Pour financer l’hôpital public et le moderniser, le gouvernement pourrait créer un Livret H sur le modèle du Livret A.
Les hôpitaux publics français sont en crise. Matériel obsolète, dettes abyssales, investissements au point mort… La Fédération hospitalière de France (FHF) propose la création d’un Livret H, un produit d’épargne inspiré du Livret A, destiné à financer la modernisation des équipements hospitaliers. L’idée semble séduisante, mais est-elle viable ? Qui paiera réellement la facture ?
Un Livret H pour financer l’hôpital public : une proposition en discussion
Le Livret H, dont la création est défendue par la Fédération hospitalière de France (FHF), serait un produit d’épargne réglementé, inspiré du célèbre Livret A. Son objectif : capter une partie de l’épargne des Français pour la flécher vers le financement des équipements hospitaliers. Ce placement permettrait de lever plusieurs milliards d’euros afin de pallier le sous-financement chronique des hôpitaux.
Selon Cécile Chevance, responsable du pôle finances de la FHF, l’initiative aurait une dimension symbolique forte : ce serait un moyen pour les Français « de contribuer à travers leur épargne à cette modernisation, à l’innovation, à des installations hospitalières publiques », explique-t-elle à France Inter.
Un hôpital exsangue : pourquoi un Livret H ?
Le sous-financement de l’hôpital public ne date pas d’hier. Après les coupes budgétaires successives, la crise du Covid-19 avait déjà mis en lumière l’urgence d’un plan de modernisation. Un financement exceptionnel via le Ségur de la Santé avait alors été débloqué. Mais l’inflation et l’augmentation des coûts de fonctionnement ont anéanti ces efforts. Aujourd’hui, 40 % des établissements hospitaliers ne sont plus en mesure d’investir, ni même de rembourser leurs dettes antérieures. L’idée du Livret H est donc née de ce contexte d’urgence financière. Mais est-ce vraiment la solution miracle tant attendue ?
Si l’épargne des Français devait financer l’hôpital public, encore faudrait-il attirer les investisseurs. Or, un livret d’épargne ne peut fonctionner que s’il propose un taux de rémunération attractif. Pour Philippe Crevel, président du Cercle de l’Épargne : « Si le taux est trop bas, personne n’investira. Mais s’il est trop élevé, il coûtera cher à l’État », analyse-t-il auprès de France Inter
Actuellement, deux scénarios sont sur la table :
- Flécher une partie du Livret A vers l’hôpital, comme cela se fait déjà pour le logement social.
- Créer un nouveau produit d’épargne dédié, avec un taux de rémunération proche du Livret A.
L’idée du Livret H n’est pas isolée. Depuis plusieurs semaines, l’exécutif réfléchit aussi à un Livret D pour financer la défense nationale. De quoi raviver le débat sur l’utilisation de l’épargne des Français pour boucher les trous budgétaires. Mais jusqu’où ira cette logique ? Certains s’interrogent déjà : après l’hôpital et la défense, verra-t-on un Livret Agricole, un Livret Tourisme, un Livret Industrie ?
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