Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a présenté aujourd’hui son ambitieux plan climat pour ‘dessiner la France de demain et ‘prendre le leadership dans le changement climatique’. Décryptage.
Mobilité, transition énergétique, réchauffement climatique… Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire du nouveau gouvernement Macron, a dévoilé aujourd’hui jeudi 6 juillet, sa feuille de route afin de « fixer un cap » pour le quinquennat. Un objectif du Plan Climat : faire que la mise en oeuvre de l’Accord de Paris de 2015 soit irréversible. Et pour le nouveau ministre, la France doit prendre « sa part et le leadership dans le changement climatique«
Les annonces phares du plan climat de Nicolas Hulot
Ce plan est une « colonne vertébrale » qui loin d’être figée, va se structurer au fil du temps, afin d’accélérer l’Accord de Paris et même d’aller au-delà, dans le but d’ « améliorer le quotidien des Français« . En gardant toujours à l’esprit qu’il faut contenir le réchauffement climatique afin de ne pas dépasser 2°C de hausse globale de la température.
La France doit prendre sa part mais également aller au-delà de l’Accord de Paris
Nicolas Hulot
La neutralité carbone à l’horizon 2050
Pour réussir le pari de parvenir à la neutralité carbone, c’est-à-dire pour que le niveau des émissions de gaz à effet de serre ne soit pas plus élevé que les émissions capturées par les puits de CO2 (forêts ou autres procédés de captage), le ministre propose d’augmenter de 40 % le prix du carbone (à 140 euros en 2030, selon Le Figaro), mais aussi d’autres substances dont le détail sera donné ultérieurement.
Fin des voitures diesel ou à essence
Toujours dans cette même optique de limiter les émissions, le plan climat prévoit la création d’une prime pour aider les ménages modestes à acquérir des véhicules plus propres. Cette aide devrait concerner les personnes qui remplaceront leur véhicule diesel d’avant 1997 ou essence d’avant 2001.
En 2040, adieu les gaz d’échappement ! – © Paolo Bona
Il annonce la fin des véhicules diesel et essence à l’horizon 2040. Parallèlement, il prévoit d’améliorer les transports en commun comme les réseaux routiers et ferroviaires.
Améliorer l’efficacité énergétique
Quatre milliards du plan d’investissement seront consacrés à la lutte contre la précarité énergétique. Ainsi, le gouvernement va donner à tous les Français en situation de précarité énergétique une prime pour que dans un délai de dix ans, les passoires thermiques, les bâtiments mal isolés et consommant trop d’énergie soient totalement éradiqués. Dans le même temps, la production d’énergie propre sera vivement encouragée.
Le gouvernement prévoit d’oeuvrer pour une taxe européenne sur les transactions financières, une mesure en gestation depuis des années. Le montant, qui pourrait s’élever à 20 milliards d’euros par an, pourrait alors servir à financer la transition énergétique et à aider les pays en développement à s’adapter au changement climatique. Toutefois devant l’opposition de Bercy et l’imminence du Brexit, le président Macron souhaite patienter encore un peu.
Limiter les déchets
Nicolas Hulot veut également diviser par deux des déchets mis en décharge d’ici à 2025. Une aide pourrait également être apportée aux petites entreprises qui veulent faire des économies d’énergie et favorisent l’économie circulaire.
La fin de l’exploitation des énergies fossiles en France
Le plan climat prévoit que d’ici 2022, la France cesse de produire de l’électricité à partir du charbon. Les permis d’exploitation de pétrole, gaz, de charbon, etc., ne seront désormais plus octroyés.
Accélérer le déploiement des énergies renouvelables
Source d’énergie quasi inépuisable et à terme presque gratuite, les renouvelables sont aussi un facteur important pour la paix dans le monde, aux vues des conflits que génèrent les énergies fossiles. Pour l’intérêt général et l’équité entre les pays, l’objectif de la France sera de 32 % d’énergies renouvelables en 2030.
Développer les énergies vertes © Sergey Molchenko
Enfin, pour respecter la Loi sur la transition énergétique et ramener à 50 % la part de l’atome dans la production d’électricité, le ministre estime nécessaire de fermer certains réacteurs.
Soutenir la recherche et l’innovation
Le pays doit renforcer son attractivité dans la lutte contre le réchauffement climatique, afin d’attirer de nouvelles compétences et d’encourager les investisseurs à s’engager dans les énergies vertes. La France sera candidate pour accueillir la séance plénière du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) en 2018.
Adapter l’agriculture
Les états généraux de l’alimentation qui seront lancés dans quelques jours, visent à fixer un cap à l’agriculture, qui est le secteur le plus exposé aux aléas du changement climatique, et à l’agroalimentaire français, afin d’assurer un revenu décent aux agriculteurs ainsi qu’une alimentation de qualité, tout en respectant l’environnement.
Mettre fin à la déforestation
Selon WWF, le rythme de destruction des forêts, quelle qu’en soit la cause, provoque presque 20 % des émissions globales de gaz à effets de serre. Catastrophes naturelles, températures fluctuantes, raréfaction des ressources… La France connait déjà les effets du changement climatique et se doit de participer aux efforts pour contenir la déforestation.
Développer l’aide internationale
Enfin, le plan climat propose de réfléchir à une aide internationale à l’échelle mondiale mais pas seulement au niveau des États, mais aussi en associant les grandes métropoles.
« Le réchauffement climatique fait partie de nos priorités diplomatiques. Il faut bien sur aider les pays en développement. Nous devons arrêter le cynisme. Nous avons une responsabilité. Nous nous sommes engagés à dépenser 5 milliards en ce sens pour permettre aux pays en développement à s’adapter au changement climatique, à s’en prémunir« .
Pour l’instant, les annonces de Nicolas Hulot dans ce plan climat, n’offrent que peu de mesures concrètes, et ces différents chantiers n’ont pas encore tous reçu l’aval de Matignon. Affaire à suivre donc…