Des chercheurs français sont parvenus à accomplir une prouesse qui nous rapproche un peu plus de l’économie 100 % circulaire tant rêvée par beaucoup.
La découverte faite par Marc Robert et Julien Bonin laisse présager une fabrication industrielle de méthane, un gaz très utilisé par l’homme.
Le CO2 = 84 % de méthane + 17 % d’hydrogène
Depuis le milieu du 20e siècle, le CO2 (dioxyde de carbone) est devenu l’ennemi public numéro un. Les scientifiques se sont rendus compte que l’industrialisation croissante augmentait les émissions de ce gaz et que son niveau de concentration n’était plus tenable. Pour diminuer sa teneur dans l’atmosphère, il est d’ores et déjà possible de transformer le CO2 en forme solide, mais ce sont là aussi des déchets dont notre planète n’a nullement besoin.
La découverte faite par Marc Robert et Julien Bonin, deux chercheurs français de l’Université Paris Diderot, pourrait enfin donner une lueur d’espoir pour non seulement diminuer la présence de CO2 dans l’atmosphère, mais aussi pour en faire un autre gaz qui pourrait être utilisé en tant que carburant.
Le procédé consiste à faire entrer en contact, à température ambiante et sous la lumière naturelle, le CO2 et un catalyseur à base de fer. Une fois ces éléments réunis, la réaction chimique se déclenche : le dioxyde de carbone se transforme en méthane (84 %) et en hydrogène (17 %).
Le méthane a de nombreuses utilisations possibles
À la différence du CO2, le méthane a de nombreuses applications dans l’industrie. Il est utilisé pour assécher et aseptiser, et est largement utilisé dans l’industrie pharmaceutique. Chauffé à une grande température, il se décompose et libère de l’hydrogène, utilisé à son tour dans la fabrication d’explosifs et d’engrais. Le méthane peut également se transformer en méthanol (qui sert de base à des adhésifs, des solvants et au liquide lave-vitres) et en chlorométhane (un solvant et réfrigérant). Le méthane peut enfin servir de combustible, mais cette utilisation est vouée à diminuer.
Dans la nature, le méthane est produit notamment lors de processus de décomposition dans les marécages et par le bétail. Mais son emmagasinement est un processus compliqué, d’autant plus que sa durée de vie dans l’atmosphère est courte.
Une découverte soufflée par la nature
Comme l’expliquent Marc Robert et Julien Bonin dans leur article dans la revue Nature, ils doivent leur découverte à la nature. La transformation de CO2 en méthane est un processus qui se passe depuis des millénaires dans les marécages, mais toujours est-il qu’il faut une quantité phénoménale de plantes et une longue activité géologique pour que cette réaction chimique ait lieu dans des conditions naturelles. S’inspirant de la nature, les deux chercheurs sont donc parvenus à accélérer ce processus.
L’utilité de leur découverte est d’autant plus grande que les deux éléments requis pour cette réaction chimique (la lumière naturelle et le fer) sont abondants dans la nature.
Illustration bannière : Les vaches produisent aussi du méthane – © Rudmer Zwerver