Le piégeage d’animaux sauvages dits ‘nuisibles’ continue à être pratiqué via de nombreuses techniques, les humains étant très inventifs en la matière comme nous allons le voir. Mais est-ce que tant de cruauté a encore du sens ? Décryptage.
Jadis, le piégeage des animaux sauvages était un moyen de chasse comme un autre. Aujourd’hui, il est censé être orienté pour la régulation des « nuisibles ». Mais cela a un réel coût pour la faune sauvage…
Pourquoi le piégeage d’animaux sauvages ?
Parce que, dans certains cas, les animaux sauvages sont trop malins pour que l’on arrive à les chasser autrement.
Renard piégé dans un piège à cage © Ihor Hvozdetskyi
Qu’est-ce qu’un nuisible ?
Un « nuisible » est un organisme dont les activités ont un effet négatif sur les activités humaines allant de l’agriculture à la santé publique en passant par la sécurité et autres.
Sur les 19 espèces classées nuisibles (« susceptibles d’occasionner des dégâts »), 16 peuvent être piégées. il s’agit du ragondin, du rat musqué, du chien viverrin, du vison d’Amérique, du raton laveur, de la belette, de la fouine, du putois, de la martre, du renard, du freux, de la corneille noire, de l’étourneau sansonnet, de la pie bavarde, du geai des chênes, et du lapin de garenne.
C’est une vision très anthropomorphique de la nature qui est de plus en plus montrée du doigt pour son incohérence avec les politiques environnementales à mener.
Mais la raison évoquée pour les piégeages rend délicat les débats sur le sujet, quoi que ce n’est pas autant le fait de réguler certaines populations d’animaux qui pose problème, que le fait que les techniques utilisées ne tiennent pas compte ni des dégâts collatéraux (autres espèces tuées), ni des souffrances que ces « moyens de lutte » engendrent.
On piège donc – comme on chasse – des animaux :
- qui dégradent les installations humaines (comme le ragondin)
- qui sont considérés comme des espèces envahissantes et concurrencent les espèces indigènes (comme la tortue de Floride)
- qui peuvent véhiculer des maladies transmissibles à l’humain ou au bétail
Mais aussi pas mal d’animaux dont il est difficile de comprendre pourquoi on les piège (comme le renard par exemple).
À qui la responsabilité du piégeage ?
Si on peut critiquer le fait de piéger ou de chasser des animaux, parfois la responsabilité est aussi partagée.
Si certains piègent des ragondins qui prolifèrent, c’est aussi parce que trop de gens leur donnent à manger sans aucune raison ni cohérence écologique.
Si les tortues de Floride ont envahi bien des milieux préservés et doivent être régulées, c’est aussi parce que trop d’inconscients les ont relâchés dans la nature.
Si des renards sont piégés c’est bien souvent parce que les propriétaires de poulaillers ne les équipent pas correctement.
Les exemples sont aussi nombreux que les responsabilités partagées.
Quelques types de pièges
Passons en revue les différentes façons de piéger un animal sauvage dit nuisible.
Les piégeages à détente
Il existe beaucoup de pièges à détente de types différents. Ce sont des pièges qui sont déclenchés par le passage d’un animal dessus, le plus souvent attiré par de la nourriture quelle qu’elle soit, et qui ont pour objectif de tuer.
Les pièges à mâchoires, interdits en France, sont pourtant encore très utilisées © Constantin Iosif
Les pièges à détente sont effectivement efficaces, quoi que pas dans tous les cas comme pour le rat par exemple, mais ils ont l’incroyable défaut de tuer n’importe quel animal sans distinction. Les utiliser c’est accepter de prendre le risque de tuer d’autres animaux que ceux visés, mais aussi de tuer des animaux d’une mort lente (exemple : un renard mourant de faim, une patte bloquée dans un piège).
Les piégeages par noyade
Le nom parle de lui-même. Désormais très peu utilisé, il en est encore pour en placer dans la nature. Ces pièges immergent leur captif afin de les asphyxier ce qui n’est autre qu’une mort lente, angoissante et tout aussi douloureuse.
Comme pour les pièges à détente, les pièges par noyade ne sélectionnent en rien les animaux attrapés et peuvent donc causer du tort à des espèces qui ont bien d’autres problèmes, comme les loutres par exemple.
Tous ces pièges non sélectifs attrapent donc aussi des animaux d’espèces en danger ou des animaux domestiques.
L’exemple de la Gironde, mis en avant par l’association Animal Cross, dépeint bien la situation à travers les chiffres publiés en 2016 :
- 151 genettes
- 17 buses
- 5 écureuils
- 108 hérissons
- 380 pigeons biset
- 26 poules d’eau
- 11 canards col vert
- 15 merles noirs
- 201 chats
- 23 chiens
Les piégeages à lacet
Ces pièges se déclenchent au passage d’un animal sur une palette qui actionne un câble / filin qui enserre un membre de la bête. L’objectif n’est pas de tuer, mais ce type de piège n’étant pas sélectif non plus, cause surtout une angoisse énorme aux animaux capturés.
Ces derniers peuvent passer des heures ou bien plus selon l’éthique de la personne qui l’a posée, pouvant amener l’animal à se mutiler lui-même pour sa survie.
Les pièges à cages
Ce sont différents types de cages, allant de la petite à la très grande, qui enferment les animaux qui y entrent. Une fois piégés, les animaux attendent des heures voir des jours que le piégeur vienne les tuer.
La peur se lit dans les yeux de ce raton laveur pris au piège © SAJE
Non sélectifs, ces pièges engendrent un stress énormes, notamment dans les cas où les animaux doivent attendre longtemps dedans ou dans ceux où plusieurs animaux se retrouvent piégés en même temps.
Comme souvent dans le domaine de la chasse, la France est malheureusement leader dans le piégeage, puisqu’avec 150.000 piégeurs, c’est le pays européen qui en compte le plus ; avec 50 piégeurs la Bulgarie est le pays en compte le moins(1) !
Illustration bannière : Écureuil pris dans un piège à cage © KellyNelson