Aquarium Nausicaá : 28 requins-marteaux morts et une addition salée

À Boulogne-sur-Mer, difficile d’échapper à l’attraction exercée par le plus grand aquarium d’Europe : Nausicaá. Mais le lieu fait tristement parler de lui ces derniers temps, à cause de la mort de vingt-huit requins-marteaux.

Rédigé par Maylis Choné, le 20 Jan 2019, à 10 h 10 min
Aquarium Nausicaá : 28 requins-marteaux morts et une addition salée
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Décidément, les requins-marteaux ne se plaisent pas à Nausicaá, Centre national de la mer, grand et prestigieux aquarium de Boulogne-sur-Mer. En cause, la mort de vingt-huit d’entre eux.

2011 : l’aquarium Nausicaá se lance dans l’élevage de requins-marteaux

Pour savoir ce qu’il s’est passé dans le célèbre aquarium Nausicaá qui attire tant de touristes chaque année à Boulogne-sur-Mer, il faut remonter un peu le temps, jusqu’en 2011. À cette date, la direction achète vingt requins-marteaux dans l’espoir d’en faire sa tête d’affiche, sa star. L’opération, qui comprend la capture des animaux et leur transport jusqu’à l’aquarium, coûte 652.750 euros.

20 requins-marteaux acquis en 2011 © Janos Rautonen

Cela sans compter le prix de construction du hangar qui servira à l’acclimatation des animaux, à Garromanche, tout près de Boulogne-sur-Mer : 2,4 millions d’euros. Si d’autres animaux en ont profité, la structure n’aurait probablement jamais été construite sans l’arrivée des requins. Mais voilà, la tentative se solde par un échec : un seul animal survit quelques mois après leur arrivée, les autres s’étant majoritairement entre-tués.

Nouvelle tentative en 2018

Mais la direction ne se décourage pas et veut alors renouveler l’expérience en faisant venir encore dix bébés requins-marteaux en 2018. De nouveau, Nausicaá paye environ 33.000 euros par animal. Imprudence ? Caprice ? On ne saurait dire, mais une nouvelle fois, au bout de quelques temps, les requins meurent, à l’exception d’un seul individu.

Nausicaá explique ce fort taux de mortalité par la sélection naturelle et la prédation. « Dans la nature, c’est un requin-marteau qui survit sur 200 ! », a rappelé Philippe Vallette, le directeur général de Nausicaá.

Quand on fait le compte, on arrive à 3,3 millions d’euros dépensés pour… deux requins-marteaux toujours en vie aujourd’hui, un adulte et un juvénile… Aux dernières nouvelles, la direction ne souhaiterait pas renouveler l’expérience. « Venez approcher les seigneurs de la mer ! Embarquez pour un voyage au large à la rencontre des grands prédateurs marins » promet le portail de Nausicaá : heureusement qu’il reste le requin taureau et le requin nourrice pour sauver la mise !

Du côté des raies manta, même combat

Une des deux raies manta n’a pas survécu © studiosmart

La malédiction ne semble pas toucher que les requins-marteaux : depuis le mois d’octobre, l’aquarium comptait deux individus, un mâle et une femelle, raies manta. Cette dernière a été acquise à grands frais. Si l’on omet le prix du transport, il faut compter 250.000 euros pour une raie en provenance du large de la Floride.

Contrairement à ses collègues du bassin des requins-marteaux, les raies manta n’ont pas eu besoin d’une structure spéciale pour leur acclimatation. Cependant, la belle somme mise en jeu s’envole une fois encore, puisque la femelle est morte à peine un mois après son arrivée, des suites d’une infection intestinale.

S’il est évident que certains programmes de conservations des espèces en danger grâce aux zoos donnent des résultats plus probants, ils ne semblent pouvoir s’appliquer à toutes… Alors plutôt que de vouloir voir quelques requins-marteaux derrière la vitre d’un aquarium, laissons-les « vivre cachés » dans les océans tropicaux (qu’il est urgent de protéger) !

Illustration bannière : 28 requins-marteaux morts à Nausicaá – © HakBak
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1 commentaire Donnez votre avis
  1. Mais quand va t’on enfin fermer ces camps de concentration d’animaux marins ???
    Si le public n’était pas autant complice il y a longtemps qu’on n »‘en parlerait plus !!!

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