Les locaux sont anonymes, comme tant d’autres dans le quartier des affaires européennes à Bruxelles, mais le logo est bien là, à l’entrée. Aucune sécurité particulière à l’accueil : avec mon look de baroudeur mal rasé, tout sauf corporate, je m’attends à ce qu’on me demande une pièce d’identité à l’accueil. On le fait bien dans d’autres bureaux bruxellois. Sans autre formalité, on m’indique le 5ème étage et je rencontre dans son bureau Brandon Mitchener, Directeur des communications pour l’Europe et le Moyen Orient de Monsanto pour une heure de discussion à bâton rompu.
Monsanto défraie la chronique, irrite, inquiète. Symbole entre tous de la multinationale libérale accusée de breveter le vivant, d’enfermer les producteurs de pays riches comme pauvres dans une relation de dépendance, et de nous vendre des OGMs et des pesticides dont on ne veut pas. consoGlobe, le site du « consommer mieux, vivre mieux », du bio, du local, du naturel et du fait maison ne pouvait pas ne pas aller à la rencontre de la firme agricole internationale, leader mondial de l’agrochimie. consoGlobe a publié à de nombreuses reprises sur les controverses liées à Monsanto. L’interview commence par un préambule virulent contre les ONGs de Brandon Mitchener, qui promet d’en dire plus dans l’interview. Accrochez vos ceintures…
consoGlobe – On parle beaucoup de Monsanto, mais on vous lit peu dans les médias. Est-ce que vous êtes interviewés ou c’est le fruit de votre politique ?
Brandon Mitchener – Nous essayons de corriger cela et nous cultivons les relations avec les journalistes, mais nous sommes régulièrement déçus par les journalistes, en particulier les journalistes français, qui écrivent des articles sans essayer de nous contacter. Par exemple la semaine passée, après la marche mondiale du 23 mai, et le procès de Bordeaux(1), l’AFP a prétendu nous avoir contactés, mais nous n’avons pas connaissance de tentative de contact. Après leur dépêche, nous leur avons envoyé notre communiqué, mais ils n’ont pas pris la peine de le mentionner.
Les « engagements » qui accueillent les visiteurs à l’entrée des bureaux de Monsanto : dialogue, transparence, respect, partage, bénéfices.
consoGlobe – Comment interprétez-vous ce que vous percevez comment étant un manque d’intérêt des journalistes ?
BM – Une interprétation charitable, c’est que les journalistes ne sont pas très soucieux d’entendre les deux versions de l’histoire. Une autre interprétation c’est qu’ils ne veulent pas partager les deux points de vue. Je remarque que moins de 5 % des citoyens européens choisissent d’acheter des produits bio. La plupart disent qu’ils ne veulent pas de pesticides ni d’OGMs dans leur assiette, et la manière de les éviter c’est d’acheter bio, mais dans la vie quotidienne, ils n’achètent pas bio.
consoGlobe – Vous êtes la bête noire des consommateurs éveillés en France, et l’objet d’une attention médiatique très forte et largement négative. Les manifestations du 23 mai contre Monsanto ont montré une mobilisation particulièrement forte en France : la France est-elle un marché difficile pour vous et cela affecte-t-il vos résultats ?
BM – Nos affaires sont florissantes en France ! Nous sommes leaders sur le marché des semences de maïs, de colza, de diverses sortes de légumes… Mais nos clients ne sont pas les consommateurs finaux, ce sont les fermiers, avec lesquels nous faisons de bonnes affaires malgré le harcèlement que nous subissons des médias. Avec le consommateur normal, nous ne ressentons pas d’impact immédiat des médias, parce qu’ils n’achètent pas directement des produits Monsanto. Ils ne savent pas quelles graines ont été utilisées pour produire, par exemple, le maïs qu’ils achètent.
Tout le monde pense que Monsanto est une société exclusivement d’OGMs. Nous n’en vendons pas en France. En Europe, les graines génétiquement modifiées représentent moins de 0,5 % de nos ventes. Et encore, elles ne sont vendues qu’en Espagne et au Portugal, où les fermiers les achètent volontiers et les ventes augmentent chaque année.
Nos affaires sont florissantes en France ! Nous sommes leaders sur le marché des semences de maïs, de colza, de diverses sortes de légumes…
Champ de Colza
Illustration bannière : Vallée de la Mort – © Galyna Andrushko Shutterstock
Références :
- Procès de l’agriculteur charentais Paul François, qui accuse Monsanto d’être responsable de son intoxication aux pesticides. (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Communiqué de l’Agence européenne de sécurité des aliments « Plus de 97 % des aliments contiennent des résidus de pesticides dans les limites légales » 12 mars 2015 (Cliquez sur cette source pour remonter)
- http://www.gmoseralini.org/fr/ (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Procès de l'agriculteur charentais Paul François, qui accuse Monsanto d'être responsable de son intoxication aux pesticides. (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Communiqué de l'Agence européenne de sécurité des aliments « Plus de 97 % des aliments contiennent des résidus de pesticides dans les limites légales » 12 mars 2015 (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Procès de l’agriculteur charentais Paul François, qui accuse Monsanto d’être responsable de son intoxication aux pesticides. (Cliquez sur cette source pour remonter)
- Communiqué de l’Agence européenne de sécurité des aliments « Plus de 97 % des aliments contiennent des résidus de pesticides dans les limites légales » 12 mars 2015 (Cliquez sur cette source pour remonter)