Même si la lecture sur support numérique reste marginale en France, elle grignote peu à peu des parts de marché. Outre le côté pratique du livre dématérialisé, les pro e-books avancent souvent l’argument d’une consommation du livre plus verte. Qu’en est-il réellement ? Le livre électronique est-il plus écolo que son homologue en papier ?
Les matières premières pour fabriquer un livre
Bien que le livre consomme du papier, le lien avec la déforestation serait simpliste : il faut noter que la ressource papier est de mieux en mieux gérée. Mais selon l’Ademe, l’industrie de l’édition engloutit tout de même à elle seule 20 millions d’arbres et 1 page sur 5 provient encore d’une forêt ancienne.
D’après l’Analyse du Cycle de Vie du livre, menée par la maison d’édition Terre Vivante, plus de 70 % des impacts du livre sur l’environnement sont dus à la fabrication du papier et de la pâte à papier. Heureusement, les éditeurs français conscients des catastrophes liées à la déforestation utilisent de plus en plus de fibres de bois issu de forêts gérées (PEFC et FSC)
Avec le livre en papier recyclé, ce sont 40 % d’eau et d’énergie qui sont économisés.
1 tonne de papier recyclé = 17 arbres épargnés
Une feuille de papier peut être recyclée 5 fois mais d’après Terre Vivante, ce n’est pas pour autant que l’usage de papier recyclé n’est pas sans impact sur l’environnement. Ainsi, le recyclage d’un livre nécessite collecte et tri des déchets, brassage des papiers usagés, désencrage etc.
Toutefois, le livre recyclé reste celui qui présente l’empreinte la moins lourde pour l’environnement, car « l’utilisation de papier recyclé permet de moins consommer de bois et de préserver les forêts. Sa fabrication est aussi plus économe en eau et en énergie », selon les conclusions de la maison d’édition.
Quant à son homologue dématérialisé, c’est le poste « matières premières » qui constitue le talon d’Achille du livre numérique : le plastique nécessaire à la fabrication de liseuses n’est pas recyclé, des matériaux chimiques très nocifs sont employés et elles sont équipées de batteries au lithium, véritable poison pour l’environnement.
Selon Sylvain Angerand, de l’association des Amis de la Terre, « Les produits technologiques nécessitent l’extraction de minerais précieux comme le coltan, le lithium ou les terres rares pour accroître la durée de vie des batteries, augmenter leur rapidité ou pousser la miniaturisation à l’extrême. Or l’exploitation minière est une cause majeure de déforestation, et plus généralement de destruction des écosystèmes »(7).
Le New York Times dans son article « How Green is My Ipad » avance que 15 kg de minerais sont nécessaires à la production d’une liseuse numérique contre 300 grammes pour un livre papier (si l’on prend en considération le gravier nécessaire à la construction de routes pour l’acheminement du livre pendant toutes ses étapes de fabrication)(6).
Les produits chimiques
De nombreux produits chimiques entrent dans le processus de fabrication d’un livre papier : colles, agents de résistance, colorants, azurants optiques, antimousses… Et c’est sans parler du blanchiment du papier pour lequel l’utilisation de chlore, extrêmement polluant est nécessaire.
Autre élément des plus polluants dans la conception d’un ouvrage papier, l’encre. Cependant, des avancées technologiques permettent d’imprimer les livres avec des encres végétales, élaborées à partir de colza ou de soja. Par contre, seule la bonne foi de l’éditeur permet de s’assurer que ces encres végétales ne sont pas élaborées à partir d’huile de palme, ni ne contiennent d’OGM.
La plupart des imprimeurs continuent à opter pour l’impression standard, pour des questions de coût évidemment.