Selon une équipe d’experts américains en nutrition et en médecine, éviter les aliments contenant du gluten sans autre raison qu’imaginer qu’un tel régime entraîne des bénéfices pour la santé, pourrait causer plus de mal que de bien.
Loin de la tendance qui se dessine ces derniers temps, manger sans gluten ne va pas sans risques. Ce régime s’adresse en effet, aux personnes qui souffrent de la maladie coeliaque, une maladie auto-immune déclenchée par une intolérance à cette protéine, et de façon moins stricte, aux personnes sensibles et allergiques.
Manger sans gluten ne fait pas diminuer les risques de maladies cardio-vasculaires
Si la maladie coeliaque fait augmenter le risque de contracter des pathologies cardiovasculaires et qu’il est avéré que supprimer le gluten de l’alimentation des personnes touchées le réduit, s’abstenir d’en consommer quand on est bien portant, ne le fait a contrario pas baisser. C’est ce que vient de montrer une étude d’une équipe composée de 13 chercheurs d’institutions comme Harvard ou l’Université de Columbia à New-York, publiée dans le British Medical Journal, allant même plus loin : opter pour une alimentation sans gluten, lorsqu’on ne souffre ni d’intolérance, ni d’allergies, ni d’une sensibilité à cette protéine, pourrait même augmenter les risques cardio-vasculaires.
Les résultats montrent qu’un régime restreint en gluten ne présente pas de bénéfices, au moins en termes de santé cardio-vasculaire, chez les personnes ne souffrant pas de maladie coeliaque.
Benjamin Lebwohl, Université de Columbia à New-York
Les chercheurs se sont penchés sur un panel de questionnaires alimentaires complétés tous les quatre ans entre 1986 et 2010, par environ 65.000 femmes et 45.000 hommes sans antécédents cardio-vasculaires ou maladie coeliaque diagnostiquée. L’analyse de l’alimentation des sujets et des problèmes cardiovasculaires survenus pendant les 26 années étudiées, a donné la conclusion suivante : il n’apparaît aucun lien probant associant la consommation (estimée) de gluten et l’apparition de pathologies cardiovasculaires. Et ce autant chez les femmes que chez les hommes.
Le sans-gluten ne doit pas répondre à une tendace
Les intolérants au gluten ne peuvent plus manger de blé, de seigle, d’orge, d’épeautre et d’avoine (si celui-ci a été récolté avec du blé, ce qui est souvent le cas). Or, des études ont déjà permis d’établir une corrélation entre la consommation de céréales complètes et la diminution du risque cardio-vasculaire.
Ainsi, se priver des céréales complètes, et donc de gluten, dans le but de réduire le risque cardiovasculaire, présenterait des risques pour la santé des personnes qui n’ont pas besoin de les supprimer.
Les chiffres des ventes de produits sans gluten en France sont sur le Planetoscope
Le régime sans gluten, souvent très contraignant, convient à de très nombreuses personnes de cette maladie auto-immune qu’est l’intolérance au gluten, et ne devrait pas être encouragé dans d’autres circonstances, en tous cas certainement pas dans le but de réduire le risque cardiovasculaire, et encore moins pour suivre une tendance.