La présence de microplastiques a été repérée jusque dans le bulbe olfactif du cerveau humain, apprend-on d’une étude dirigée par le Dr Luís Fernando Amato-Lourenço, publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) à la mi-septembre 2024.
Cette étude met en lumière un nouveau chemin potentiel pour l’infiltration des microplastiques dans le cerveau humain, soulignant la nécessité de mener des études plus approfondies sur leurs effets neurotoxiques.
Le polypropylène, le matériau le plus retrouvé dans le bulbe olfactif
Les microplastiques sont de minuscules fragments de plastique, mesurant moins de 5 millimètres, qui proviennent de la dégradation de plus grands objets en plastique ou sont directement fabriqués à cette taille (comme dans les cosmétiques). Ils sont omniprésents dans l’environnement, se retrouvant dans l’eau, l’air, et les sols. Inhalés ou ingérés. Leur impact sur la santé humaine et les écosystèmes est encore mal compris, mais les études indiquent des risques potentiellement grave.
Ces microplastiques sont donc bien présents dans le corps humain. Ils ont déjà été trouvés dans les poumons, dans les excréments et même dans le placenta et le foetus. Et cette longue série continue. Voilà qu’une étude atteste d’une nouvelle localisation : le bulbe olfactif du cerveau, cet organe qui relie les neurones olfactifs du nez au cerveau. Pour s’en rendre compte, l’équipe du Dr Luís Fernando Amato-Lourenço, de l’Institut de biologie de l’Université libre de Berlin et du Département de pathologie de l’École de médecine de São Paulo (Université de São Paulo), a réalisé 15 autopsies sur des corps de personnes âgées de 33 à 100 ans au moment de leur mort.
Résultat : les microplastiques ont été retrouvés, sous forme de particules et de fibres, dans les échantillons issus de 8 de ces 15 corps. Les particules mesuraient entre 5,5 et 26,4 μm, tandis que les fibres avaient une longueur moyenne de 21,4 μm. Pour connaître la composition chimique de ces microplastiques, l’équipe a utilisé une technique de spectroscopie infrarouge. L’analyse a révélé que le polypropylène était le polymère dominant, avec une présence dans 43,8 % des échantillons. (Le polypropylène est souvent utilisé dans les emballages et les textiles.)
Même la barrière hémato-encéphalique ne protège pas de la pénétration des microplastiques
Les résultats de cette étude sont particulièrement préoccupants en raison des liens potentiels entre l’exposition aux microplastiques et les maladies neurodégénératives, telles que la maladie de Parkinson et la démence. En effet, la voie olfactive pourrait offrir un accès direct aux microplastiques dans le cerveau, en contournant la barrière hémato-encéphalique qui protège généralement ce dernier des contaminants extérieurs. Des études précédentes sur les particules de carbone noir avaient déjà révélé leur accumulation dans le bulbe olfactif, ce qui renforce l’idée que cette région est particulièrement vulnérable à la pollution de l’air.
Cette étude apporte des preuves supplémentaires de la nécessité de mieux comprendre les impacts des microplastiques sur la santé humaine, en particulier sur le cerveau. L’équipe du Dr Amato-Lourenço souligne que des technologies non invasives, telles que l’IRM, pourraient permettre de mieux étudier la présence de ces microparticules dans d’autres organes humains.
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