Le logo nutritionnel Nutri-Score, qui nous guide vers les produits alimentaires les plus vertueux pour notre santé, s’avère une catastrophe pour les produits régionaux et traditionnels, alerte l’Institut Régional de la Qualité Agroalimentaire dans la région Occitanie (IRQUALIM).
Pour l’IRQUALIM, apposer le Nutri-Score sur les produits fabriqués selon des recettes traditionnelles reviendrait à faire du « marketing punitif ».
Nutri-Score : les produits régionaux reçoivent toujours les notes C, D ou E
Renseigner les consommateurs de manière objective sur la valeur nutritionnelle des produits alimentaires pour les guider vers les produits les plus vertueux, telle est la raison d’être du logo nutritionnel Nutri-Score, recommandé depuis octobre 2017 par les pouvoirs publics français (mais toujours non-obligatoire). Un dispositif élaboré avec les meilleures intentions, censé permettre à nos concitoyens de savoir quels produits il vaudrait mieux éviter… Mais il se trouve que le Nutri-Score est une arme à double tranchant dans la mesure où les produits régionaux, élaborés selon des recettes traditionnelles, sont systématiquement notés C, D ou E, soit les plus mauvaises notes.
« Quel produit choisir entre un soda light, classé B car sans sucre mais avec des édulcorants et un jus de pommes bio fermier, non transformé, classé C ? Entre un fromage à tartiner allégé, classé B, et un Rocamadour, un Roquefort ou un Pélardon classés D ou E mais garants d’une recette traditionnelle ? Entre un rôti de porc cuit (-25 % de sel) classé B et une tranche de Jambon Noir de Bigorre AOP classé D ou E ? », s’inquiètent Jean-Louis Cazaubon, le président de l’Institut Régional de la Qualité Agroalimentaire (IRQUALIM) dans la région Occitanie, et Jacques Gravegeal, son vice-président.
Une recette traditionnelle n’est pas un gage de faible teneur en sel ou matière grasse
Recette traditionnelle ne veut pas dire moins sucrée et moins grasse – © Rawpixel
Il est vrai que l’immense majorité des produits traditionnels ont une teneur élevée en sel, sucre et matière grasse. Et, étant un dispositif de notation objectif, le Nutri-Score rend bien compte de cette réalité. Toujours est-il que ces produits font partie de notre patrimoine gastronomique. Au sein de l’IRQUALIM, on craint donc que les consommateurs s’en détournent au profit de denrées industrielles dont la recette a peut-être été transformée pour que ces produits soient mieux notés.
L’IRQUALIM juge donc le Nutri-Score « inadapté aux produits locaux et traditionnels, naturellement peu transformés ». L’institut plaide pour que les produits porteurs de signes officiels de qualité ou d’origine (AOC/AOP, IGP, Bio, Label Rouge…) soient exemptés de l’obligation d’exhiber le Nutri-Score. Jean-Louis Cazaubon et Jacques Gravegeal viennent d’adresser une lettre commune à l’ensemble des députés d’Occitanie afin d’attirer leur attention sur ce problème.
Illustration bannière : Produits régionaux et Nutri-Score – © RossHelen