieur des habitations concentre une pollution souvent insoupçonnée : formaldéhyde des colles et vernis, benzène, radon dans certaines régions, sans parler des acariens et spores de moisissures. D’après l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), ces polluants peuvent provoquer irritations, allergies, maux de tête, voire, sur le long terme, des maladies respiratoires chroniques.
Pire encore, certains comportements bien intentionnés, comme laisser les fenêtres ouvertes trop longtemps, aggravent la situation. Le bon geste ? Une aération quotidienne, ciblée, et courte. L’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) recommande entre 5 et 10 minutes d’ouverture par jour, de préférence en créant un courant d’air. Suffisant pour renouveler l’air intérieur, sans laisser le temps aux polluants extérieurs de s’installer durablement.
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