C’est une première mondiale : le premier animal OGM destiné à la consommation humaine a été autorisé à la vente.
Frankenfish, un animal OGM dorénavant sur le marché
On lui a donné le surnom de Frankenfish et, comme d’autres animaux mutants, ou animaux OGM, il attend d’être mis sur le marché depuis une vingtaine d’années. Le projet vient des Etats-Unis où l’idée d’un saumon grossissant très vite a fait du chemin. Le saumon AquAdvantage est transgénique : il s’agit d’un saumon atlantique, issu du Massachusetts, auquel on ajoute deux gènes d’un saumon chinook, la plus grosse espèce de saumon du Pacifique. On ajoute également des gènes de loquette d’Amérique, une sorte d’anguille.
La manipulation agit sur la croissance du poisson, qui grossirait deux à quatre fois plus vite que son homologue non modifié génétiquement. L’entreprise de biotechnologie derrière le projet, AquaBounty a quand même avancé un argument qu’elle qualifie d’écologique, à savoir que cela constituerait une « alternative soutenable au saumon d’élevage » et donc réduirait la pression sur les écosystèmes.
Un animal OGM autorisé à la consommation
Saumons en rivière : on est loin des OGM © bikeriderlondon Shutterstock
Depuis le 19 novembre 2015, il est autorisé de vendre ledit poisson sur le marché américain, une première mondiale pour un animal génétiquement modifié. L’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux(1), la FDA, a annoncé cette autorisation(2), déclarant qu’ « après une analyse scientifique exhaustive et rigoureuse », elle considère que le « saumon AquAdvantage est aussi sûr à manger que n’importe quel saumon atlantique non génétiquement modifié ».
Le poisson mutant, qui serait dans les faits disponible d’ici deux ans sur les étals, a pour but d’être consommé directement, sans intermédiaire de production. D’un point de vue nutritif, il n’y aurait selon l’agence américaine, pas de différence.
Des points de vue du bien-être animal et environnemental, les associations s’insurgent, repris par certaines personnes du ministère canadien des Pêches et des Océans. Le saumon OGM souffrirait de problèmes respiratoires et d’une plus grande sensibilité à la bactérie Aeromonas salmonicida. Il y aurait également un risque non négligeable que le poisson s’échappe dans la nature, l’entreprise arguant que les poissons élevés pour la consommation seront tous femelles et stériles. Les poissons sont pour l’instant élevés dans des fermes au Canada et au Panama. D’autres rappellent aussi que les produits contenant des OGM ne sont pas clairement étiquetés dans le pays, ce qui inquiète les associations de consommateurs.
L’entreprise AquaBounty pourrait maintenant demander des autorisations pour d’autres animaux génétiquement modifiés comme des truites, des tilapias et de l’omble arctique. Une raison de plus de rappeler l’importance de lutter contre TAFTA.
Illustration bannière : Un saumon dans une passe migratoire en Norvège © Gertjan Hooijer Shutterstock