Les pesticides, causent-ils des maladies graves ? D’après une nouvelle expertise de l’Inserm, pour une grande partie des substances actives, il existe un lien certain avec des maladies.
Si les chercheurs de l’Inserm ne sont pas eux-mêmes allés sur le terrain, dans le cadre de cette expertise, ils ont analysé 5.300 études scientifiques et autres documents : six pathologies grave dont trois types de cancer (prostate, lymphomes non hodgkiniens, myélomes multiples), maladie de Parkinson, troubles cognitifs et une maladie respiratoire évolutive peuvent être en lien avec l’exposition aux pesticides.
L’exposition des mères en période prénatale à l’origine d’un grand éventail de troubles chez l’enfant
Troubles du développement neuropsychologique et moteur de l’enfant, troubles cognitifs et anxiodépressifs de l’adulte, maladies neurodégénératives, cancers de l’enfant et de l’adulte, troubles respiratoires, pathologies de la thyroïde, endométriose… Les différents pesticides, dont le glyphosate et le chlordécone, jouent un rôle plus ou moins important dans l’apparition de ces maladies.
Dans leur expertise, pour chacune des substances actives et chacune des maladies, les chercheurs de l’Inserm livrent leur présomption de lien, classée forte (++), moyenne (+) ou faible (±). Ces résultats ont ensuite été mis en perspective avec ceux des études toxicologiques, afin d’évaluer la plausibilité biologique de ces liens.
S’agissant de la maladie d’Alzheimer, des troubles anxiodépressifs, de certains cancers (leucémies, système nerveux central, vessie, rein, sarcomes des tissus mous), de l’asthme et des pathologies thyroïdiennes, les chercheurs énoncent une présomption de lien moyenne. Et ce, uniquement chez les professionnels qui manipulent des pesticides.
Selon des études américaines menées dans le milieu des années 90, on remarque une augmentation majeure de malades chez les populations agricoles, confirmée par d’autres études pour la France © David Moreno Hernandez
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Au sujet des leucémies de l’enfant en particulier, les chercheurs pointent l’importance de l’exposition de la mère pendant la grossesse et même de l’exposition professionnelle du père en période préconceptionnelle.
Concernant les leucémies aiguës, même une exposition aux pesticides de jardin (autorisés pour un usage non professionnel) pendant la grossesse de la mère est un facteur de risque, avec un lien qualifié de fort.
Même des pesticides de jardin peuvent être à l’origine de problèmes de santé
S’agissant des tumeurs du système nerveux central (autrement dit, des tumeurs du cerveau), le lien entre l’apparition de cette maladie et l’exposition des parents pendant la période prénatale est même qualifié de fort par les chercheurs.
L’exposition du jeune enfant est elle aussi un facteur important et ce, quelle que soit la famille de pesticides.
Quant aux troubles du développement neuropsychologique et moteur de l’enfant, l’exposition professionnelle ou environnementale des mères pendant la grossesse est en cause.
Pesticides, insecticides, etc. peuvent être sources d’exposition à des polluants chimiques très dangereux pour le développement de l’enfant à naître et des petits enfants qui joueraient à proximité © Virrage Images
L’ensemble des données sur les présomptions de liens entre substances actives et maladies sont disponibles sur le site de l’Inserm. D’ailleurs, une étude publiée en février 2021 rapportait déjà une hausse vertigineuse des intoxications et décès dus aux pesticides.
Quant aux perspectives de la recherche dans ce domaine, les chercheurs de l’Inserm recommandent de se pencher sur les effets indirects de certains pesticides sur la santé humaine par le biais des effets sur les écosystèmes.
Illustration bannière : Les pesticides sont à nouveau pointé du doigt pour les dangers qu’ils font courir à la population – © Piyaset